Hippotese, Le cheval de Travail

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samedi 16 mars 2024

Mesure d'efforts et temps de récupération en buttage de poireaux au cheval (La Kassine améliorée aux potagers de Gaia) Partie 3

Suite des précédents billets (ici et ) sur la recherche d'une méthode non invasive de mesure d'efforts et temps de récupération chez un équidé en situation réelle de travail.

Voici un petit récapitulatif des données observées/calculées à partir de notre observation non-invasive...

Longueur de ligne moyenne : 78 m
Vitesse de travail moyenne: 1,06 m/s (3,81 km/h)
Temps de travail total (pour cette intervention) : 57 mn et 10 s
Réparti ainsi :
Effort inférieur à 6 kgf (0 - 6 kgf), pendant 35 mn, 62 % du temps total
Effort de 6 à 44 kgf, pendant 8 mn, 14 % du temps total
Effort supérieur à 45 kgf, pendant 14 mn, soit 24 % du temps total
Nota 01 : Une donnée toutes les 0,1865 s, 11368 données inférieur à 6 kgf, soit 2120 s ou 35 mn/57 mn (62%), 2654 données entre 6 et 44 kgf, soit 495 s ou, 8 mn/57 mn (14%), 4368 données supérieur à 45 kgf, soit 815 s ou 14 mn/57 mn (24%).

Plage d'effort quand l'outil travaille : de 45 kgf à 150 kgf
Effort moyen quand l'outil travaille : 97 kgf soit 97 x 9,81 = 951,57 N (1 kgf = 9,81 Newton)
70 % des valeurs présentes sont comprises entre 78 kgf à 116 kgf (Moins un écart-type, plus un écart-type).

Angle de traction par rapport au déplacement du cheval : 12,9 °, soit un cos(12,9) = 0.9747
Nota 02 : On peut remarquer aussi que l'angle de traction est faible (12,9°) par rapport à l'angle théorique (15°), sur la photo de profil en traction, l'angle d'inclinaison du collier sur l'épaule, semble un peu trop vertical. Épaule très verticale sur ce cheval ? collier trop serré en haut ? position des crochets trop basse? ... A vérifier...

Puissance moyenne nécessaire pour que l'outil travaille :
La Puissance (en watt) = Force (en Newton) x cos α x Vitesse (en mètre/seconde)
P = 951,57 x 0.975 x 1,06 = 983,5 W

Pour rappel, voici une diapo sur l'Énergie.

L'énergie totale fournie par le cheval pendant le temps ou l'outil travaille effectivement est égale à E = P x t

Soit E = 983,5 w x 815 s = 801552 Joules,
comme 1Wh = 3600 J
on a E = 801552/3600 = 223 Wh (Watt-heure, Wh, unité d'énergie souvent utilisée en électricité, plus parlante).

Que l'on pourrait exprimer autrement, pendant sa séance, le cheval à travaillé effectivement 815 s (soit 815/3600 = 0,226 h) à une puissance de 983,5 W.
Il a donc fourni 983,5 x 0,226 = 223 Wh (pendant que l'outil est en terre).

Nota 03 : On ne considère ici que l'énergie nécessaire à la traction de l'outil, sans prendre en compte l'énergie que le cheval dépense pour se mouvoir lui-même.

Que peut-on conclure à partir des données recueillies :

Quand l'outil travaille, l'effort moyen peut être qualifié d'important (97 kgf), ce qui se confirme dans la valeur de la puissance nécessaire (983 W) qui est supérieure à un cheval vapeur (735,5 W). Par contre, le temps de travail effectif de l'outil pendant la séance reste faible (24 % du temps total) soit une durée totale de 14 mn.

L'énergie fournie par le cheval pour le travail effectif est de 223 Wh.
Pour l'instant, nous n'avons pas beaucoup de données de comparaison.

On remarque simplement que la mesure de la durée et la répartition des temps de travail avec des efforts effectifs/légers/faibles sont des données qu'il faut absolument prendre en compte dans une observation globale de l'énergie demandée au cheval dans sa séance/journée/semaine de travail.

La mesure de la durée des efforts :

En effet, on ne peut pas se contenter de mesurer seulement les valeurs des efforts effectifs, on doit aussi prendre en compte leur durée.
Avec un effort moyen et une vitesse de travail identique en labour par exemple, mais des temps en effort effectif beaucoup plus longs, nous n'aurions pas du tout les même impacts sur la fatigue. L'énergie demandée étant beaucoup plus forte.

La répartition des temps de travail :

De plus, si l'on veut aussi prendre en compte la récupération après l'effort et la santé sur le long terme de l'animal, on doit aussi étudier la répartition des plages d'efforts importants/légers/faibles pendant une séance.
Cette prise en compte peut être globale si la séquence est courte comme ici et doit être plus précise si l'effort est intense (débardage par exemple) ou continu (labour) par exemple, et/ou si ces efforts se reproduisent plusieurs fois sur une période plus longue (journée/semaine...).


Le matériel minimum nécessaire pour mettre en œuvre la méthode d'observation non-invasive : un appareil photo et un DataPalo.

Que peut-on conclure à propos de la méthode d'observation proposée.

On peut tout d'abord rappeler pour mémoire les principes de la méthode :

1) Dans une situation réelle de travail, mesure continue des efforts (nuls, faibles ou forts) pendant tout la durée de la séance (1 heure, 1/2 journée, 1 journée, un chantier...).
2) Filmage continu de la séquence ou au moins de l'ensemble des différentes phases (harnachement, mise en place, réglage de l'outil, travail sur plusieurs lignes, arrêts, demi-tour, pauses, retour, désharnachement...)
3) prise de Photos/film latérales au travail (pour l'angle de traction).
4) Mesure longueur parcelle/ligne/traîne... Mesure nombre de lignes/surface... Mesure longueur parcourue et vitesse de travail...(on pourra utilement utiliser une photo aérienne de la parcelle et/ou une trace GPS avec un smartphone embarqué sur le cheval et/ou un odomètre/tachymètre).

En option :
5) Si cela est souhaité, retour oral chaque seconde des valeurs moyennes au meneur pour information.
6) Mesure fréquence cardiaque (du cheval et du meneur).
7) Mesure hauteur garrot et tour de poitrail pour vérification des formules de calcul de la capacité d'effort potentiel théorique (nous aurons l'occasion de discuter des ces formules une autre fois)
8) S'informer du poids du cheval, s'il est connu. Voir peser le cheval si c'est possible.

En conclusion :

La méthode d'observation proposée, la moins invasive possible, permet quand même de relever un certains nombres de données chiffrées tout en n'interférant que modérément avec le travail du couple cheval/meneur.

Elle peut donc être plus facilement mise en place, mieux acceptée par les intervenants, voir se dérouler sur un temps long (typiquement sur une semaine, la durée d'un chantier, voir même une saison) pour permettre des observations sur l'énergie demandée, la fatigue et la récupération sur le temps long.

Le recueil de nombreuses données dans des situations de travail différentes, par cette méthode d'observation simplifiée, permettra à terme de tirer des enseignements sur l'énergie que l'on peut attendre d'un cheval de travail sur un temps long, en respectant son intégrité et sa santé. Ces données pourront servir de base de réflexion pour les notions de bien-traitance.

dimanche 4 février 2024

Mesure d'efforts et temps de récupération en buttage de poireaux au cheval (La Kassine améliorée aux potagers de Gaia) Partie 2

Suite du précédent billet sur la recherche d'une méthode non invasive de mesure d'efforts et temps de récupération chez un équidé en situation réelle de travail.

Nous en étions resté au calcul de la puissance instantanée demandée au cheval :

La Puissance (en watt) = Force (en Newton) x Vitesse (en mètre/seconde)

NB1 : on aurait aussi pu écrire que la puissance P (watt) = Travail (joule ou newton.mètre) / Temps (en seconde) car le Travail est le déplacement d'une force (N) x une distance (m)

NB2 : Quand la force n'est pas tout à fait alignée avec le déplacement et forme un angle, on utilise le cosinus de cet angle pour le calcul.

Pour mémoire, je vous redonne les 3 diapos que j'avais réalisé dans une présentation à Avignon en 2018.

Nous avons une vitesse moyenne de 1,06 m/s (voir billet précédent, partie 1)

Nous avons un angle de traction par rapport à l'horizontale de 12,9 °, soit un cos(12,9) = 0.9747 (voir billet précédent).

Mais quelle est la force moyenne développée par le cheval pour ce travail de buttage de poireaux ?

Si l'on regarde la courbe totale des efforts mesurés au DataPalo et mis en forme avec notre application DataGraph pendant l'heure de travail...

On constate, à vue de nez, que l'effort varie de 0 à 140 kgf, avec une tendance moyenne autour de 100 kgf.

Traçons maintenant la courbe de fréquence d'apparition des valeurs d'effort :

Si on regarde la courbe de fréquence d'apparition des valeurs d'effort sur la période, on constate que les valeurs autour de 0 sont très nombreuses, ce nombre baisse ensuite très fortement jusqu'à 45 kgf environ puis la courbe forme une courbe de Gauss.

NB3 : La courbe de Gauss est connue aussi sous le nom de « courbe en cloche » ou encore de « courbe de la loi normale ». Elle permet de représenter graphiquement la distribution d’une série et en particulier la densité de mesures d’une série. Elle se base sur les calculs de l’espérance et de l’écart-type de la série. Pour un échantillon important, il est généralement constatée une courbe en forme de cloche, c’est-à-dire une forte concentration des valeurs autour de la moyenne puis des valeurs de moins en moins nombreuses aux extrémités de la série. (https://www.soft-concept.com/surveymag/definition-fr/definition-courbe-de-gauss.html)

Cette courbe est logique car il y a de nombreux moments où l'outil ne travaille pas :
- 1 temps de déplacement de l'outil jusqu'à la parcelle (et retour),
- 2 temps de retournement en bout de ligne,
- 3 temps de réglage des outils,
- 4 temps de nettoyage des dents,
- 5 arrêt demandé par le meneur pour pose/réflexion/échange/casse-croûte...,
- 6 arrêt non demandé, imposé par le cheval...

Ces données nous renseignent sur les temps de repos/récupération du cheval qui sont très importants et qu'il faut prendre en compte.

On peut considérer :
Qu'un effort de 0 à 5 kgf ne représente aucun travail (pas de mouvement ou seulement un balancement de la chaîne, sans traction),
Qu'un effort de 5 à 45 kgf représente un effort faible avec l'outil relevé (déplacement de l'outil jusqu'à la parcelle, retournement en bout de ligne),
Qu'un effort supérieur à 45 kgf représente la force nécessaire pour réaliser effectivement le travail de buttage.

On peut donc trier par ordre croissant les 18391 valeurs relevées, soit un enregistrement de 10 valeurs toutes les 2s (en fait, toutes les 1,865 s) soit 1 valeur tous le 2 dixièmes de seconde ou 5 données par seconde environ pendant une heure (de 11:06:39 à 12:03:49 soit 57 mn et 10 s ou 3430 s).

On obtient :
-1 11368 valeurs inférieures à 6 kgf -> 61,81 %
-2 2654 sont entre 6 et 44 kgf -> 14,43 %
-3 4368 sont = ou sup à 45 kgf -> 23,75 %

Comme ces données correspondent à des temps, sur l'heure d’activité nous avons en pourcentage du temps passé :

Par contre, on ne peut pas calculer la moyenne de l'effort effectif de buttage à partir de ces données, car cette moyenne serait forcément minorée (avec tous ces moments "sans effort").

On peut alors demander à l'application Datagraph de représenter la courbe de fréquence d'apparition des valeurs d'effort uniquement supérieurs à 45 kgf, on obtient la courbe suivante :

On a donc la moyenne de l'effort "en travail" qui est de :

97 kgf soit 97 x 9,81 = 951,57 N (1 kgf = 9,81 Newton)

NB4 : La plage 78 kgf à 116 kgf (Moins un écart-type, plus un écart-type) correspond presque 70 % des valeurs présentes.

NB5 : L'écart-type est une mesure de la dispersion des valeurs d'un échantillon statistique ou d'une distribution de probabilité (https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cart_type).

Nous avons maintenant les données nécessaires au calcul de la puissance moyenne développée par le cheval quand l'outil travaille effectivement.

