Et voici donc l'objet de mon courroux...

Vous avez tous pu lire dans le précédent numéro de Sabots (N°56) du 29 août 2013, une mise au point sur les maringotes du Mont Saint Michel... (pour ceux qui ne l'ont pas acheté à temps, je vous ai fait un petit pdf de l'article accessible ici).

Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai pas tout de suite compris vraiment de quoi il s'agissait...
L'article n'est pas très clair et ne fournit pas les documents mis en cause nous permettant de comprendre de quoi il s'agit...

Je savais qu'une évaluation des chevaux et des meneurs avait été commanditée par le Syndicat Mixte du Mont Saint Michel à la fin du mois de mai, suite à l'accident d'une maringote le 8 avril 2013 (PDF ici) et avant l'ouverture au public du service de transport hippomobile prévue pour le 3 juin 2013.

J'avais entendu dire que le résultat n'était pas bon (un seul meneur sur 23 a réussit les 3 épreuves et seulement 12 chevaux sur 23), mais n'ayant été destinataire ni de la synthèse de l'expertise, ni du communiqué de presse qui avait suivit, j'avais, trop occupé par mes foins, je l'avoue, un peu lâché l'affaire...

Suite, à la lecture de l'article du magazine Sabots, j'ai demandé au SNCP s'il pouvait me fournir les documents mis en cause, afin de les lire et de vous en faire profiter...

Je vous laisse les étudier avant de vous donner ma lecture critique de cet article qui m'a mis en colère...

Compte-rendu de l'Expertise commanditée par le Syndicat Mixte du Mont Saint Michel,

Et réalisée autour du 20 mai 2013 par :
- L’Institut Français du Cheval et de l’Equitation (IFCE) représenté par : Antony GOHIER, Catherine LE VEZOUET, Jacques TAMALET, Renaud VINCK.
- Le Syndicat National des Cochers et utilisateurs professionnel d’Animaux Attelés (SNCuPaa) représenté par : Olivier COURTHIADE, Yves DECAVELLE et Luc MICHELON.

Début août 2013, le SNCP, observant qu'il n'a pas été tenu compte, de manière suffisante, de leurs remarques, décide de rendre publique leurs conclusions dans un communiqué de presse dans l'espoir de mettre Transdev/Veolia (employeur des meneurs), Norbert Coulon (fournisseurs des chevaux) et les élus (maître d’œuvre de l'ensemble) devant leur responsabilité.

Communiqué de presse du SNCP ici...

Ce communiqué de presse sera repris par l'Agence France Presse (AFP) mi-août puis diffusé par de nombreux journaux, radios et télés (Le Télégramme, TV5 Monde,Le JDD, Sciences et Avenir, Europe1, La Croix... des 19 et 20 août 2013).

Voici, par exemple, l'article du Journal Du Dimanche du 19 août 2013, écrit comme beaucoup d'autres à partir d'une même brève de l'AFP...

Voir aussi l'article de Chevalmag.com qui est le plus fourni de tous et resitue, par un vrai travail journalistique, le problème dans son contexte (ici en pdf pour archive)...

Mais revenons maintenant à l'article du N°56 de Sabots...

Le communiqué "suicidaire" me semble plutôt positif puisqu'il nous permet aujourd'hui de parler des problèmes de sécurité et de validation de formation au sujet de l'attelage professionnel.
Certes, il met à jour un résultat d'expertise que certains auraient sans doute préféré garder pour eux, mais s'il dérange aujourd'hui c'est justement parce que la qualité de cette expertise réalisée par deux organismes reconnus (l'IFCE et le SNCP) ne peut être mise en cause.

En quoi un touriste/vacancier est-il capable de juger de la sécurité d'un l'attelage ?
Il va peutêtre falloir faire passer les audits des commissions de sécurité dans les villages-vacances...

Ces experts ont été reconnus par les différentes parties prenantes, les critères de leur expertise ayant été acceptés, on peut difficilement les remettre en cause par la suite...

- L'Expertise (audit qualité) : Diligenté par le Syndicat Mixte du Mont Saint Michel sur les recommandations de la Commission Nationale des Chevaux territoriaux et dont le principe a été accepté par Transdev et Norbert Coulon a été réalisée par :
- L’Institut Français du Cheval et de l’Equitation (IFCE) représenté par : Antony GOHIER, Catherine LE VEZOUET, Jacques TAMALET, Renaud VINCK.
et
- Le Syndicat National des Cochers et utilisateurs professionnels d’Animaux Attelés (SNCuPaa) représenté par : Olivier COURTHIADE, Yves DECAVELLE et Luc MICHELON.

