En débardage, en particulier en montagne, la sous-ventrière est très sollicitée...


Christian Deiber lors d'un chantier-école à Montdenis en 2007 avec un harnais de débardage Hippotese.

Surtout au passage des talus... Ici, en Maurienne, la pente est formée de terrasses et de "broues" (nom local des talus) et les ruptures de pente sont fréquentes et donc le cheval tire quelquefois avec son ventre (sa sangle plus exactement)...


Bernard Deschenaux lors d'un chantier-école à Montdenis en 2007 avec un harnais suédois en test et l'arche du porteur norvégien Ulvins.

Ceci dit, tout ceux qui travaillent avec des charrettes à 2 roues ou des tombereaux, même sur le plat, sont (devraient être) aussi sensibles à la largeur de leur sous-ventrière.

Et donc, celà fait longtemps que je veux changer celle de mon harnais chevilatte (à l'origine c'est une simple courroie de cuir de 30 mm de large) par une sous-ventrière plus large, afin d'améliorer le confort de mon cheval.

J'ai profité d'une rupture de celle-ci cet été (due à un accrochage des brancards avec un autre attelage) pour tester une sangle de selle de monte (en peau de mouton synthétique) que l'on trouve facilement dans le commerce (je vous tiendrai au courant de la solidité à long terme de cette solution).


Vue générale des anneaux support des cheville latérales et de la sangle de selle que nous allons utiliser en sous-ventrière.

Ceux qui suivent nos recherches sur le harnais chevilatte, auront remarqué qu'il faut, pour mettre en œuvre cette solution, modifier les anneaux support des chevilles latérales et y ajouter 2 passants sur la partie inférieure pour y fixer les 2 courroies qui permettront de tenir et régler notre nouvelle sous-ventrière.


Gros plan des anneaux support des cheville latérales, en bas, l'anneau d'origine, en haut l'anneau modifié.

Cette modification (soudure de 2 anneaux de chaîne de 50 x 25) permet en outre de séparer les courroies inférieures de l'anneau-support du frottement de la cheville (due au poids des brancards), dont on voit bien le début d'usure qu'elle occasionne à cet anneau (au centre du cercle jaune)...


Gros plan des anneaux support des cheville latérales, en cours de modification, au centre du cercle jaune on aperçoit les traces d'usure dues au frottement de la cheville.

Voici le résultat définitif de ma modification.
On peut voir sur la photo, en haut, la sous-ventrière d'origine et en dessous la nouvelle sous ventrière avec ses 4 courroies de fixation-réglage.
L'ensemble en position moyenne de réglage doit mesurer pour un (fort) comtois 120 cm.


Vue d’ensemble de la nouvelle sous-ventrière avec ses 4 courroies de fixation-réglage. En dessus, pour mémoire, la sous-ventrière d'origine.

On peut remarquer dans la vue précédente que je n'ai pas réalisé de couture mais que j'ai utilisé des rivets en cuivre massif.
Tout d'abord, je suis un piètre bourrelier et mes coutures ne sont pas très bonnes et puis, je sais par expérience que le montage des rivets n'est pas si facile, à moins de respecter quelques règles simples que je me fais une joie de partager avec vous.

Tout d'abord, on doit trouver des rivets en cuivre massif (que je préfère aux rivets en alu qui semblent moins résistants).
ersonnellement j'utilise des rivets de 20 à 25 mm de long par 5 mm de diamètre que j'achète aux marchands de matériels de sellerie (on trouve ça aussi sur le web).


Les outils que j'utilise pour la pose des rivets de cuivre massif : une pince emporte-pièce, une pince coupante, un marteau de cordonnier, un tas en acier et un morceau de tube.

Le secret d'un bon montage tient en 4 conditions :
- 1ère condition : Les trous dans le cuir doivent être ajustés au diamètre du rivet qui doit forcer pour rentrer. Moi j'utilise une pince emporte-pièce de qualité.
- 2ème condition : On doit couper le rivet à la bonne longueur (2 à 3 mm de plus que l'épaisseur de cuir à assembler), je fais ça à la pince coupante (tenaille russe), une fois le rivet et sa rondelle en place dans le cuir.
- 3ème condition : On doit mater le rivet progressivement, en agissant sur la périphérie du rivet de manière à faire fluer le métal. C'est sans doute le plus difficile et celà demande un certain coup de main. Y aller progressivement par petites touches.
L'utilisation d'un marteau de cordonnier à tête ronde évite de marquer le cuir.
On doit aussi utiliser un "tas" en acier assez lourd pour faire le contre-coup, j'utilise un morceau d'essieu, de section carrée 40x40 à bords arrondis, très efficace.
- 4ème condition : Quant de rivet commence à s'arrondir et à augmenter de diamètre, on doit serrer les deux cuirs en pressant la rondelle à l'aide d'un tube de diamètre adapté.
Personnellement, j'utilise un morceau de tube de cuivre de 12 ou 14.

Enfin, on peut finir "la rivure" toujours très progressivement en amincissant les bords. Il faut veiller cependant à garder assez de matière, c'est ce qui fait la solidité du rivetage.

Voici un petit schéma récapitulatif des différentes phases...


Les différentes phases de la pose des rivets de cuivre massif pour assembler deux morceaux de cuir.

Voici le résultat des rivetages sur les courroies de ma sous-ventrière :


Détail des rivetages des courroies droite (longueur 30 cm) de la sous-ventrière.


Détail des rivetages des courroies gauche (longueur 40 cm) de la sous-ventrière.

Nota : Pour les courroies gauche, j'ai augmenté leur longueur à 40 cm (après réflexion) pour garder plus de possibilités de réglage en cas de test du harnais sur un gros cheval.
Les courroies sont en cuir chromé de 25 mm de large (merci Didier). Les trous des ardillons sont espacés tous les 35 mm.
J'ai aussi utilisé 2 rivets en alu (massif), n'ayant plus de cuivre. Ces rivets sont plus faciles à utiliser car le métal est plus ductile mais je ne sais rien de leur résistance respective.