A savoir :
La Puissance (en watt) = Force (en Newton) cos α x Vitesse (en mètre/seconde)

soit : P = 951,57 x 0.975 x 1,06 = 983,5 W

NB6 : Un cheval vapeur (ch) = 735,5 W
Le cheval-vapeur est une unité de mesure initialement créée par James Watt, qui souhaitait vendre les machines à vapeur de sa firme à des industriels ou des cultivateurs pour faire fonctionner des ateliers ou des engins agricoles. Ses clients potentiels utilisaient précédemment des attelages de chevaux, en chair et en os, pour effectuer ces travaux, il fallait créer une unité qui soit « parlante » pour que l'éventuel client ait un point de comparaison entre les deux sources d'énergie. James Watt effectua un certain nombre de comparaisons entre les machines de sa fabrication et de véritables chevaux entraînant une lourde roue tournant autour d'un pivot central, comme dans certains types de pressoirs agricoles et ce durant plusieurs heures. ''Même si la puissance maximale développée par un cheval pendant un temps court peut être de dix à presque quinze fois supérieure à un cheval-vapeur, on considère que dans le cadre d'une activité soutenue, une puissance moyenne d'environ 1 ch (0,75 kW) par cheval est effectivement conforme aux conseils agricoles des XIXe et XXe siècles.

Références a télécharger : R. D. Stevenson et Richard J. Wassersug, "Horsepower from a horse", Nature, vol. 364, no 6434,‎ juillet 1993 et E. Collins et A. Caine, "Testing draft horses", cité sur Wikipédia.''

Nous aurons l'occasion de reparler de tout cela dans la troisième partie de ce billet...

mardi 9 janvier 2024

Mesure d'efforts et temps de récupération en buttage de poireaux au cheval (La Kassine améliorée aux potagers de Gaia) Partie 1

Comme promis, voici la Kassine-Gaia en action, en buttage de poireaux (voir précédents billets ici et ici).

Cette vidéo est volontairement assez longue pour que vous preniez la mesure de l'intervention (buttage de poireaux) dans son ensemble...

Elle a, à mon avis une valeur pédagogique et intéressera sans doute particulièrement les personnes en formation.

Mais tout d'abord, la vidéo :

Nous avons filmé cette activité de buttage de poireaux, aux Potagers de Gaïa, à Hermance (Suisse) le 25 septembre 2023, nous en avons profité pour faire des mesures au DataPalo (qui est un Datafficheur à un seul capteur monté sur un palonnier porté (bas-cul) que beaucoup d'entre-nous utilisent à Hippotese).


(Le DataPalo porté est simplement monté à la place du palonnier porté habituel)

Les conditions de l'expérience étaient ici de ne pas trop interférer avec le couple meneur/cheval pendant le travail qui doit se dérouler le plus habituellement possible.

L'échange se limite à la lecture des valeurs moyennes relevées, qui sont communiquées en continu au meneur pour information, s'il le souhaite.

A posteriori, on veut analyser et traiter les données relevées et en tirer un maximum d'informations.

L'objectif est de développer une méthode de relevé de données, la moins "invasive" possible pour être utilisée en situation réelle et qui puisse être mise en œuvre par des non-spécialistes.
Les résultats permettront ainsi de se constituer une banques de données de terrain, libre de droit et gratuite, utilisable par tous.

Résultats :

Observations sur le terrain :
Il s'agit d'une parcelle de maraîchage, plantée de 10 lignes de poireaux, déjà bien développés, à désherber et butter en un seul passage.

Un petit tour sur GéoPortail (on est à 100 m de la frontière française, ligne bleue à droite) permet d'estimer la longueur moyenne des lignes qui est de 78 m (le côté du chemin est en trapèze)
Nb1 : On aurait pu mesurer la longueur des lignes avec un Odomètre, mais nous l'avions oublié.


(Estimation de la longueur de la parcelle avec Géoportail, ici 78 m environ)

Nb2 : Il nous manque la largeur de la parcelle, que nous ne pouvons pas évaluer par photo satellite car celle-ci n'est pas à jour.

Cette longueur de 78 m permet d'évaluer la vitesse de travail (distance /temps).

Observations sur la vidéo :
Dans la vidéo, on choisi un buttage sur une ligne si possible sans arrêt (ou en déduisant les arrêts au chronomètre), on obtient un temps de parcours pour cette ligne. En réitérant l'observation plusieurs fois, on obtient un temps moyen par ligne.

1ère ligne 84 secondes
2ème ligne 90 secondes
3eme ligne 80 secondes
4eme ligne 77 secondes
Soit une moyenne de 83 secondes pour 78 m et donc une vitesse moyenne de 1,06 m/s (3,81 km/h).

Nb3 : nous avons le projet de construire un Odomètre/Tachymètre (électronique) avec enregistreur horodaté (synchronisé avec le DataPalo) qui permettra de mesurer la vitesse et les distances sans soucis.

On profite de la vidéo pour trouver une vue latérale qui nous permet d’estimer l'angle des traits par rapport au sol.

Nb4 : ne pas oublier, quand on filme, de multiplier les angles de vue des vidéos et de faire des cadrages de profil et en "plan large" qui permettent aussi d'analyser la position du cheval à l'effort (et observer la position du collier aussi... petit clin d’œil aux personnes qui ont assisté à la journée "collier" en décembre, compte-rendu à venir...)


(Capture vidéo d'une vue de profil "au travail" pour estimer l'angle de traction)

Un petit tour dans Geogebra en ligne permet de récupérer cet angle...


(Un petit tour dans Geogebra, logiciel libre de géométrie...)

La valeur estimée de l'angle de traction est donc de 12,9 °, soit un cos(12,9) = 0.9747

Nous avons la vitesse et l'angle de traction, il nous reste à estimer les efforts pour avoir une idée de la puissance instantanée développée par ce cheval...

C'est ce que nous verrons dans le prochain billet...

mercredi 11 octobre 2023

Mesure d'efforts au Datafficheur pendant la PferdeStark 2023 avec une grosse charrue mono-soc et une charrue bi-soc (Suite)

Suite du billet précédent sur les mesure d'efforts au Datafficheur avec une charrue mono-soc et une charrue bi-soc...

Je vous avais parlé du développement d'un programme en python (DataGraph Hippotese) qui permet de traiter les données brutes issues du Datafficheur, pour créer un fichier CSV utilisable dans un tableur mais aussi pour tracer automatiquement la courbe d'efforts et maintenant la courbe de fréquence d'apparition d'une valeur d'effort.

Je vous montre les 2 types de graphique que réalise le programme DataGraph-V1-Hippotese pour les 2 charrues vues au précédent billet.

Charrue monosoc :


(Courbe des valeurs des mesures d'efforts au Datafficheur avec la charrue mono-soc White-Horse 715, à partir du programme "DataGraph-V1-Hippotese" en Python)


(Courbe de fréquence d'apparition d'une valeur d'efforts au Datafficheur avec la charrue mono-soc White-Horse 715, à partir du programme "DataGraph-V1-Hippotese" en Python)

On voit bien sur cette seconde courbe que l'on a supprimé les valeurs d'efforts inférieures à 100 kgf (en considérant que dans ces cas, la charrue ne travaille pas).

Il nous reste donc les valeurs supérieures à 100 kgf, on dessine la courbe de fréquence d'apparition de ces valeurs qui a la forme d'une courbe normale (qui est une courbe de gauss particulière).

L'intérêt de cette représentation est que l'on peut calculer facilement la moyenne des efforts (quand la charrue travaille) ici : 739 kgf

On peut aussi calculer l'écart-type (mesure de la dispersion des valeurs d'un échantillon statistique). On sait que les valeurs comprises entre - l'écart-type et + l'écart-type représentent près de 70 % des valeurs de la courbe, ici de 565 à 913 kgf


(Représentation graphique de la fonction de densité d'une loi normale. Chaque bande colorée a la largeur d'un écart-type. Image Wikipédia)

On peut noter que les valeurs comprise entre - 2 x l'écart-type et + 2 x l'écart type englobent 95 % des valeurs... Non représenté sur nos courbes, peut-être à ajouter...

Charrue bi-soc :


(Courbe des valeurs des mesures d'efforts au Datafficheur avec la charrue bi-soc, à partir du programme "DataGraph-V1-Hippotese" en Python)


(Courbe de fréquence d'apparition d'une valeur d'efforts au Datafficheur avec la charrue bi-soc, à partir du programme "DataGraph-V1-Hippotese" en Python)

On voit bien sur cette seconde courbe que l'on a aussi supprimé les valeurs d'efforts inférieures à 100 kgf (en considérant que dans ces cas, la charrue ne travaille pas).

Il nous reste donc les valeurs supérieures à 100 kgf, on dessine la courbe de fréquence d'apparition de ces valeurs qui a la forme d'une courbe normale (qui est une courbe de gauss particulière).

On peut calculer facilement la moyenne des efforts (quand la charrue travaille) ici : 543 kgf (près de 200 kgf de moins que la précédente)

On peut aussi calculer l'écart-type (mesure de la dispersion des valeurs d'un échantillon statistique). On sait que les valeurs comprises entre - l'écart-type et + l'écart-type représentent près de 70 % des valeurs de la courbe, ici de 440 à 647 kgf.

Conclusion :

En conclusion, ces courbes de fréquence d'apparition des valeurs d'efforts et les infos associées nous permettent de caractériser un outil et un terrain dans lequel il est employé.
Elles n'ont cependant de valeur que quand le travail est régulier (en labour, en maraîchage mais sans doute pas en débardage).

A condition que le résultat du travail effectué soit de qualité équivalente, dans un terrain régulier et des conditions climato-pédologiques stables, on peut utiliser ces courbes pour comparer 2 outils.
Nota : Ici le terrain est identique ainsi que les conditions mais pas forcément le résultat du travail (on a pas vérifié la qualité du labour, ni sa largeur, ni sa profondeur) mais cela donne quand même des indications précieuses qui ne sont pas forcément très lisibles sur les courbes d'efforts simples.

Je vous met en téléchargement les 2 courbes de fréquence d'apparition d'une valeur d'efforts (en pdf). Courbe 1 et courbe 2.


Notes pour les spécialistes (de la part des programmeurs qui travaillent sur le programme "DataGraph-V1-Hippotese" en Python) :

Note density :
L'option density dans la fonction hist de matplotlib change l'axe des y de l'histogramme pour afficher une estimation de la densité de probabilité au lieu du nombre de données dans chaque bin.

Lorsque density=True, les valeurs de l'histogramme sont normalisées de telle manière que l'aire sous l'histogramme (c'est-à-dire l'intégrale de la densité de probabilité sur toute la plage de données) est égale à 1.

Cela signifie que chaque barre de l'histogramme n'affiche plus le nombre d'observations dans chaque bin, mais plutôt l'estimation de la densité de probabilité que la valeur aléatoire tombe dans ce bin.

Cela permet de comparer des histogrammes de différents ensembles de données qui peuvent avoir des nombres d'échantillons différents. Il est également utile pour comparer avec une distribution de probabilité théorique ou pour ajuster une courbe à l'histogramme.

Note KDE :
KDE signifie Kernel Density Estimation (Estimation de la densité par noyaux). C'est une technique qui permet d'estimer la fonction de densité de probabilité (PDF) d'une variable aléatoire.
En termes simples, elle permet de lisser un histogramme.

Lorsque vous créez un histogramme pour représenter la distribution de vos données, le nombre de "bins" (c'est-à-dire les barres de l'histogramme) et leur largeur peuvent avoir un impact important sur l'apparence de l'histogramme. Deux personnes peuvent interpréter différemment les données en fonction de la façon dont elles choisissent de "biner" ces données.
C'est un des problèmes majeurs des histogrammes.

L'estimation de densité par noyaux est une technique qui permet de "lisser" un histogramme.
Au lieu de "biner" les données, elle utilise une "fonction de noyau" (d'où le nom "Kernel Density Estimation") pour créer une courbe lisse qui s'adapte aux données.
Cette courbe peut alors être utilisée pour estimer la densité de probabilité à n'importe quel point.

mercredi 4 octobre 2023

Mesure d'efforts au Datafficheur pendant la PferdeStark 2023 avec une grosse charrue monosoc (White-Horse 715) et une charrue bisoc

Au cours des démos de la PferdeStark 2023 (août 2023), nous avons réalisé de (rapides) mesures d'efforts au Datafficheur, en utilisation, sur différents outils dont 2 charrues (une charrue monosoc et une charrue bisoc).

Voici les vidéos et les courbes d'efforts des 2 charrues.

Avertissements : Attention, Il faut remettre en contexte ces mesures indicatives.

Visiblement, les meneurs ne connaissent pas les outils ou ne sont pas habitués à ces modèles.
Il faut préciser que pendant la PferdeStark, des meneurs locaux et leurs chevaux sont à disposition des constructeurs pour les démos.
On leur demande de tirer des outils sur quelques aller-retours sans aucune préparation.
Dans notre cas, nous avons attendu le deuxième aller-retour avec la même charrue pour vous donnez ces indications, c'est à ce moment seulement que les réglages étaient à peu près corrects et le travail régulier.
Enfin, même si le terrain est vraiment facile (une terre de rêve) il avait plu "à verse", la veille.