L'expertise chevaux était basée sur le BAC Attelage® (Bilan des Acquis et du Comportement), (voir ici quelques infos des Haras sur le BAC équidé et l'option attelage).

L'expertise meneur était basée sur l’examen du Certificat de Spécialisation , "Utilisateur de Chevaux Attelés", (voir la fiche du Le Répertoire National des Certifications Professionnelles sur le site du Ministère ici (ou en PDF ici)).

Pour les tests in situ (l'audit qualité), 11 chevaux recalés sur 23 et un seul meneur sur 23 qui a réussit les 3 épreuves du CS, quelques insuffisances quoi...

Évidemment, il ne s'agit pas d'accabler les meneurs du Mont Saint Michel, ce sont avant tout des chauffeurs de bus titulaires du permis de transport en commun (et pour celà sûrement au fait des problèmes de sécurité), ils ont été formés en 400 heures à une formation "attelage" spécifique (Spécialité d'initiative locale (Sil) "Conduite d'attelage en zone urbaine et/ou touristique") différente du CS-cocher (qui lui se fait 497 heures en centre et 420 heures en entreprise) et n'ont pas beaucoup mené pendant un an à cause des problèmes des maringotes.
Mais alors qui a décidé que leur formation et leur diplôme ne serait pas ceux qui sont maintenant reconnus partout en France ? (et préparés par de nombreux centres sur tout le territoire).
Aurait-il été acceptable qu'ils n'aient pas le même permis de conduire "transport en commun" que les autres chauffeurs de bus, dans la mesure où ils conduisaient sur une route particulière ?
Et qui a décidé de démarrer le service public des maringotes le 3 juin 2013, alors que les entraînements des meneurs n'étaient (peutêtre) pas suffisants ?

Si je comprend bien, si cet audit n'avait pas été "diligenté", certains chevaux "inaptes" seraient aujourd'hui attelés devant des maringotes ?

Doit-on conclure que le syndicat de cocher (SNCP) siégeant à la "commission cheval" ne peut jouer son rôle de "lanceur d'alerte" et doit mettre "son mouchoir dans sa poche" devant les investissements de Transdev ? (voilà qui ne donne pas envie de faire partie d'une commission d'Experts...)
Le rayonnement du "formidable chantier" de la "traction animale" justifie-t-il ce fonctionnement pour le moins "original" ?
Quand aux mesures prises sur les recommandations du SNCP (et de l'IFCE), elles devaient sembler bien dérisoires face aux résultats de l'audit...

Ce n'est pourtant pas ce qui est écrit ni avant, ni après...

En fait seulement l'essentiel des remarques... Encore faut-il se mettre d'accord sur l'essentiel...

"La mise au point des maringotes s'effectuera au fur et à mesure de leur utilisation..." ça c'est de l'anticipation...
Et pour info sur l'antériorité d'interlocuteurs compétents, je précise que Le SNCP a été créé en 1999 et que la 1ère session de formation "CS cocher" (faisant suite au "SIL attelage") date de janvier 2006, au CFPPA de Montmorot (Jura), la Commission des Chevaux Territoriaux date de 2005 et a été officiellement créée en 2010. Ceci dit l'antériorité n'a jamais été un gage de qualification...

Pour le soutien de tous les acteurs à ce projet, je suis assez "pour", mais pas "sans réserve", nous continuerons à relever ce que nous considérons comme des dysfonctionnements afin que ce projet devienne réellement un exemple pour nous tous...

A la lecture des dires de chacun dans cet article, Je ne suis pas sûr que toutes les garanties soient prises, mais restons positif et espérons que l'entreprise de transport a bien compris l'obligation de formation continue de ses cochers et l'obligation de sélection des chevaux de son prestataire...

Et pour un prochain (gros) projet de chevaux territoriaux, mettons-nous tous d'accord sur la seule validité d'une formation unique connue et reconnue par tous, la seule validité d'une qualification des chevaux d'attelage connue et reconnue par tous.
Acceptons que des organismes de contrôle indépendants vérifient ces qualifications dans la transparence et pour la sécurité commune, comme c'est le cas pour le permis de conduire, le contrôle technique et les commissions de sécurité dans le domaine automobile.