La trépigneuse est un manège utilisé en agriculture. Inventée par Émeric Lesix en 1859, elle est destinée à mettre en mouvement des machines agricoles à poste fixe.


Une trépigneuse sur le catalogue Pilter en 1880

Son faible encombrement et sa mobilité justifient le succès qu'elle connut en France entre 1850 et 1910, accompagnant facilement l'entrepreneur de battage qui passait de ferme en ferme au moment des moissons (ou plus tard dans la saison).

Elle consiste en un plan incliné à tablier (tapis roulant) qui se déroule sous les pieds du cheval et transmet la force nécessaire au fonctionnement de la machine.

Ce tapis roulant est supporté par des chaînes en boucle, guidées par des rouleaux et des rails fixes, qui entrainent une roue dentée (comme le ferait une chaîne de vélo), cette roue dentée est reliée à une poulie de diamètre variable, adapté à la vitesse et la puissance de sortie nécessaire.

Un cheval de trait (qui doit être le plus lourd possible) utilise son propre poids pour mettre en mouvement le tapis (parfois recouvert de sisal tressé), en marchant constamment sur place (d'où le nom de trépigneuse qui vient du germanique "trippôn" : "sauter").

Les trépigneuses, appelée aussi "tripotin", "tripoteuse" ou encore "manège à plan incliné", peuvent être conçues pour un ou deux chevaux (ou boeufs), le tapis est alors plus large. On les utilise principalement pour entraîner des batteuses.


On trouvait de nombreuses trépigneuses à 2 chevaux au Canada

Le travail du cheval est assez fatigant : il marche en continu sur une pente à 20° (soit plus de 36%), les "anciens" affirment que les séquences ne devaient pas durer plus de 20 à 30 mn, après quoi on serrait le frein à patin, sur la poulie de sortie, à l'aide d'un grand levier, pour une pause d'au moins 15 mn.

Les trépigneuses seront remplacées à partir de 1910 par des machines à vapeur et disparaîtront complètement du paysage rural après la seconde guerre mondiale.


On voit ici un châssis de trépigneuse sur lequel a été adapté une machine à vapeur.

Mais revenons à notre sujet initial : Le véhicule à moteur animal embarqué...

On comprend aisément, après ces explications, que c'est une "fausse nouvelle bonne idée".
En effet le système mécanique de la naturmobile (voir billets précédents ici et ) est une aberration technique pour entraîner un véhicule sur route.

  • Tout d'abord, le cheval de 700 kg (par exemple) et sa trépigneuse (300kg) sont portés par le véhicule, ce qui ajoute à celui-ci une charge "morte" de 1 tonne (ce qui double au moins le poids du véhicule à vide !),
  • toute transmission de mouvement entraînant des pertes de rendement, la complexité du système mécanique proposé (galets, chaîne, engrenages...) nous fait gaspiller sans doute pas mal d'énergie inutilement,
  • Ensuite toutes les demi-heures, le véhicule doit s'arrêter un quart d'heure (repos du forçat !),
  • D'autre part à cause de la configuration du système le cheval ne peut pas trotter (ce qui le délasserait sans doute) et doit se trouver dans une situation bien inconfortable pour retenir ses pas dans les fortes descentes,
  • C'est bien sûr sans compter la discutable et difficile relation du meneur avec son cheval (confiné au rôle d'un moteur à régime continu, dans sa caisse), transmet-on les ordres par haut-parleurs et stimulations électriques ? Il est amusant de voir à ce sujet les pictogrammes anti-maltraitance sur le site du projet,
  • Et aussi le coût du système mécanique qui ne fait pas mieux, loin de là, qu'un bon harnais dans un brancard...

Bref, j'avoue être très sceptique sur ce projet qui pour moi frise le canular, mais vous pouvez ne pas partager ce sentiment, les commentaires sont là pour ça... (avec modération...).