Mesure d'efforts sur la charrue mono-soc (White-Horse 715) :


(Mesure d'efforts au Datafficheur pendant la PferdStark 2023 avec une charrue mono-soc White-Horse 715, photo D. Fady)


(Courbe des valeurs des mesures d'efforts au Datafficheur avec la charrue mono-soc White-Horse 715, photo D. Fady, à partir du programme "DataGraph-V1-Hippotese" en Python)

(Vidéo des mesures d'efforts au Datafficheur pendant la PferdStark 2023 avec une charrue mono-soc White-Horse 715, vidéo D. Fady)

Pour ceux qui seraient intéressés, je vous ajoute quelques photos de cette charrue mono-soc White-Horse 715 tirées de leur catalogue et le catalogue White-Horse complet que j'ai trouvé sur Internet. Il existe en Allemagne des personnes qui importent ce genre de matériel des États-Unis (Kontakt und Info: reinerwiesotzki(at)gmail.com).


(Charrue mono-soc White-Horse 715, photo White-Horse)


(Charrue mono-soc White-Horse 715, photo White-Horse)


(Charrue mono-soc White-Horse 715, photo White-Horse)


(Charrue mono-soc White-Horse 715, photo White-Horse)

Catalogue White-Horse complet ici

Mesure d'efforts sur la charrue bisoc :


(Mesure d'efforts au Datafficheur pendant la PferdStark 2023 avec une charrue bi-soc de marque inconnue (Pioneer ?) , photo D. Fady)


(Courbe des valeurs des mesures d'efforts au Datafficheur avec la charrue bi-soc, photo D. Fady, à partir du programme "DataGraph-V1-Hippotese" en Python)

(Vidéo des mesures d'efforts au Datafficheur pendant la PferdStark 2023 avec une charrue bi-soc, vidéo D. Fady)

Je vous laisse faire des commentaires sur ces mesures...
Y'a pas de raison que y'ai que moi qui bosse...

lundi 2 octobre 2023

Mesure d'efforts au Datafficheur pendant la PferdStark 2023 avec la sarcleuse Sarchio-SM de Equi-Idea

Au cours des démos de la __PferdeStark__ 2023 (août 2023), nous avons réalisé de (rapides) mesures d'efforts, en utilisation, avec la sarcleuse "Sarchio-SM" de __Equi-Idea__.

Il faut, cependant remettre en contexte ces mesures indicatives.

Visiblement, les meneurs ne connaissent pas l'outil.
Il faut préciser que pendant la PferdeStark, des meneurs locaux et leurs chevaux sont à disposition des constructeurs pour les démos.
On leur demande de tirer des outils sur quelques aller-retours sans aucune préparation.
Dans notre cas, en effet la correction de trajectoire d'une charrue ou d'une bineuse se fait en appuyant (ou inclinant) l'outil du coté opposé, pas en allégeant celui-ci.

Enfin, même si le terrain est vraiment facile (une terre de rêve) il avait plu à verse, la veille.


(Mesure d'efforts au Datafficheur pendant la PferdStark 2023 avec la sarcleuse Sarchio-SM de Equi-Idea, photo D. Fady)

Ces mesures, qui ont été réalisées avec un Datafficheur standard (Master sur le dos du cheval et les 2 capteurs sur les avant-traits) ne sont donc qu'indicatives.

Elles permettent surtout de mettre en relation le film du travail et la courbe produite à partir de ces mesures. Elles permettent de tracer différentes courbes pour réfléchir à la pertinence de ces tracés (et nous faire progresser dans l'écriture du programme "DataGraph-V1-Hippotese" qui permettra à terme de tracer ces courbes de manière automatique)

Il faut préciser que les indications d'efforts de la voix off de la vidéo, sont données en kilogramme-force, (équivalents déca-Newton) chaque seconde.
Ces indications, calculées par le boîtier Master sont des moyennes (chaque seconde) de 10 valeurs de l'effort total, lues par les capteurs (effort total = effort capteur droit + effort capteur gauche).

La première courbe est tracée à partir de ces valeurs moyennes.


(Courbe des valeurs moyennes chaque seconde, des mesures d'efforts au Datafficheur avec la sarcleuse Sarchio-SM de Equi-Idea, photo D. Fady, à partir du tableur de Libre-office)

La seconde courbe, elle, est tracée, non pas avec des moyennes mais avec toutes les valeurs. On a donc une courbe plus hachée et des valeurs plus extrêmes.
Les différences constatées entre les valeurs moyennes de la 1ère courbe (et de la voix-off) et de la seconde courbe sont donc normales.


(Courbe de toutes les valeurs des mesures d'efforts au Datafficheur avec la sarcleuse Sarchio-SM de Equi-Idea, photo D. Fady, à partir du programme "DataGraph-V1-Hippotese" en Python)

Pour rappel, nous estimons qu'un cheval de ce poids, entraîné, peut réaliser un "effort de traction standard" moyen de 70 kgf (effort standard = effort que peut réaliser, en moyenne, un cheval, pendant 6h/jour et 6 jours/semaine et recommencer la semaine suivante).
Ici, on est plutôt sur des moyennes de 90, puis 100 sur l'aller et 110, 120 sur le retour...
Il s'agit d'un effort qu'on peut qualifier de fort sans être excessif, il faudra simplement gérer les temps de travail et les temps de pose.

vendredi 9 juin 2023

Présentation du Datafficheur aux Journées Sciences et Innovations Équines de l'IFCE, les 1 et 2 juin 2023 au Cadre Noir de Saumur

J'ai fait une petite présentation (Atelier-Poster) sur le Datafficheur aux Journées Sciences et Innovations Équines de l'IFCE, les 1 et 2 juin 2023 à Saumur.

J'en ai profité pour présenter la gamme au complet (voir photo) à savoir : Le Datafficheur original avec ses 2 capteurs, le DataPalo traîné, le DataPalo porté et la DataBox avec son récepteur spécial concours de traction...

Pour participer aux JSIE, j'ai du écrire un article de 4 pages et réaliser un poster, assez synthétiques, pour ceux qui ne connaissent pas encore le Datafficheur.

Je vous en fait profiter...

Nota : les 2 pdf de l'article et du poster sont téléchargeables en fin de ce billet et l'article (comme tous les articles des autres interventions des JSIE d'ailleurs) est aussi en libre accès sur le site de l'IFCE (https://mediatheque.ifce.fr/doc_num.php?explnum_id=27293)

L'article :

Le poster :

Les 2 pdf en téléchargement :

__L'article__ et le __poster__

vendredi 16 décembre 2022

Nouveau Datafficheur-Enregistreur, maintenant, il enregistre les données sur carte SD... Partie 2

Suite du billet précédent ici

Nous avons vu dans le billet précédent quelques exemples de l’intérêt du Datafficheur de base (sans enregistreur).
Pour mieux comprendre les capacités du système, voici quelques éclaircissements, sur les caractéristiques du Datafficheur-Enregistreur à double capteurs.

Et pour commencer, le schéma synoptique du système :


(Schéma synoptique du Datafficheur-Enregistreur à double capteurs)

Pour réussir à acquérir 2 x 10 valeurs chaque seconde (calculer les moyennes de chaque capteur, les afficher et les envoyer par radio au récepteur) et en même temps les enregistrer sur une carte SD après avoir récupéré au passage une date et une heure précise (heure, minute, seconde), nous avons dû séparer les différentes fonctions sur 2 microcontrôleurs.


(Vue interne du boîtier Master d'un Datafficheur-Enregistreur à double capteurs)

Le premier microcontrôleur s'occupe de l'acquisition et des calculs, le second de l'enregistrement.
A remarquer, qu'un inverseur (en face avant) permet de multiplier les valeurs acquises par 2 si besoin, par exemple pour mesurer les efforts de 2 chevaux en paire, équipés chacun d'un seul capteur et d'un palonnier (voir par exemple la présentation à Paris au SIA en mars 2022, ici)


(Vue d'ensemble d'un Datafficheur-Enregistreur à double capteurs : le boîtier Master, le Récepteur, les 2 capteurs et les câbles de liaison)

Le petit écran Oled (rouge ici) permet de contrôler la présence de la carte SD, son bon état et le bon déroulement de l'enregistrement et cela en continu.


(Vue flanc gauche d'un Datafficheur-Enregistreur à double capteurs en place sur le cheval (Démo à Gap en avril 2022))


(Vue flanc droit (Démo à Gap en avril 2022))

Nota : On peut noter, sur le schéma synoptique, la possibilité en option de recaler l'horloge à la seconde près, avant de faire les mesures, à l'aide d'un GPS embarqué (qui prend place dans le boîtier Master).


(Option GPS embarqué dans le boîtier Master : mise à jour de l'heure à la seconde prés)

La suite dans un prochain billet...

samedi 10 décembre 2022

Nouveau Datafficheur-Enregistreur, maintenant, il enregistre les données sur carte SD... Partie 1

Pour ceux qui pensent qu'on ne fait plus rien car le blog reste parfois désespérément vide, voici une preuve que ce n'est pas le cas...

A TecnBio, en octobre 2021, nous avons rencontré l'IFCE (ex-Haras pour faire simple) qui nous a commandé 2 nouveaux Datafficheurs (ils en avaient déjà commandé 2 en 2016). Mais la demande était de modèles avec enregistrement des données sur carte SD.

C'est une évolution que certains souhaitaient en interne à Hippotese, pour avoir des données continues, mais que j'hésitais à étudier car il me semblait que ce n'était pas la vocation du Datafficheur "original".

Les 2 Datafficheurs-Enregistreurs demandés ont été étudiés, fabriqués et livrés en novembre 2021 (une prouesse pour nous en seulement 1 mois). Ils sont utilisés depuis et donnent satisfaction.

La question est : Y a-t-il un intérêt à utiliser des Datafficheurs avec enregistrement de données ?

Mais je pense qu'il faut rappeler les faits :

A Hippotese, depuis bientôt 40 ans, la mesure d'effort a toujours été un sujet important pour nous. Nous avons utilisé pendant des années des dynamomètres mécaniques...


(Un de nos premier dynamomètre mécanique 1 Tonne qui nous fut offert par l'ARTAP à sa dissolution.)


(Ici le dynamomètre mécanique 1 tonne à la herse émousseuse)


(Un autre dynamomètre mécanique 500 kg que nous avons malheureusement égaré...) (Si quelqu'un a de ses nouvelles...)

Puis nous avons testé des dynamomètres électroniques, construits lors de projets étudiants en partenariat avec l'École Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Cluny...


(Un des dynamomètre électronique étudié avec l'EMSAM en 2009, malheureusement trop fragile)

Et enfin, grâce à Michel Carrel, nous avons testé des systèmes industriels du commerce (type Ahlborn-Almemo).


(Un dynamomètre Ahlborn-Almemo à liaison par fil du commerce, malheureusement cher et fragile)


(Michel Carrel à la mesure lors d'une journée technique maraîchage...)

Pour des questions d'indépendance technique et d'adaptation à nos conditions d'utilisation, pour des questions de prix aussi et de possibilité d'évolution, nous avons décidé fin 2016, d'étudier la faisabilité d'un système électronique autoconstruit, à base de composants "opensource", facilement accessibles. En l'occurrence, des microcontrôleurs Arduino.
L'idée était aussi de programmer nous même leurs fonctions et d'ainsi avoir un système adapté à nos besoins et évolutif.

C'est ainsi qu'est né le projet Datafficheur.

Le Datafficheur est un système de mesure continue de l'effort d'un équidé (ou bovin) au niveau des traits ou du palonnier qui a (avait) comme objectif premier l'assistance au choix d'un outils tracté ou l'aide à son réglage et la prise de conscience de l'effort demandé dans une situation de traction particulière.

Sa vocation pédagogique (aide à l’apprentissage d'un menage plus respectueux de la bouche de l'animal, diminution des coups de collier au démarrage, prise de conscience des différences d'effort entre les 2 chevaux d'une paire...) est arrivée dans un second temps.

L'étude de la capacité de ressorts amortisseurs de traction à lisser les irrégularités d'effort ou l'aide au choix de parcours (de ramassage d'encombrants, par exemple), sont des sujets (parmi tant d'autres) qui ont naturellement suivis...
Et au fur et à mesure, notre compétence s'améliore et nous avons de plus en plus de projets et de demandes...

L'idée de base du Datafficheur...

L'idée de base du Datafficheur était de renvoyer chaque seconde, directement au meneur, une information sur l'effort demandé pour qu'il puisse tester en direct une correction éventuelle de son action (changer d'outils, relever ou abaisser un soc, durcir ou alléger "sa main", modifier un comportement par un commandement à la voix...).
L'idée n’était pas d'enregistrer des données "scientifiques" pour les analyser sous forme de courbes, hors contexte, devant l'écran d'un ordinateur, plus tard...

Il faut reconnaître aussi que la plupart de nos utilisateurs ne sont pas très enclins à passer trop de temps devant un écran...

