Voici la suite du carnet de route de l'homme aux Merens, Convergence vers Levier (25), étape Herbeys-Saint Pierre de Chartreuse (38).

Carnet de route suite …La traversée de Grenoble

St Disdier le 06 Aout 2006,au soir,

Salut à tous

Ce week-end je me suis de nouveau approché de Levier. Apres le boulot vendredi 4 au soir je suis allé chez Claude qui m‘avait préparé un bon repas. Et patati et patata, pendant ce temps l’horloge ne s’arrête pas ! Moi j’ai prévu de m’avancer ce soir au centre de Grenoble pour pouvoir partir tôt demain hors de la circulation.

Le temps de décharger la voiture, tente mono-mat et tipi pour les enfants que je laisse à Claude et qui égayeront le campement Hippotese sur le site à Levier. Les harnais que j’avais gardé afin de les nettoyer et graisser auront vite perdu de leur superbe vu les trombes d’eau que nous prenons sur la tête. J’enfile le ciré et je cale le bonnet sur mes oreilles car c’est pas la chaleur. Je garnis et attelle rapidement on se met en route à 21h, le ciel est bien sombre, il fait presque noir….
Claude et Nicole on décidé de me suivre avec les feux de détresse (et heureusement). Bonne descente bien raide pour rejoindre Uriage. Je mets rapidement Ulysse et Ida au trot car il faut pas traîner. On essaye de mettre Keti (la chienne) dans le C15 mais elle aboie tellement qu’on est obligé de la laisser suivre la carriole. C'est son boulot et il faut pas lui enlever ça !
Elle reste bien calée derrière la carriole et ne dévie pas sa trajectoire selon Claude et Nicole qui en sont fort impressionnés !

Je rejoins la route principale entre Uriage (je passe devant le casino ou les 2 grooms qui sont à la porte me regarde d’un air étonné) et Grenoble . Là ça roule encore beaucoup.
Il est interdit de doubler sur 6km, la ligne est continue et des plots au milieu de la route empêchent tous dépassement. Nous avons convenu que lorsque Claude klaxonne c’est qu’il y a a une voiture derrière et donc j ‘essaye tant bien que mal de me serrer pour laisser passer la voiture ou la file de voiture selon le cas.

Il fait nuit noire, la pluie ne cesse pas et les voitures se mettent en plein phare afin d’essayer de comprendre ce qu’il y a en face d’eux. Les chevaux noirs c’est pas salissant mais la nuit ça craint ! J’espère qu’on croisera pas les flics car a mon avis c’est un peu limite……(en fait, carrément à ne pas faire… ) Les chevaux sont au grand trot , il faut qu’on sorte vite de cette route, ensuite il y aura l’éclairage public, ça sera moins pire !

Ca y est nous sommes sous les lampadaires. Nous entrons dans Gières. Là ce n’est que plaques d’égout, bandes visibles au sol de toutes les couleurs, ralentisseurs de toutes formes et de tous matériaux.
Et les reflets de l’eau qui augmentent certains effets avec l’éclairage. Mes petits chevaux ruraux se demandent s’ils n’ont pas changé de planète !!!!
On passe un tunnel tout éclairé en bleu.
Quand on dit qu’on ne fait rien pour égayer les villes on est vraiment de mauvaise foi ! Si, si les architectes font preuve d’une créativité sans limite. D’ailleurs ce tunnel et le rond point qui le précède sont couverts de faïence blanche, c’est l ‘effet que ça donne en tout cas.
Ca ressemble à une grande salle de bain. A leur place j’aurai fait une grosse brosse à dent et un gobelet au milieu du rond point. Mais bon, on peut pas penser à tout !!!

Bon, bon je divague et on avait dit qu’on convergeait J ‘arrête.
En tout cas les chevaux se comportent bien et c’est l’essentiel.
Je passe près d’un groupe de jeunes (c’est pas pour dire mais je croyais que c’était interdit de se regrouper en bas des escaliers …) Ca roule des mécaniques mais à mon approche, la chienne se dirige vers eux et aboie gentiment et hop ça fuit dans tous les sens comme une nuée de moineaux ! Je leur souhaite une bonne soirée tout de même.

