De nombreux prestataires en vigne ou vignerons, utilisent leur chevaux dans la pente.

Si parfois, ils choisissent de ne travailler qu'à la descente (et donc de remonter à vide) ils leur arrivent aussi de travailler à la monté et à la descente en alternant les passages d'une fois sur l'autre pour limiter l'effet de l'érosion (en particulier sur le rang descendant).

On peut donc se demander quel effort (supplémentaire) on demande à nos "collègues équidés" dans cette situation pendant la montée.


Morgane et Alice pendant une formation CERRTA "vignerons du Jura" en avril 2024

Tentons une estimation rapide...

On sait que la Puissance (W) = Force (N) x La Vitesse (m/s) P = F x V

On peut prendre un exemple pour comprendre : À plat, 1 cheval de 700 kg qui tire un outil de 20 kg à 1 m/s avec un effort de 70 kg (à peu prés 700 N) développe une puissance de 700 w mesurée (pour la traction de l'outil) + l'énergie propre à son déplacement horizontale (non mesurée et que nous négligerons ici).

En première approche, on considère que l'énergie due au travail du sol ne change pas dans la pente (même travail aratoire) mais que s'y ajoute une énergie nécessaire à l'élévation verticale de la masse du cheval et de celle de son outil.

C'est ce supplément qui nous intéresse ici...

Donc, le même cheval qui se déplace en travaillant à la monté sur une pente de 10% (5,7°), dans les même conditions de sol, d'outil et de vitesse, développe toujours une puissance de 700 w pour le travail, mais élève en plus chaque seconde de 10 cm (0,1 m) sa masse et celle de l'outil, soit 720 kg.

Cela revient à tirer verticalement 720 kg (7200 N) à la vitesse de 0,1 m/s soit développer une puissance supplémentaire de 720 w (rappelez-vous la démonstration de watt sur la 2ème diapo du billet sur les mesures d'efforts ici).

Le cheval fourni donc dans ce cas (pente à 10 %) une puissance de 720 + 700 = 1420 w (Plus de 2x plus qu'à plat) ou l'équivalent d'un effort de 142 kg sur du plat (qui est un effort important).

Le même cheval sur une pente à 20 % (11,3°) 7200 N x 0,2 m/s = 1440 w soit 1440 + 700 = 2140 w (Plus de 3x plus qu'à plat) ou l'équivalent d'un effort de 214 kg (qui est un effort très important).

Le même cheval sur une pente à 30 % (16,7°) 7200 N x 0,3 m/s = 2160 w soit 2160 + 700 = 2860 w (Plus de 4x plus qu'à plat) ou l'équivalent d'un effort de 286 kg (qui est un effort à ne demander que de manière limité dans le temps).

Il faut donc être bien conscient des efforts supplémentaires que l'on demande à un cheval sur un terrain en pente.

En vigne, une pente de 10 % (5,7°) est courante, une vigne de 20 % (11,3°) fréquente et certaines parties de vigne atteignent parfois les 30 % (16,7°). Nous avons mesuré en Jura des vignes qui finissent en haut de parcelle à 19° (34,4 %) voir 20° (36,4 %).

Si l'on souhaite travailler ces parcelles à la montée, il faudra gérer les temps de récupération (la descente peut être considérée comme un temps de récupération) et les temps de pause. Il faudra aussi être attentif à l'échauffement (commencer par des rangs peu pentus), surveiller la fréquence cardiaque de l'animal et limiter le temps global de travail (répartition sur plusieurs jours de l'intervention, ou sur plusieurs chevaux, par exemple).

Une autre possibilité est de réduire la vitesse de travail et de cadencer le pas, en effet le cheval a tendance spontanément à accélérer dans les montées, ce qui est contre-productif. Il faut au contraire le ralentir...

Et évidemment, le choix d'un cheval adapté (plus léger, plus trapu) et au pas naturel plus lent est à privilégier.

Nous poursuivrons notre réflexion avec une étude de cas plus général dans un prochain billet...