Les usages possibles du Datafficheur...

Petit exemple d'utilisation du Datafficheur, pour estimer ce que "coûte", en terme d'effort, un utilisateur assis sur un porte-outils roulant.

Le commentaire de la vidéo :
En 2016, à Sciez, au début des essais avec le Datafficheur, nous avions mesuré ce que "coûte" en effort la présence d'un meneur assis sur un porte-outils (ici un petit porte-outils de fabrication BMichon).
A cette époque, nous mesurions les efforts sur 1 avant-trait et nous affichions la moyenne et le maxi de 10 mesures consécutives sur un afficheur porté par une sorte de sellette sur le dos du cheval.
Les valeurs affichées correspondaient donc au demi-effort (c'est vrai en ligne droite en utilisant un palonnier, plus tard, les valeurs mesurées seront multipliées par 2 pour avoir directement l'effort global).
On voit ici que l'outil à 5 dents avec l'utilisateur assis demande un effort d'environ 160 kgf (160 daN). Ce qui est très important.
Avec l'utilisateur marchant à côté, l'effort est réduit de 40 kgf (soit un quart ici), l'effort global descend donc à 120 kgf (ce qui, à notre avis, reste fort pour un travail continu et demande une gestion correcte des pauses et du temps de travail).

Note pour les puristes : le kgf est une ancienne unité de mesure remplacée au niveau international par le Newton et 1 kgf = 1 daN = 10 N (presque 9,81 N exactement). 1 kgf est l'effort qu'il faut produire pour tenir levée, sans bouger, une masse de 1kg à bout de bras par exemple.

Le Datafficheur "original" mesure donc 10 fois par seconde l'effort fourni, calcule chaque seconde une moyenne de cet effort, extrait de ces 10 mesures, la valeur maximum et affiche (la seconde suivante) ces 2 résultats (Moy et Max). Et c'est tout !

Ces 2 résultats, affichés en gros, sur les premiers modèles sur le dos du cheval ont été ensuite, pour en faciliter la lisibilité, transmis par radio sur un récepteur tenu en main, porté au poignet et/ou fixé sur l'outil.


(l'idée d'un afficheur grand format installé sur le dos du cheval...)


(L'afficheur est visible par le meneur si le soleil n'empêche pas la lecture...)


(L'envoi par radio des valeurs à un récepteur permet une lecture plus facile...)

(Le récepteur peut être porté au poignet sur certains modèles...)

(ou fixé directement sur l'avant train ou l'outil.)

Voici un autre exemple plus récent (2022) de la visualisation (en direct) des efforts "standards" et "importants" que peuvent fournir 2 chevaux à l'aide du Datafficheur qui envoie, par radio, ses valeurs à un récepteur, tenu par le cameraman.

Le commentaire de la vidéo :
En 2022, nous sommes allés mesurer des efforts en paire au cultivateur à l'aide du Datafficheur chez Laurence B.
L'intérêt de ces mesures étaient de caractériser les efforts fournis par une paire de chevaux, en travail de préparation de sol et de lutte contre l'enherbement de parcelles destinées à des céréales.
Le travail est assez régulier et permet de tester différents réglages du cultivateur (profondeur, type de dents, position du point de traction, présence de ressorts amortisseurs...).
Dans ce court extrait, on voit bien la limite de l'effort "standard" (autour de 150 Kgf) et de l'effort "important" (supérieur à 180 kgf) en regardant l'attitude des chevaux.
Ces observations permettent de caractériser la plage de "confort" de cette paire de chevaux, qui sera ensuite un objectif à maintenir dans le choix des réglages de l'outil : ici 140-150 kgf, soit 70 à 75 kgf/cheval
Nota 1 : la variation d'effort correspond au passage de la limite de parcelle, sans doute historiquement moins bien travaillée.
Nota 2 : ici, chaque cheval fait la moitié de l'effort total mesuré.
Nota 3 : il faut tenir compte d'un retard d'environ 2 secondes entre la mesure de l'effort et son retour sur le récepteur.

Suite dans un prochain billet...

jeudi 14 avril 2022

Nouveau Datafficheur-Enregistreur à double capteurs : 1er retour de mesures (SIA Paris 2022)

La présentation de matériel moderne au Salon International de l'Agriculture 2022 (voir billet précédent) (durée : 37mn, ou l'extrait seulement sur le Datafficheur durée : 8 mn, visible ci-dessous) a été l'occasion de tester le dernier (et unique pour l'instant) modèle de Datafficheur-Enregistreur à double capteurs tout frais sorti de notre atelier.

L'intérêt du double capteur est une évidence, "en simple" pour mesurer (et valider) l'influence du palonnier dans l'équilibre de la traction et la bonne répartition de l'effort sur les 2 épaules et "en double" pour suivre la répartition de l'effort global de traction entre les 2 membres de la paire.

Pour la démonstration, nous avions équipé avec le Datafficheur, la paire de traits mulassiers (traits poitevins) des Calèches de Versailles, menée par Baptiste, qui assurent, avec Antoine, pendant tout le Salon de l'Agriculture, le hersage des carrières.

La herse utilisée, d'environ 2,50 m de large est attelée à un avant-train Docker de Bernard Michon. Elle est réglable en appui et peut se montrer assez "tirante".

Cette version du Datafficheur-Enregistreur à double capteurs, permet, comme son nom l'indique d'enregistrer les mesures d'effort réalisées (sur une carte SD) et donc d'étudier à posteriori les efforts sous forme de courbes. Les mesures d'effort se font à 5 Hz (soit 10 mesures par capteurs et enregistrement toutes les 2 secondes).

Les écrans, sur le boîtier "Master" porté par le cheval, permettent de vérifier au montage, le branchement des capteurs, la présence de la carte SD et le lancement correct de l'enregistrement.

Voici un exemple des données brutes récupérées par le Datafficheur et enregistrées sur la carte SD. On voit, pour chaque ligne (toutes les 2 secondes) le numéro d'enregistrement depuis l'allumage du système, la date, l'heure, les 10 valeurs du capteur A et les 10 valeurs du capteur B.

Les données brutes sont ensuite récupérées sur un ordinateur et ouvertes avec un tableur.
Dans le cas présent, les valeurs d'effort sont multipliées par 2 par le Datafficheur pour simuler l'effort réel de chaque cheval, car il n'y a qu'un seul capteur sur chaque épaule gauche.
Voici le premier traitement qui permet de séparer les données de chaque capteur, de calculer les moyennes et les efforts totaux toutes les 2 secondes.

Il suffit, ensuite, de faire tracer les graphiques au tableur pour obtenir de jolies courbes...

Chaque courbe, compte tenu de la quantité de données, ne couvre qu'une minute de travail (les efforts sont continus ici, on peut choisir sa plage un peu au hasard).
Ces courbes permettent d'extraire de nombreuses informations que ne permet pas toujours de percevoir la lecture des moyennes sur le boîtier portable (relié en radio avec le Master).

Je vous laisse les étudier quelques jours et éventuellement les commenter, avant de vous donner, dans un prochain billet, mon analyse personnelle...


Pour rappel, l'extrait de la présentation du Matériel Moderne concernant exclusivement le Datafficheur, ci-dessous :

mercredi 20 février 2019

Compte-rendu d'essais dynamométriques de traction avec la FAUCHEUSE I&J

Suite au billet précédent ici, voici le compte-rendu des essais dynamométriques de traction qui ont été réalisés avec la faucheuse I&J, en configuration d'origine (barre de coupe 2,40 m), par Jean-Louis Cannelle et Hervé Jourdain.

Lieu : Villers-sous-Chalamont (25), parcelle : la vie de Boujailles
Date : 05 juillet 2016.
Objectifs : Faucher un champ de 200 x 49 m (surface = 9800 m2, soit environ un hectare), à l’aide d’un faucheuse I&J, équipée d’une barre de coupe de 2,4 m (d'origine) entraînée par les roues, et tirée par 2 chevaux.

Rappel : l'unité internationale étant le Newton, 1 kgf = 9,81 N soit environ 1 kgf = 10 N = 1 daN
Pour des raisons pratiques, tous les résultats sont donnés en kgf.


Réglisse et Tetram lors des essais de la faucheuse I&J, Villers sous Chalamont, 5 juillet 2016, 8h00

Conditions d'essais :
Pour réaliser ces essais, nous avons balisé 4 parcours de 20 m, dans un champ présentant du plat, des montées et une descente. Pour chaque mesure, un top est donné devant les repères et permet la mise en route et l’arrêt de l’appareil de mesure. Le temps pour parcourir les 20 m est chronométré, il est également donné par la mesure, puisque l’appareil enregistre 10 mesures/s. Le temps est sec et la température est de 23°C à 8h00. Le terrain d'expérimentation est exposé au sud, donc plein soleil.

Chevaux utilisés :

TETRAM :
Hongre de 8 ans,
Hauteur au garrot H= 160 cm,
Périmètre thoracique P = 200 cm, poids = 650 kg
Capacité de traction théorique au pas C = 75 kgf

REGLISSE :
Jument de 10 ans,
Hauteur au garrot H= 160 cm,
Périmètre thoracique P = 216 cm, poids = 680 kg
Capacité de traction théorique au pas = 87 kgf

Tests réalisés :

NB : 2 tours de champ sont réalisés pour mettre en route les chevaux et voir le comportement de la faucheuse. Puis nous effectuons 4 mesures par tour, sur 3 tours, sur des distances de 20m.

Premier test : tour 1 et 2

Au premier tour, la faucheuse a bourré plusieurs fois dans la descente. Bourrage dû au manque d’adhérence de la faucheuse sur l’herbe mouillées par la rosée. Défaut corrigé, par la masse (65 kg) d’une personne qui monte sur la faucheuse (deuxième tour).


Graphique des mesures du premier test

On constate au premier tour des zones d'effort nul dû aux arrêts pour bourrage. On constate une différence de 2 minutes entre les 2 tours, ce qui multiplié par le nombre de tours donne une différence non négligeable.

Deuxième test : tests sur distance 20 m

4 mesures par tour, sur 3 tours, sur des distances de 20 m.
Les mesures sont identifiées par le numéro du tour, suivi du numéro de mesure, exemple : TEST 2.1 correspond à la première mesure du deuxième tour.

La première mesure est effectuée dans une montée à 6%
La deuxième dans une descente à 11 %
La troisième dans une montée à 7%
La quatrième sur le plat

Toutes les courbes enregistrées ci-dessous :


Graphique des mesures du second test

Deuxième tour, comparatif des 4 secteurs de mesure (montée(TEST 2.1), descente, montée et plat) (Cette mesure est effectuée sur le deuxième tour, la première mesure du tour 1 ayant ratée).


Graphique du comparatif des 4 secteurs

COMPARATIF PAR SECTEUR

SECTEUR 1( montée 6%)

2 courbes seulement, la première mesure étant ratée. Les courbes sont homogènes et cohérentes. La moyenne de traction est de 187 kgf, pour une vitesse moyenne de 1,29 m/s et une puissance développée de 2400 W, soit 1200 W par cheval.

SECTEUR 2 ( descente 11%)

Les courbes sont homogènes et cohérentes. La moyenne de traction est de 117 kgf, pour une vitesse moyenne de 1,45 m/s et une puissance développée de 1520 W, soit 760 W par cheval.


Vue de l'essai dans une phase de descente

SECTEUR 3 ( montée 7%)

Les courbes sont moins homogènes que sur les autres tests. La pente mesurée dans l’axe de traction est de 7%, n’est pas forcément régulière. La moyenne de traction est de 230 kgf, pour une vitesse moyenne de 1,35 m/s et une puissance développée de 3100 W, soit 1550 W par cheval.

SECTEUR 4 ( plat)

Les courbes sont homogènes et cohérentes. La moyenne de traction est de 165 kgf, pour une vitesse moyenne de 1,05 m/s et une puissance développée de 1730 W, soit 865 W par cheval.

Tableau récapitulatif des mesures


Légende :
La force moyenne en Kilogramme-Force (KgF) (équivalent à des décaNewtons dN)
La distance en mètres (m)
Le temps en secondes (s)
W (le travail) en Joules (J)
P (la puissance) en Watts (w)
V (la vitesses) en mètres par seconde (m/s)

Conclusion :

La force de traction nécessaire pour le premier secteur (Test 2.1) pente d’environ 6% est de 193 kgf, à comparer avec les 232 kgf pour l’autre secteur (Test 2.3) qui monte (7%), les 169 kgf sur le plat (Test 2.4) et les 114 kgf en descente (Test 2.2).
NB : Il faut 2 fois plus de force en montée qu’en descente.

La traction sur le plat 170 kgf, ce jour là, avec ce foin là et cette hygrométrie là, correspond bien à la capacité de traction des chevaux utilisés (2 x 85 kgf), et permet donc de faucher la surface (1 ha) en 1 heure sans fatigue excessive des chevaux.