On est dans Gières et à présent il faut se diriger vers le domaine universitaire où j ‘ai prévu de bivouaquer. J’hésite et ne retrouve pas le tunnel qui passe sous la rocade.
Claude et Nicole ne retrouvent pas non plus.
Tout le quartier a été réorganisé. Arrive un jeune que j’interroge.
Il nous explique la route , mais pour faire plus simple il monte dans la carriole et me guide parmi le dédale de rues.
Finalement on prend quand même une route importante (que je voulais éviter) mais il n’y a guère de voitures et on rentre vite dans le domaine universitaire. On passe encore sur les rails du tramway…. Les chevaux auront tout vu !
Dans le domaine il n’y a pratiquement personne, il y a des arbres, de la pelouse, on respire un peu.
On arrive à 22h30 près de l’Isère (1h30 pour faire 15km).
Laurent devrait être là mais y’a personne. Je lui avais dit que j’arriverais à la nuit tombante. Pour être tombée, elle y est depuis longtemps (Laurent est resté jusqu'à 21h45 puis est reparti fort déçu mais non sans avoir sillonné tout le campus).
Je gare la carriole et mets les chevaux à l’attache à proximité et leur partage une botte de foin.
Je vais chercher 2 seaux d’eau à une borne incendie voisine. (Les cantonniers ont les clés carrées pour ouvrir les bornes, j’avais prévu le coup). Benoît l’étudiant en droit qui nous a guidé jusque là, gardera sans doute un souvenir original de sa promenade nocturne. Je lui ai laissé l’adresse du site, il nous donnera peut-être ses impressions. En tout cas il a été fort sympa.
Claude et Nicole le laisse et ramène Benoît chez lui. Encore un grand merci à eux.
Il pleut toujours. Je me calfeutre dans ma carriole humide et essaye de dormir. Quelques voitures passent mais c’est calme. A 1h30 une voiture s’arrête a ma hauteur. Je sors la tête de la carriole. La société « Securitas » veille !
L’homme sort de son véhicule pas trop rassuré car son chien aboie à l’intérieur, la mienne aussi ! Le type, plein de mousquetons à la ceinture, une grosse torche à la main (il fait clair on est sous les lampadaires !) Il est très correct et s’inquiète de savoir ce que je fais et a eu peur que des poneys tous proches de là se soient échappés. Il me dit que tout est calme et que souvent il en voit des vertes et des pas mures. Je veux bien le croire, il me souhaite une bonne nuit et continue sa virée.
Vers 3 heure, j’entends un cheval sur la route. Il faut que je me lève. Le doigt du mousqueton s’est ouvert (t’avais raison Laurent, les mousquetons à vis, c’est mieux …).

5H30, hop, debout, faut pas traîner. A 6H00 je suis en route. En 30 mn je suis hors de Grenoble, sur la route de la Chartreuse. Ca aura permis de chauffer un peu les chevaux, car pour aller au col de Porte, ça monte sans discontinuer. (1100 m de dénivelé).
A 9H, je suis au SAPPEY et nous avons réalisé 800 m de dénivelé. J’ai fais une pose en route pour faire souffler les chevaux et me chauffer un café (les 2 bistrots que je croise sont fermés).
Les chevaux arrivent et ne sont même pas essoufflés. Ils sont vraiment en forme.
Isabelle et André m’accueillent gentiment. Un parc est prêt pour les chevaux. Nous sommes gâtés. J’avais prévu de dormir là, mais comme ça va pas mal je poursuivrai jusqu’à St PIERRE, qui est le but de mon week-end, dans l’après-midi.
Je mange avec eux et fais une petite sieste. Entre temps, 3 jeunes filles sont venues voir les chevaux et ont décidé de les brosser. A mon réveil, je vois mes chevaux luisants (ils étaient dans la boue 30 mn avant), les queues et les crinières démêlées et lustrées. Les pieds graissés. Bravo !

Je me mets en route pour St PIERRE. Il n’y a plus que 10 km et 300 m de dénivelé.
Isabelle m’accompagne, ainsi que les 3 jeunes filles et Félix, le fils des amis de St PIERRE, se joint à nous.
Le temps de démarrer et se sont des trombes d’eaux qui s’abattent sur nous. Je ré-enfile le ciré et tout le monde se serre derrière ! On est vite à St PIERRE. On se quitte et on se dit peut être à Levier.

Jean-Miche et Domi m’accueillent et on va mettre la carriole chez Claire et Gilles qui élèvent des chèvres angoras. Ils m’ont fait un parc plein d’herbe grasse.
La soirée s’écoule autour d’un verre (peut être deux !) où l’on se plait à refaire le monde (une fois de plus !) Entre nano-technologie, guerre du Liban et mouvement alternatifs.
Me voici de retour dans le Dévoluy. Ici, il n’a pas plut une goutte ! Je travaille lundi, mardi et mercredi. Mercredi soir, on remonte en Chartreuse avec les enfants et ce coup là, et on y va pour de bon !

Et vous ? Elles sont prêtes ces carrioles ? Les chevaux ont la forme ? J’ai hâte de vous retrouver à Montagna le Reconduit.

A très bientôt. Bises à tous Saluti !

Didier

PS : Bientôt des infos sur le village Traction Animale.

Une petite photo, un peu ancienne du chariot de Didier et ses Merens, lors d'un week-end en ballade dans Le Dévoluy