Hervé Jourdain et Jean-Louis Cannelle.

lundi 18 février 2019

Et si l’on fauchait…avec nos chevaux ! (étude critique de l'offre en matériel de fauche en Traction Animale)

Voici un article de Jean-Louis Cannelle et Hervé Jourdain sur l'inadaptation du matériel de fauche en Traction Animale.

Et si l’on fauchait…avec nos chevaux !

La volonté et l’engagement des utilisateurs, mais aussi des inventeurs et des constructeurs, autour du concept de développement de l’Énergie Animale, ne doit absolument pas être terni par des chimères économiques.

Nous allons vous narrer l’histoire de l’investissement dans une faucheuse à traction animale, de marque I&J, Type M2 MOVER DRIVE BY WILDCAT RIDGE GEAR, série WG-1367-15, ratio 11.89-1 Barre de coupe de 2,40m à double lame.


La faucheuse I&J en expo à la Pferdestark 2017

Sur notre ferme, nous récoltons environ 150 tonnes de foin, sur une trentaine d’hectares. Nous nous situons dans le Doubs, sur les deuxièmes plateaux, à 730 m d’altitude. Les prairies de fauche sont essentiellement en prairie naturelle. La surface labourée annuellement est de 2 ha.

Depuis quelques années, après l'avoir créé avec Charlie PINNEY, nous utilisons le PINTOW, (cet avant-train à 3 roues avec prise de force entraînée par les roues), pour andainer. il entraine un gyro andaineur KUHN, 9 bras de 3,8 m de largeur de travail. Ceci nécessite la force de traction de 3 chevaux, puisque la traction moyenne est de 250 kgf à plat.
L’andainage étant résolu, il restait 2 travaux que nous tenions impérativement à réaliser avec les chevaux, le fanage et la fauche.

La faneuse classique à traction animale ne donne satisfaction que pour terminer le foin, mais en aucun cas elle ne peut défaire des andains. Il fallait trouver le moyen d’actionner une pirouette.
A ce moment-là, nous avons choisi d’investir dans un avant-train HISKO doté d’un moteur auxiliaire. Comme la plupart des outils en TA, cet AT est un prototype qu’il a fallu modifier et qui reste imparfait :

- Pas de roue libre sur le moteur
- pas d’embrayage, mais un variateur
- pas de compte tours
- pas d’isolation phonique (obligation de travailler avec un casque anti-bruit)
- pas de cylindre bloc de liaison entre le châssis et le moteur, donc de nombreuses pièces du moteur cassent par vibrations (support réservoir carburant, support pompe à huile…)
- un relevage fonctionnant par déplacement des roues arrière, qui viennent buter dans les outils (faucheuse, …)

Malgré tout, nous l’utilisons pour tout ce qui est fanage, avec une pirouette KHUN, 4 toupies, 6 bras. Le rendement du moteur est très intéressant, puisque nous avons une consommation d’environ 0.8 litre à l’heure.


L'avant-train HISKO avec une pirouette KUHN 4 toupies, 6 bras

Mais la fauche n’était toujours pas solutionnée.
Après avoir vu des comptes rendus dans STARKE PFERDE, des publicités dans SABOTS, et après avoir consulté un certain nombre de personnes, nous avons fait le choix d’investir dans une faucheuse I&J dotée d’une barre de coupe MSS de 2, 40 m, préconisée pour une traction à 2 chevaux de traits d’environ 700 kg.

Avant essai nous avons constaté 2 points importants en régression par rapport aux anciennes faucheuses à doigts : pas de débrayage automatique du mécanisme en relevant le lamier, pas d’orientation possible de ce dernier, permettant de faire piquer plus ou moins si le foin est couché.

Nous avons démarré les travaux de fenaison en 2016 avec cette faucheuse, une série d’essais mesurés a été réalisée, avec de gros problèmes d’adhérence de la faucheuse et par résultante des problèmes de « bourrage du lamier » amenant des arrêts répétés et l’obligation avant de repartir de reculer pour débloquer les lames. Dans les parcelles en pente il nous arrivait d’être bloqué tous les 15 mètres.

Nous avions en 2016 une attaque de campagnol terrestre amenant beaucoup de terre dans le foin. Naturellement nous nous sommes dit que le dysfonctionnement était à attribuer à ce phénomène ponctuel. La solidarité de nos voisins motorisés nous a permis de pallier à notre incapacité à faire le travail avec nos chevaux.

La parcelle où nous avions réalisé les essais étaient en prairie artificielle, ce qui change considérablement la facilité de fauche. Ceci, c’est confirmé en 2017.

Cette année-là, donc, la fleur au fusil, nous avons attaqué dans de supers conditions la fenaison : pas de campagnol, du terrain sec, du foin non versé.

Première parcelle, prairie artificielle de première année, à plat, c’est génial, une heure 10 pour 1,2 ha. Victoire ça marche !

Le lendemain, départ pour faucher à 5h30, les 2 mêmes chevaux, prairie naturelle, fourrage extrêmement dense (pas loin de 6t/ha), la faucheuse se met à patiner, dès qu’on est dans le même sens que le foin légèrement couché, et sur une heure de travail, environ 20 patinages, et donc 20 bourrages et 20 reculés.

Retour à la maison avant d’avoir fini la parcelle, appel au voisin avec tracteur pour réaliser la fauche : échec !

Relecture du dossier technique du constructeur allemand (non distribué par le vendeur I&J à l’achat de la faucheuse), re-réglage des doigts d’appui, et ré-essai de la faucheuse, nouvel échec ! Pourtant essais réalisés avec des lames neuves.

Après réflexion, nous estimons le ratio, longueur de la barre de coupe/poids de la faucheuse incohérent. Notre décision est prise, nous raccourcissons le lamier et les lames de 35 cm (maintenant à 2,05 m).

Le lendemain matin, à nouveau essais, et enfin ça y est, notre faucheuse est fonctionnelle.


La faucheuse I&J au travail à Villers sous Chalamont

Nous décidons donc, à nouveau, la réalisation de mesures, qui vous le verrez ci-après (dans le prochain billet NDLR), correspondent un peu mieux à la puissance théorique des chevaux sur une durée de travail d’environ 2 heures.

Pour la dernière parcelle fauchée cette année, pour 4 ha de surface en prairie naturelle un peu tourmentée, le temps de fauche en 2 fois, une première partie le soir, après une pluie de l’après-midi, et la fin le lendemain matin à partir de 5 heure, nous a demandé au total 6h de travail pour réaliser la fauche (récupération des chevaux comprise).

Il nous paraissait important de prendre le temps d’écrire ce témoignage pour diverses raisons :

- En premier lieu, pour éviter que d’autres commettent la même erreur !
- En deuxième lieu, nous voulons ce témoignage comme un appel aux constructeurs à ne pas tromper les utilisateurs qui sont les premiers à pouvoir faire la promotion des machines modernes.

Le manque d’essais en conditions réelles peut menacer l’équilibre économique de ces pionniers que sont les nouveaux installés faisant le choix juste mais difficile de l’utilisation de l’Énergie Animale. Souvent de petites structures pour lesquelles un investissement comme cette faucheuse (8000 euros) est considérable.

Hervé Jourdain et Jean-Louis Cannelle.

A suivre dans le prochain billet : Compte-rendu d'essais dynamométriques de traction avec la FAUCHEUSE I&J

samedi 13 octobre 2018

Mesures dynamométriques au Datafficheur sur une opération de fauche avec moteur auxiliaire par le Réseau "Faire-à-Cheval"

Après une première prise en main du Datafficheur (voir l'article sur leur site web : FAIRE À CHEVAL SE DOTE D’UN DATAFFICHEUR !), le réseau __Faire-à-Cheval__ , "réseau Armoricain des équidés de travail", (qui a acquis début août un Datafficheur), est passé aux choses plus sérieuses avec des mesures lors d'une opération de fauche sur une lande. Les essais ont été réalisés avec un Polynol (porte-outil simple et robuste, créé dans les années 80 par Jean Nolle) équipé d'une faucheuse (à barre de coupe à lame double effet) à moteur auxiliaire.

NB : C'est à la suite des démonstrations d'utilisation du Datafficheur que j'ai fait lors du 3ème congrès de la Fédération Nationale des Chevaux Territoriaux (FNCT), en Mai 2018 au Haras d'Hennebont (Morbillan), que le réseau Faire à Cheval a décidé d'acquérir cet appareil pour ses propres expérimentations.

Marc Le Vaillant, coordinateur régional du réseau Faire à Cheval, m'a envoyé le compte-rendu qu'il a fait de cette opération et m'a autorisé sa diffusion, ce que je fais avec grand plaisir.

Voici les 7 pages de ce Compte-rendu :

Le PDF du compte rendu des __Mesures dynamométriques au Datafficheur, sur une opération de fauche avec moteur auxiliaire, sur les Landes de Jaunousse, par le Réseau "Faire-à-Cheval"__

vendredi 21 septembre 2018

Des Mesures Dynamométriques du Professeur Collins aux concours de Pulling aux États Unis, de 1920 à nos jours (3ème partie)

Avant de poursuivre la présentation des évolutions des chariots dynamométriques du professeur Collins (voir la 1ère partie ici et la deuxième là), nous allons, comme à notre habitude, nous arrêter sur les brevets déposés par celui-ci...

Et le premier, déposé le 16 juin 1924 porte sur un traîneau dynamométrique, en voici ma traduction (approximative comme d'habitude) des explications accompagnant ce brevet et évidemment les dessins et textes originaux.


Les revendications du Brevet US 1,603,521A sur un traîneau dynamométrique par Davidson Jay Brownlee et Edgar V Collins, 21 mars 1924, page 1/3

Brevet US 1,603,521A
Classifications : Appareils ou méthodes pour mesurer la force, p.ex. en raison de l'impact, du travail, de la puissance mécanique ou du couple, adapté à des fins spéciales pour mesurer la force de traction ou de propulsion des véhicules

Inventeurs : Davidson Jay Brownlee, Edgar V Collins
Responsable actuel : COLLÈGE D'AGRICULTURE DE L'ÉTAT de l'IOWA
Destinataire d'origine : COLLÈGE D'AGRICULTURE DE L'ÉTAT de l'IOWA
Date de priorité : 1924-06-16

Classification : Famille: US (1)
DateApp / Pub NumberStatus
1924-06-16US1603521AExpired - À vie
1926-10-19US1603521AGrant

Classé le 16 juin 1924, Breveté le 19 octobre 1926. N ° de série 720 361.

JAY BROVNLEE DAVIDSON ET EDGAR V. COLLINS, DE LA VILLE D'AMES, ÉTAT DE L'IOWA, CÉDANTS DU COLLÈGE D'AGRICULTURE ET DES ARTS MÉCANIQUES DE LA VILLE D'AMES, DÉPENDANT DE L'ÉTAT DE L'IOWA

DYNAMOMÈTRE.

Le but de notre invention est de fournir un dispositif de construction simple, durable et peu coûteux pour tester avec précision, commodité et facilité la puissance de traction des animaux de trait, des moteurs, etc., lors de l'avancement sur une route.

Plus précisément, nous avons pour objectif de fournir un dynamomètre d'un principe tel qu'il puisse être utilisé sur des surfaces de caractéristiques très différentes pour répondre aux exigences des essais sur des animaux de trait ou des moteurs. Ces conditions routières différentes et l'état de la chaussée ne devront en aucune façon, affecter la précision du test effectué avec ce dynamomètre.

Notre invention consiste en la construction, l'arrangement et la combinaison de divers composants et ces objectifs sont atteints par les principes indiqués plus en détail dans la suite de nos revendications et illustrés dans les dessins annexés :

La figure 1 montre une vue de dessus d'un dynamomètre représentant "notre invention".

La figure 2 montre une vue latérale avec l'élévation du poids. La position du poids à proximité de sa limite supérieure de déplacement est indiquée par des pointillés.

La figure 3 montre une vue transversale, verticale et en coupe (suivant la ligne 3-3) de la figure 2, l'axe et les roues au sommet de la figure étant représentés en élévation.

En référence aux dessins annexés, nous avons utilisé le numéro de référence 10 pour indiquer le châssis principal du dynamomètre. Ce châssis est supporté à proximité de son extrémité arrière par des roues "support" 11 sur un essieu 12. En avant, le châssis 10 est en appui sur des patins 13. Ce châssis, ses roues et patins "support" constituent le principe de ce véhicule destiné à être tiré sur une route.


Brevet US 1,603,521A sur un traîneau dynamométrique par Davidson Jay Brownlee et Edgar V Collins, 21 mars 1924, détails (Fig 1) des dessins de la page 1/3

Deux rails de guidage 14, de préférence réalisés avec des profilés en "U", s'étendent depuis l'avant du châssis vers le haut et vers l'arrière avec un angle d'environ trente degrés par rapport à l'extrémité arrière du cadre. Sur ces rails de guidage ou sur la piste inclinée sont montés quatre roues 15 libres en rotation sur les essieux 16, et ces essieux supportent à leur tour un caisson 17 dans lequel est installé de manière amovible un poids 18.

Un câble 19, attaché à l'un des essieux 16, s'étire vers le haut et vers l'arrière et passe sur une poulie directrice 20 à l'extrémité arrière supérieure du châssis 10. Le câble descend sous une autre poulie directrice 21 à l'extrémité arrière inférieure du châssis. Et de là le câble est prolongé vers l'avant sous une poulie directrice 22 à l'avant du châssis. A l'extrémité avant de ce câble se trouve une chape 23 sur laquelle des animaux de traction ou un dispositif de traction peuvent être appliqués.


Brevet US 1,603,521A sur un traîneau dynamométrique par Davidson Jay Brownlee et Edgar V Collins, 21 mars 1924, détails (Fig 2 et 3) des dessins de la page 1/3

En pratique, en supposant que le poids et son caisson sont dans leur position normale, comme le montre la figure 2, avec le poids reposant sur le châssis 10, les animaux de trait à tester sont attelés à la chape.

Évidemment, lorsque le poids est directement au-dessus des patins 13, les patins offrent une résistance considérable à l'avancement du traîneau sur la route et, par conséquent, le cadre reste immobile et la totalité de La force de traction des animaux de trait est appliquée en élevant le poids vers le haut et vers l'arrière sur la rampe inclinée.
Au fur et à mesure que le poids progresse sur la rampe, une plus grande proportion de celui-ci est appliquée aux roues 11 et une proportion moindre est appliqué sur les patins.
Par conséquent, à mesure que le poids progresse vers le haut et vers l'arrière, la résistance au frottement des patins par rapport à la surface de la route diminue progressivement et à un certain point de la progression du poids vers le haut de la pente, le traîneau commencera à avancer avec les animaux de trait.

Si l'état de la route est tel que les patins subissent un frottement relativement important, la position du poids pendant que les animaux de trait avancent sera sensiblement la même que celle indiquée par les pointillés de la Fig 2, soit presque au-dessus des roues arrières.
De même, si les conditions de la route sont telles que le frottement est minimal entre les patins et la route, le traîneau dynamométrique avancera lorsque le poids se situera à mi-distance entre sa limite supérieure et sa limite inférieure.

Chaque fois que la traction exercée sur le câble est inférieure à la force de traction nécessaire pour élever le poids, le poids descend par gravité jusqu'à la position du poids dessiné en lignes continues sur la fig 2 et impose ainsi un frottement important s'opposant à l'avancement sur la route.

Comme illustration pratique de l'utilisation usuelle de notre dynamomètre amélioré, supposons que l'on souhaite tester la puissance de traction et l'endurance de plusieurs paires d'animaux de trait.
Pour conduire ce test, une paire d’animaux de trait est attachée à l’appareil, puis pressée d’avancer. Si l'attelage réussit à démarrer le traîneau dynamométrique, l'opérateur note le temps nécessaire qu'il faut pour le déplacer sur un parcours mesuré. Ce même test est répété avec les autres attelages d’animaux de trait entrant en compétition.

En pratique, il arrive fréquemment que des attelages ne parviennent pas à démarrer le dynamomètre, d’autres le déplacent de quelques mètres et ne peuvent pas aller plus loin. Si plusieurs attelages concurrents déplacent le dynamomètre sur la totalité du parcours mesuré, alors évidemment le classement inverse des temps requis pour un tel déplacement détermine les attelages qui ont la plus grande force de traction.

A cet égard, votre attention doit être attirée sur le fait que l'état de la route n'a pas d'effet appréciable sur un tel test, car si l'état de la route offre une assez grande résistance à l'avancée du traîneau, la puissance de traction des animaux de trait est appliquée seulement au déplacement du poids et évidemment la position du poids détermine la quantité de force de traction qui doit être appliquée avant même que le dynamomètre ne bouge, et donc celle-ci n'est pas influencée par l'état de la route, l'appareil ne sert pas non plus à déterminer ou à tester les conditions routières

Nous revendiquons comme notre invention :

(NDLR : Pour la suite de la traduction, j'avoue que j'ai pas bien compris les différences entres les différents dynamomètres, mais cela ne me semble pas le plus important...)

1 Un dynamomètre de la classe décrite, comprenant un véhicule, une piste inclinée portée par le véhicule, son extrémité supérieure étant vers l'arrière, un poids supporté pour se déplacer sur ladite piste inclinée, un câble relié au poids et étendu d'abord vers l'arrière du véhicule puis vers l'avant du véhicule, des dispositifs de guidage pour le câble, et des moyens pour appliquer une force de traction à l'extrémité du câble opposée à l'extrémité attachée au poids.

2 Un dynamomètre de la classe décrite, comprenant un véhicule, une piste inclinée portée par le véhicule, son extrémité supérieure étant vers l'arrière, un poids supporté pour se déplacer sur ladite piste inclinée, un câble relié au poids et étendu d'abord vers l'arrière de le véhicule, puis vers l'avant du véhicule, des dispositifs de guidage pour le câble, et des moyens pour appliquer une force de traction à l'extrémité du câble opposée à l'extrémité attachée au poids, le véhicule comprenant des moyens pour supporter l'arrière de celui-ci pour offrir un minimum de résistance à l'avancée du véhicule et des moyens pour supporter l'avant de celui-ci conçus pour offrir une résistance relativement grande à l'avancée du véhicule.

3 Un dynamomètre de la classe décrite, comprenant un cadre, une piste inclinée portée par celui-ci, un poids supporté pour se déplacer sur ladite piste inclinée, des moyens permettant a. une force de traction peut être appliquée au dit poids pour le déplacer vers le haut sur la dite piste inclinée, un moyen de support pour le cadre adjacent à l'extrémité supérieure de la piste inclinée capable de n'offrir qu'une légère résistance à l'avancée et un cadre à l'extrémité inférieure de la piste inclinée capable d'offrir une grande résistance à une telle avance.

4 Dans un dynamomètre de la classe décrite, comprenant en combinaison un châssis, un patin à l’extrémité avant du cadre, supportant des roues à l’arrière du cadre, une piste inclinée vers le haut et vers l’arrière et supportée par le châssis, un poids coulissant monté sur ladite piste et un câble relié au poids et prolongé vers le haut et vers l'arrière sur la piste inclinée puis vers le bas puis vers l'avant jusqu'à l'extrémité avant du dispositif, les poulies portées par le châssis et les câbles être disposé de telle sorte que lorsque la traction par traction est appliquée au câble, il aura tendance à élever le poids vers le haut et vers l'arrière, et à mesure que le poids progresse vers le haut et vers l'arrière, les patins seront soulagés. partie du poids et offrira moins de résistance à l’avancement du cadre sur la surface de la route, aux fins indiquées.

Des Moines, Iowa, 21 mars 1924.
JAY BROWNLEE DAVIDSON. EDGAR V. COLLINS.


Les revendications du Brevet US 1,603,521A sur un traîneau dynamométrique par Davidson Jay Brownlee et Edgar V Collins, 21 mars 1924, page 2/3


Les revendications du Brevet US 1,603,521A sur un traîneau dynamométrique par Davidson Jay Brownlee et Edgar V Collins, 21 mars 1924, page 3/3

dimanche 29 juillet 2018

Des Mesures Dynamométriques du Professeur Collins aux concours de Pulling aux États Unis, de 1920 à nos jours (2ème partie)


Le second chariot dynamométrique du professeur Edgard V. Collins (voir ci-dessous)

En 1921, le professeur Edgard V. Collins, de la Station Agricole Expérimentale de l'Iowa State College de Ames, a débuté des tests pour déterminer la capacité de travail des chevaux.

Il est parti des travaux de James Watt qui a défini le "horse power" (cheval-vapeur) en 1782 correspondant à un travail équivalent à 33 000 pieds-livres effectué en une minute.
La puissance d'un cheval (en Cheval Vapeur) est donc calculée en multipliant la force agissant en livres par la vitesse à laquelle il se déplace en pieds par minute, divisée par 33 000.

Par exemple, si un cheval exerce une force de traction de 175 livres (80 kg) tout en se déplaçant à une vitesse de 2,5 miles par heure (4 km/h) soit 220 pieds par minute (67 m/mn), la puissance développée est de 175 fois 220 ou 38 500 divisée par 33 000 soit 1.1/6 CV.

Mais E.V. Collins s'aperçoit que contrairement à l'opinion générale, l'estimation de Watts de la capacité de travail d'un cheval basé sur ses tests n'était pas d'un cheval-vapeur, comme il en a établi l'unité, mais seulement des deux tiers de celui-ci.

Ceci est expliqué par le paragraphe suivant tiré du U.S. Bureau of Standards Bulletin No. 34 : L'unité de puissance du cheval-vapeur utilisée à l'heure actuelle pour mesurer le travail effectué par les machines, a été créé par James Watt, à qui on attribut le premier moteur à vapeur commercial.
Quand Watt a commencé à proposer sa machine sur le marché, il a été nécessaire d'avoir une unité de mesure pour définir sa capacité. Comme les chevaux étaient les "moteurs animés" les plus utilisés à l'époque, il était naturel que le "travail-moteur" de la machine soit comparé à celui des chevaux.


L'expérimentation de Watt et Boulton pour fixer la valeur du horse-power (cheval-vapeur) : "Trad. : Premier appareil utilisé pour tester la puissance des chevaux"

Cette unité de mesure de la puissance a été définie expérimentalement par Watt et son partenaire d'affaires, Boulton.
Ils ont emprunté des chevaux de trait lourds à la brasserie Barclay et Perkins à Londres et les ont fait tirer horizontalement un poids du fond d'un puits profond, avec une corde passant sur une poulie.

Ils ont déterminé qu'un cheval pouvait soulever commodément un poids de 100 livres (45 kg) attaché à l'extrémité de la corde en marchant au rythme de 2 milles et demi par heure ou 220 pieds par minute (4 km/h). Soit 220 x 100 = 22 000 pieds-livres/mn.
Cependant, Watt, afin de tenir compte de la friction dans son système et pour une "bonne mesure", a ajouté 50 pour cent à cette quantité, établissant ainsi 33 000 pieds-livres par minute, ou 550 pieds-livres par seconde la valeur du cheval-vapeur et donc l'unité de puissance.

NDLR1 : Il est à noter que le Cheval-vapeur n'est plus une unité du système métrique actuel (système SI).
NDLR2 : Le Horse-Power (hp) anglais vaut 746 w et le Cheval-Vapeur français (abréviation : ch et pas CV qui est le cheval fiscal) vaut 735,5 w

E.V. Collins décide donc de réaliser ses propres mesures en inventant des appareils de mesure plus efficaces.
Car bien que des dynamomètres soient déjà disponibles à cette époque, ils ne mesuraient que la force nécessaire pour déplacer une charge.
Or cette force varie en fonction de l'état de surface sur laquelle la charge est tirée et la force nécessaire pour démarrer la charge est aussi beaucoup plus grande que celle requise pour le maintenir en mouvement.

Afin de mesurer avec précision la force de traction d'un cheval, le professeur Collins a dû concevoir une machine qui a besoin de la même force de traction au démarrage et pour se maintenir en mouvement.


Trad. : Méthode simple pour appliquer une charge uniforme au cheval central.

Il construit un système simple de traîneau à poids tiré par 3 chevaux, mais dont seul le cheval central est testé.
Quelque soit l'état du terrain, le cheval central tire toujours le même poids, mais par contre, on doit mobiliser 3 chevaux pour en tester un seul.

Collins décide alors de réaliser un chariot-dynamométrique qui permettra de tester une paire de chevaux (les américains attellent quasi exclusivement en paire) sur une grande distance et à l'allure du pas ou du trot.

Le premier chariot dynamométrique.

E.V. Collins a commencé avec un châssis d'un "International Harvester Auto Wagon" avec le moteur, la boîte et la carrosserie enlevés, mais en conservant le système de transmission et les freins.


Photo d'un International Harvester (IH) Auto Wagon de 1909.

De chaque côté, un palonnier était attaché à un câble coulissant sur des poulies jusqu'à l'arrière du chariot, à l'extrémité duquel était suspendu un poids.

Quand une paire de chevaux était attelée aux 2 palonniers et qu'elle tirait, les poids montaient dans leurs guides verticaux jusqu'à ce qu'ils buttent en fin de course et que le chariot se mette à avancer.

Pour maintenir la charge constante et les poids en position centrale sur les guides, une certaine résistance au mouvement du chariot était cependant nécessaire.


"Trad. : Schéma de principe de la machine utilisée pour tester les chevaux dans un travail de charge normale."

Pour fournir cette résistance, une pompe rotative a été montée de sorte qu'elle soit entraînée par une poulie et une courroie fixée sur l'essieu du véhicule. L'entrée de la pompe était raccordée au bas d'un réservoir de 10 gallons (autour de 40 litres). Un autre tuyau partait du haut du réservoir jusqu'à une vanne de régulation rotative puis à la sortie de la pompe.

Cette vanne, lorsqu'elle était fermée, empêchait la circulation du fluide et la rotation de la pompe, bloquant efficacement les roues du chariot.

La soupape était reliée aux poids de sorte que lorsque les poids se trouvaient au bas de leur course, la soupape était fermée et les roues étaient bloquées, offrant une résistance maximale au mouvement vers l'avant. Au fur et à mesure que la paire de chevaux tirait, les poids montaient, ouvrant graduellement la soupape, jusqu'à ce qu'en haut de leur course, la soupape soit grande ouverte et le chariot roule facilement.

Une fois réglé correctement, le chariot devait se déplacer juste assez vite pour maintenir les poids suspendus pendant le déplacement.


"Trad. : Dynamomètre construit pour tester les chevaux dans un travail de charge normale."

La chose n'a pas très bien fonctionné au début, mais après plusieurs essais et modifications, le dynamomètre a rempli sa mission.
Avec cette machine, l'effort de traction requis de chaque cheval, ainsi que la capacité d'une paire à tirer continuellement une charge sur une longue période, pouvaient être testés.

Il a ainsi été mesuré que les chevaux pouvaient, sans fatigue excessive, exercer un effort de traction d'un dixième à un huitième de leur poids (70 à 75 kg pour un cheval de 700 kg) tout en parcourant un total de 20 miles par jour (33 km).

Un second chariot-dynamométrique.

Une deuxième machine plus grande et plus lourde a été construite sur le châssis d'un camion à quatre roues motrices "Nash Quad" dont le moteur a été remplacé par une grosse pompe rotative. La pompe était entraînée par les quatre roues via la transmission du camion et les arbres d'entraînement (fig 5).


"Trad. : Schéma du premier Chariot-Dynamomètrique construit pour déterminer l'effort maximum d'une paire de chevaux. Cette machine est brevetée et appartient au collège (Iowa State College de Ames)."

On a fixé des poids en béton au bout d'un câble unique tiré par un palonnier double. Ce dynamomètre pouvait fournir une résistance à la traction de 4100 livres (1900 kg).

Dans une thèse écrite en 1924, Kenneth J. Maltas, un étudiant de l'Iowa State, décrit la seconde machine : "Quand une paire commence à tirer sur le câble, les roues sont pratiquement verrouillées, de sorte que la première action est d'élever les poids. Lorsque ces poids atteignent un certain point, un bras qui est relié aux guides ouvre automatiquement une soupape du côté refoulement de la pompe et celle-ci offre alors très peu de résistance à la rotation des roues" fig6.


"Trad. : Chariot-Dynamomètrique construit pour tester l'effort maximum de traction d'une paire de chevaux (ici présenté à une manifestation)."

Lorsque les roues sont déverrouillées, le chariot dynamométrique avance automatiquement juste assez vite pour maintenir les poids suspendus.

La hauteur à laquelle les poids sont soulevés n'a aucune importance, tant qu'ils ne frappent pas le haut ou le bas des guides et fournissent une mesure précise de la traction exercée par les chevaux.

L'état de surface du sol sur laquelle le chariot dynamométrique roule na pas d'influence sur la traction. La charge de départ n'étant évidemment pas supérieure à celle requise pour maintenir la machine en action.

A suivre dans un prochain billet...

lundi 23 juillet 2018

Des Mesures Dynamométriques du Professeur Collins aux concours de Pulling aux États Unis, de 1920 à nos jours (1ère partie)

Dans le cadre de l'étude du Tractomètre Le Bihan (inventé à la demande du colonel Charpy), voir précédent billet ici, je vous avais promis des précisions sur les dynamomètres utilisés dans les concours américains de Pulling.


Une image célèbre de concours de pulling au États-Unis...

NB : tous les concours de pulling ne font pas appel à des dynamomètres (souvent montés sur des camions), certains utilisent simplement des traîneaux comme ci-dessus, l'effort dépend alors de la charge mais aussi de l'état du terrain (ce qui est plus difficile à apprécier et aussi à comparer d'un concours à un autre).

Les dynamomètres, (quand ils sont utilisés), ont été, à l'origine, mis au point par le Professeur Edgar V. Collins pour l'étude de la puissance des chevaux de travail (au sein de l'Iowa State College of Agriculture and Mechanic Arts de Ames) et ensuite seulement ils ont été utilisés dans les concours.

Mais tout d'abord, voici (toujours tiré de la revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1) les commentaires du colonel Charpy sur les concours de traction et en particulier sur la voiture Collins (que nous étudierons en détail bientôt) utilisée aux USA et en Allemagne.


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, page 4


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, page 5


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, page 6


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, page 7

Et pour comprendre les critiques du colonel Charpy sur la voiture Collins et les concours américains, voici 2 courtes vidéos assemblées (USA-Michi-GreatLakes-Dynamometer-horse-pulling-2012 et USA-Mich-Saline-Lightweight-Horse-Pulling-2010 empruntées à pegasuspinto et banjokat) de Concours de traction au dynamomètre pour les chevaux (Dynamometer Horse Pulling) tournées en 2010 et 2012...

Ces vidéos ne sont pas de très bonne qualité mais vous permettront de mieux comprendre le principe de ces concours.

À observer : les masses indiquées sur le camion, en pounds (lbs) qui correspondent aux efforts de traction fournis (1 lbs = 0,45 kg), soit :
2800 lbs pour 1270 kg
3000 lbs pour 1360 kg
3200 lbs pour 1451 kg
3400 lbs pour 1542 kg
Ce qui est considérable !

À observer : le système de câbles qui monte les masses verticalement dans leur cage (elles doivent rester au milieu pendant la traction) et le bruit de la pompe hydraulique qui ralentit le camion et maintien la tension.

À observer aussi : la distance de traction (27,5 pieds soit 8,38 m) mesurée avec une pige verticale qui est tirée par une corde fixée au camion et bascule quand cette distance est atteinte (indiqué au meneur par un coup de sifflet)...

La suite dans la deuxième partie...

samedi 14 juillet 2018

Il faut sauver le Tractomètre "Le Bihan" du Haras de Lamballe... (3ème Partie)

Suite des billets "Il faut sauver le Tractomètre "Le Bihan" du Haras de Lamballe... (1ère Partie)" visible ici... et 2ème partie visible ici...

Présentation du fonctionnement du Tractomètre "Le Bihan" par le colonel Charpy dans la Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, par le Colonel Charpy.

Cette présentation est plus complète et plus pédagogique que cette de Yves-Marie-Francis Le Bihan dans ces dépôts de brevet (ce qui est bien logique dans la mesure où un brevet doit protéger l'invention d'un auteur et ne donner que les indications techniques strictement nécessaires à la démonstration de l'originalité de l'invention).


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, page 10.


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, page 11.


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, page 12.

Pour les plus techniciens d'entre-vous, je vous ai fait un petit montage chronologique des 3 schémas techniques du tractomètre "Le Bihan".

Évolution chronologique des schémas de fonctionnement du tractomètre Le Bihan 1942 - 1944

Nous verrons dans un prochain billet comment, à la même époque, de l'autre côté de l'Atlantique, les américains envisageaient les mesures d'efforts avec une toute autre philosophie...

mercredi 11 juillet 2018

Il faut sauver le Tractomètre "Le Bihan" du Haras de Lamballe... (2ème Partie)

Suite du billet "Il faut sauver le Tractomètre "Le Bihan" du Haras de Lamballe... (1ère Partie)" visible ici...

Pour compléter l'exposé du système technique proposé par le Tractomètre Le Bihan, je vous propose quelques images légendées de l'appareil...

NB : N'ayant jamais vu ni étudié l'appareil réel, j'ai légendé ces images (qui sont de Tanneguy de Sainte-Marie, je pense) à partir de ma compréhension du fonctionnement de l'appareil, des schémas des brevets et des explications du Colonel CHARPY dans la revue CHEVAL-ANE–MULET de JANVIER 1944.
J'espère ne pas avoir commis d'erreurs dans cette analyse et j'attends avec plaisir vos remarques et commentaires.


Tractomètre "Le Bihan" du Haras de Lamballe, vue d'ensemble. Légende : Deny Fady



Tractomètre "Le Bihan" du Haras de Lamballe, vue avant. Légende : Deny Fady



Tractomètre "Le Bihan" du Haras de Lamballe, vue arrière. Légende : Deny Fady


Dans le Tractomètre (en tous cas, la version d'avril 1942, voir le brevet dans le précédent billet) Yves-Marie-Francis Le Bihan a prévu 2 systèmes hydrauliques de mesure de l'effort :

1 Un dynamomètre à piston dans le prolongement du palonnier (qu'il nomme "presse hydraulique H") et...

2 Une pompe (formée de 3 pistons décalés pour la régularité P) montée sur un arbre parallèle à l'essieu et entraîné directement par celui-ci (par l'intermédiaire d'engrenages droits).

Cette pompe P permet d'imposer un effort et de simuler des démarrages en côte et/ou une charge tractée. Elle est donc réversible et fonctionne de manière identique en marche avant ou en marche arrière. Si l'on mesure la pression d'huile en sortie de cette pompe, avec un manomètre (m) on visualise aussi l'effort fourni et ce, en avançant ou en reculant.
Si l'on bloque la circulation d'huile, l'essieu est bloqué, si on limite cette fermeture, on peut imposer l'effort souhaité.
L'astuce technique du système se trouve dans le mécanisme à came et électroaimant commandé par la position d'une aiguille sur un cadran qui libère instantanément la pression d'huile quand la consigne est atteinte.

J'ai aussi trouvé un second brevet peu connu de Yves-Marie-Francis Le Bihan sur le Tractomètre.

De façon assez étonnante, ce complément au premier brevet (d'avril 1942) a été déposé seulement un mois plus tard (en mai 1942) mais il ne sera accordé que 10 ans plus tard (mai 1952) et publié en septembre 1952... Peutêtre à cause de la guerre de 1940-1945.

Dans ce brevet, il n'est plus fait mention du dynamomètre à piston, mais seulement de la pompe qui a évolué et qui est formée maintenant de 1 à 7 cylindre montés en étoile (il me semble que c'est le modèle qui est à Lamballe, visible sur les photos ci-dessus, à confirmer...).
Je pense que Yves-Marie-Francis Le Bihan a voulu protéger son nouveau système de pompe en étoile et son mécanisme à came et électroaimant mais n'a pas jugé nécessaire de protéger par brevet son "dynamomètre à piston" qui était peu novateur (même pour l'époque).



Nous verrons dans quelques futurs billets comment le Colonel Charpy présentait le tractomètre et comment, à la même époque, de l'autre côté de l'Atlantique les américains envisageaient les mesures d'efforts avec une toute autre philosophie...

dimanche 24 juin 2018

Il faut sauver le Tractomètre "Le Bihan" du Haras de Lamballe... (1ère Partie)

Lors des 3 èmes Rencontres FNCT, du 25 et 26 Mai 2018 (organisées par le Réseau Faire à Cheval, au Haras d'Hennebont, Morbillan) sur le thème de "La bien-traitance des équidés de travail", j'ai eu l'occasion de parler un peu du Tractomètre de Lamballe lors de ma présentation sur le Datafficheur et plus tard avec de nombreuses personnes sur place.

je voudrai revenir ici sur ce sujet en vous faisant partager toutes les infos que j'ai pu collecter sur cet étrange appareil, à mon avis unique au monde et qu'il faut absolument sauver de la destruction et même si possible remettre en état pour étudier ses capacités (uniques elles aussi) à faire varier indépendamment et de manière précise, sa résistance à l'effort au démarrage et en utilisation continue.

Je remercie ici Tanneguy de Sainte-Marie (qui est un grand connaisseur des Haras, de leur histoire et un auteur prolifique) et Bernadette Lizet (ethnologue et spécialiste reconnue de l'histoire des utilisations du cheval en France) qui m'ont autorisé à utiliser leurs documents et leurs écrits sur le Tractomètre Le Bihan.

Pour cette première partie, je vous partage un texte de Tanneguy de Sainte-Marie, paru en 2006 dans la revue des Haras et rediffusé dans le N°12 de Sabots-Magazine.
J'ai ajouté quelques images et documents qui proviennent du Haras de Lamballe, de Sabots-magazine, de la revue CHEVAL-ANE–MULET de JANVIER 1944 et de ma collection personnelle.


Légende : Cour du haras de Lamballe. Un palefrenier, en tenue d'été, est aux guides de l'étalon Postier Breton et un jeune officier des haras (grade de Surveillant ) est aux commandes de la machine.
D'après Tanneguy de Sainte-Marie, cette photo date des années 1950, à l'époque où il avait été envisagé de remettre en place des épreuves de traction dans les concours d'élevage et d'utilisation pour les chevaux de trait, notamment les bretons.


Histoire d’un dynamomètre devenu « L’APPAREIL LE BIHAN » communément appelé « TRACTOMÈTRE », par Tanneguy de Sainte-Marie.

Le Colonel CHARPY, brillant officier d’artillerie ayant commandé le Dépôt de Remonte Militaire de Guingamp (dont les dernières écuries seront rasées en 2006 pour accueillir la gendarmerie locale) en 1917-1918, était un passionné de l’utilisation qui devait être faite des chevaux de trait en général et des Bretons en particulier.

En 1936 il répond favorablement à la requête du comité de la Foire Exposition de Rennes qui lui demande d’organiser une manifestation hippique dans l’enceinte de la foire.

N’ayant pas obtenu les moyens financiers pour organiser un grand concours d’élevage, il songe à l’essai d’une épreuve dynamométrique.

En effet, dès 1909, la création de la Société du Cheval de Trait Léger sous la houlette du Comte de ROBIEN, a ouvert des pistes qui devraient permettre des utilisations rationnelles et pérennes des chevaux de trait.

Dans son projet d’épreuve, le Colonel CHARPY met en exergue l’opinion exprimée par Lavalard : « Pourquoi ne pas faire pour le cheval de trait ce qui a lieu pour le cheval de pur sang qui n’est livré à la reproduction qu’après avoir fait ses preuves sur l’hippodrome ? »
C’est pourquoi, dans ses propositions, le Colonel crée deux catégories dans les concours de reproducteurs, une pour les gros traits et une pour les postiers.

Ayant entrepris des recherches après la guerre de 14-18, il a découvert qu’il existait des dynamomètres enregistreurs perfectionnés et précis. Une de ces voitures appareils, ayant été utilisée à Caen dans deux des concours organisés par Mr. Bertin, présentait malheureusement trop de défauts et donc des résultats peu probants.

Quant à la voiture Américaine « COLLINS », déjà utilisée en Allemagne et en Hollande, elle était construite pour l’essai d’un attelage de deux chevaux et non individuelle, de plus son prix d’achat et le coût de son importation avaient rebuté le Ministère de l’Agriculture et Les Haras.
Elle présentait, elle aussi, des défauts et des inconvénients.

Pressé par la mise en place d’épreuves de traction à la Foire de Rennes et n’ayant pas de voiture dynamomètre à sa disposition, le Colonel CHARPY fit appel à la maison Verlinde, de Puteaux, pour qu’elle imagine et construise en hâte un appareil de fortune. L’appareil fut livré dans les temps et les épreuves se déroulèrent devant une foule immense.

Malgré ses nombreuses imperfections la machine permit de classer sans hésitation les chevaux d’après leur puissance de démarrage.
Ce fut le clou de la Foire Exposition de Rennes de 1936.


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, par le Colonel Charpy


Revue CHEVAL – ANE – MULET, Bulletin Officiel du Comité National Interprofessionnel des Chevaux et Mulets, janvier 1944 – 2è année – Numéro 1, par le Colonel Charpy

Mais le but n’était pas atteint, la voiture-dynamomètre idéale et sans défaut n’était pas encore inventée et tout restait à faire.

En 1939, le Colonel CHARPY rencontre Mr. de Malherbe, Directeur général des Haras, l’entretient longuement de l’intérêt des épreuves de traction et lui confirme, qu’à peu de frais, il se faisait fort de faire construire une voiture remplissant toutes les caractéristiques nécessaires à ces épreuves.

Le Directeur Général ayant entendu parler du succès de Rennes donne son accord et promet les crédits.

Monsieur Y. LE BIHAN, ancien ingénieur des chemins de fer du Nord, connu pour ses compétences techniques et son ingéniosité, de surcroît habitant le manoir de Barach près de Perros-Guirec, se fait exposer le problème à résoudre et accepte de se charger de la construction de l’appareil.

Il a non seulement le mérite de l’imagination mais également celui de la construction qu’il mène seul à son terme.

L’appareil est livré fin 1943 au Haras National de Lamballe dirigé par Monsieur Marcellin CHARPY, fils du Colonel et père de François et Marcellin ayant eux-mêmes brillamment servi les Haras Nationaux.

Monsieur Y. LE BIHAN a opéré sur place les mises au point finales de sa machine, pour laquelle il a déposé un brevet, avant sa mise en service dans les concours.

Après avoir été abandonné, oublié et rudoyé pendant des décennies dans des fonds d’écuries et autres sous-pentes, l’unique tractomètre « LE BIHAN » est présenté depuis peu en bonne place aux côtés des Breaks, Squelettes, Camions et Omnibus dans la remise hippomobile du Haras National de Lamballe.

Il ne lui reste plus qu’à retrouver sa couleur d’origine, à être restauré, et remis en état de marche d’après les plans et descriptions laissés par son fabricant sous la rubrique : "CROQUIS SCHEMATIQUE DE L’APPAREIL D’ESSAI DES CHEVAUX A LA TRACTION, Brevet Y. LE BIHAN, Ingénieur E.C.P, D’après les données du problème posé par le Colonel CHARPY".

Imaginons, qu’un jour, son sauvetage définitif soit concrétisé par un classement « Monument Historique » parmi les trop rares voitures hippomobiles ayant accédé, à ce jour en France, à cet extrême privilège.

Tanneguy de SAINTE MARIE
Ingénieur des Haras Nationaux, en résidence à Hennebont, le 15 février 2006


Reproduction du 1er Brevet d'Invention pour un Appareil pour l'essai des chevaux à la traction déposé par Yves-Marie-Francis Le Bihan, et accordé sous le numéro 884.659, le 3 mai 1943 à Paris.


Reproduction du 1er Brevet d'Invention pour un Appareil pour l'essai des chevaux à la traction déposé par Yves-Marie-Francis Le Bihan, et accordé sous le numéro 884.659, le 3 mai 1943 à Paris, page 1/2.


Reproduction du 1er Brevet d'Invention pour un Appareil pour l'essai des chevaux à la traction déposé par Yves-Marie-Francis Le Bihan, et accordé sous le numéro 884.659, le 3 mai 1943 à Paris, page 2/2.

Transcription du texte du Brevet 884.659 de Yves-Marie-Francis Le Bihan :

L'appareil que nous allons décrire peut servir à déterminer l'effort de démarrage et le travail qu'un cheval peut fournir en traction et subsidiairement à évaluer l'effort de recul que l'animal peut faire en appuyant de son arrière-main sur l'avaloir.

L'ensemble du système est monté sur un véhicule à deux roues et comprend deux éléments distincts.

1. Un appareil indicateur des efforts produits représenté par une petite presse hydraulique H à laquelle sont joints un manomètre à cadran gradué M et un manomètre enregistreur E, destinés à donner d'une part l'effort de démarrage et d'autre part à reproduire sur un graphique le travail fourni sur un parcours fixé avec une résistance à la traction imposée.

2. Un appareil pouvant réaliser le blocage du véhicule pour l'épreuve de démarrage et ensuite imposer des résistances variables à volonté pour les essais en mouvement.

Cet appareil comprend une pompe à huile à trois cylindres P avec manivelles calées à 120° pour assurer la régularité dans la résistance. Elle est mise en mouvement par l'essieu du véhicule, par l'intermédiaire d'engrenages droits. Cette pompe est munie de soupapes d'aspiration et de soupapes de refoulement toutes automatiques. Elle puise l'huile dans un réservoir R et la refoule dans une canalisation aboutissant sous une soupape S maintenue sur son siège par la pression d'un ressort dont la tension est réglée à la volonté de l'opérateur.

Cette soupape peut également être bloquée par un dispositif spécial de façon à immobiliser le véhicule tant que l'effort de démarrage imposé n'est pas atteint.

Le blocage de la soupape est réalisé par un levier 1 oscillant autour d'un axe dont une extrémité munie d'une vis de rattrapage de jeu appuie sur une came, tandis que l'autre extrémité porte sur une tige de la soupape de façon à la tenir hermétiquement fermée, immobilisant ainsi tout l'appareil. En effet, tant que la soupape de refoulement des pompes reste bloquée, les pompes ne peuvent tourner et les roues du véhicule sont de ce fait enrayées.

Pour provoquer en temps utile, d'une façon instantanée le déblocage de la soupape un système simple et très maniable est utilisé.

Un ressort de rappel r tend constamment à faire tourner la came et à libérer ainsi la soupape, mais cette came est verrouillée par un petit balancier dont une extrémité pénètre dans une encoche de la came tandis que l'autre extrémité libre se trouve en regard d'un électro-aimant.

Cet électro-aimant peut recevoir le courant d'une petite batterie, courant normalement interrompu. Le pôle négatif de la batterie est à la masse. Le courant sortant du pôle positif doit parcourir les spires de l'électro-aimant pour aboutir à une aiguille supplémentaire du manomètre montée sur le verre de celui-ci, et par conséquent isolée. Le manomètre est lui-même à la masse.

Il suffira à l'opérateur de placer l'aiguille isolée en regard de l'effort que l'on désire voir atteindre pour que l'aiguille indicatrice normale du manomètre vienne au contact de la précédente dès que cet effort est réalisé, ce qui a pour effet de fermer le circuit électrique. Instantanément l'électro-aimant attire le balancier, libérant ainsi la came et par suite la soupape.

Pour les essais dans le travail de recul du véhicule, il suffira de lire les indications du manomètre branché sur le refoulement des pompes, dont la graduation est faite en conséquence, pour se rendre compte avec précision de l'effort produit par le cheval.

Yves-Marie-Francis Le Bihan


samedi 3 mars 2018

Système d’Assistance Électrique pour Véhicule Hippomobile, lubie d'ingénieur ou apport réel ? (3ème partie)

Suite des billets sur les Véhicules Hippomobiles à Assistance Électrique (VHAE) en partenariat avec Marco Zandona (qui est un chercheur et un inventeur reconnu de cette (ces) technologie(s)).

Vous trouverez les précédent billet sur ce sujet ici et ici.

Aujourd'hui, Marco nous propose la deuxième partie de son article sur l'intérêt du frein électrique sur les VHAE.

Je lui laisse donc la parole.

Deny Fady


VHAE – Le freinage combiné (2ème partie)

Pour les technophiles et les cracks de l’autoconstruction je vous donne le synoptique illustrant le fonctionnement du freinage combiné.

L’essieu "électrique" arrière est pourvu de puissants freins à tambours ("dogme Hippotese" ;-)) actionnés par le système hydraulique d’origine de la calèche.

À l’aide d’un capteur, on mesure la pression instantanée du circuit hydraulique.

Selon les caractéristiques fournies par le fabricant des freins, il faut exercer une pression de 85 bar pour obtenir un couple de freinage de 1500 Nm par roue. En pressant comme un malade sur la pédale on obtient environ 40 bar, il en résulte dans le meilleur des cas, un "très bon" couple de freinage de 750 Nm.

Pour atteindre 85 bar il faudrait ajouter un servofrein, une pompe à vide, etc... Une magnifique usine à gaz.
NB : Si vous avez des suggestions pour franchir de manière simple cette limite de 40 bar, n’hésitez pas !

En consultant le diagramme suivant vous comprendrez que tout ça fonctionne en parallèle, évitant au passage, qu’à la longue, les mâchoires se grippent.

L’électronique va commander le frein électrique en fonction de la pression mesurée. L'intérêt, c’est que l’on peut personnaliser le ressenti, en d’autres termes, on peut moduler la pression pour obtenir 100 % de freinage électrique.
Un 100 % électrique fixé à 15 bar induira par exemple un couple de freinage mécanique supplémentaire d’environ 200 N/m.

Les freins avant, généralement à disques, sont d’origine.
Un capteur de pression est inséré en amont du robinet de parking. En aval de ce robinet, si la voiture est équipée de feux, on trouve le pressostat gérant le feu stop.

Le fonctionnement est identique à la différence près qu’en fermant la vanne de parking le système se transforme en pédale d’avancement, rarement employée mais utile pour remiser une voiture lourde.

Ainsi deux capteurs de pression remplacent avantageusement un attirail de pédales. On y gagne : - un freinage combiné avant/arrière personnalisable,
- une pédale des gaz,
- une meilleure sécurité passive.

Un freinage bien dosé est important. Nous avons mesuré lors de nos essais à quel point celui-ci pouvait être brutal pour les chevaux.
Pour prendre conscience de ce phénomène, un Datafficheur aurait toute sa place dans les écoles d’attelage...

Marco Zandona.

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