Mise au Point sur le projet hippomobile du Mont Saint Michel...
Par Deny Fady le lundi 14 octobre 2013, 00:22 - General - Lien permanent
Depuis longtemps, à Hippotese, nous suivons le projet hippomobile du Mont Saint Michel dans l'idée que celui-ci est une vitrine internationale de la Traction Animale, et que donc, il se doit de réussir et d'être à tous les points de vue, exemplaire.
Et il l'est certainement, mais malheureusement le plus souvent dans le mauvais sens du terme...
Petit rappel de quelques faits...
Après les errements de la conception des maringotes et de leur capacité inadaptée à la traction par 2 chevaux, que nous avions dénoncé, sur le blog d'Hippotese, il y a plus de 2 ans, (voir articles précédents). celles-ci ont été entièrement repensées depuis.
Les maringottes de première génération, aujourd'hui détruites, 5,6 tonne de PTC...
En effet, les maringotes originelles étaient prévues pour 50 places (ramenées à 45 ensuite) par les "ingénieux ingénieurs" de Véolia-Transdev, elles furent rapidement retoquées.
À la fabrication, elles pesaient 2 tonnes à vide pour 3,6 tonnes de chargement en comptant une moyenne (haute) de 80 kg/pers, soit un total de 5,6 tonnes.
Elles furent (évidemment) retirées de la circulation après quelques essais...
Les nouvelles maringotes (2013) sont prévues pour 22 personnes (1,2 tonne à vide et 1,8 tonne de chargement en comptant une moyenne (haute) de 80 kg par personne, soit un total de 3 tonnes.
Les nouvelles maringottes de 2013, 3 tonnes de PTC...
Nous voilà revenu à ce que nous préconisions, il y a prés de 4 ans, en effet, nos premiers discordes sur ce point, avec les ingénieurs de Véolia, datent du Salon de l'Agriculture de 2009, confirmé par les essais auxquels nous avions participé en 2009 et 2010, via la collaboration au projet de Hervé Jourdain (CERRTA/Hippotese), qui fut écarté ensuite pour divergences de vues... (les ingénieurs n'aiment pas être contredits par les hommes de terrain)...
En "exclusivité Hippotese", je vous livre le documents de travail des ingénieurs de Véolia en 2010. Vous apprécierez les belles formules qui "prouvent" que 2 chevaux sont capables de tirer 5,6 tonnes, alors que tous les "hommes de chevaux" savent depuis 2 siècles que la charge nominale (sur route) pour 2 chevaux se situe autour de 3 tonnes...
A télécharger ici (attention, un peu lourd, 2,8 Mo...).
Si je vous fait ce rappel, ce n'est pas pour tirer une quelconque gloriole de notre sens prémonitoire, mais plus simplement pour dénoncer l'état d'esprit qui fait penser à nos "lettrés" (dans lesquels j'inclue un bon nombre de nos dirigeants politiques, la plupart des bureaux d'études remplis d'ingénieux ingénieurs, certains journalistes aux ordres et quelques arrivistes notoires...) que les Gens de Terrain (que je préfère aux "professionnels de la profession") sont des crétins indécrottables, réactionnaires à tout changement et jaloux de leurs prérogatives...
Si je ne doute pas qu'il en existe... Je pense aussi qu'il existe des hommes honnêtes, qui peuvent mettre leur expertise au service de tous et qui sont insensibles aux pressions du pouvoir, de la notoriété ou de l'argent...
C'est pourquoi, dans un prochain billet, je vous expliquerai ma colère, à la lecture du dernier Sabots (N°56) qui critique les membre du Syndicat des Cochers Professionnels, qui sont pourtant les dignes représentants de cet esprit libre qui manque souvent à certains...
Commentaires
Peut-être que certains journalistes, en plus des conseils techniques qu'ils en retireraient, devraient venir à Hippotese pour une leçon de style.
Bravo
"Toute l'histoire intellectuelle de l'homme consiste à se tromper pour finalement trouver la réponse juste" ...
Mais c''est vrai aussi que nombre d' "ingénieux ingénieurs" sont convaincus que leurs connaissances scientifiques et techniques, et autres formules théoriques qui les régissent, sont une quasi-religion dogmatique.
Plusieurs déclarations de responsables de ce projet, relayées par des articles de presse, ont avancé que les principales raisons de l'échec de la première version des maringottes étaient d'ordre mécanique, certains engendrant des lacunes sécuritaires pour une utilisation sur la voie publique...
Si cette explication était véridique, cela ne remettrait pas en question les calculs très optimistes des ingénieurs Véolia. Qu'en est-il ?
Par ailleurs, ce projet a soulevé bien d'autres points encore flous, notamment la validité des formations des cochers et la reconnaissance des qualifications acquises, sans parler des autres détails soulevés par les uns et les autres :
(ex. http://lemontsaintmichel.centerblog...
Il serait très intéressant de faire une analyse globale et hiérarchisée de ce projet, de soulever les points positifs, les négatifs, et ceux qui restent encore assez flous :
- nombre maximum de passagers embarqués dans un véhicule hippomobile,
- dispositifs obligatoires sur un véhicule hippomobile circulant sur la voie publique,
- dispositif de sécurité pour les passages (l'attelage étant une discipline équestre, le port du casque est théoriquement obligatoire,
- PTAC, PTRAC, …
- passage au service des Mines,
- âge et qualification du meneur,
- Vérification que le ou les chevaux utilisés sont adaptés à l'usage qui en est fait (taille, race, dressage, entrainement, ...)
- etc...
Pour ouvrir le débat, voici 2 commentaire que j'ai copiés-collés sur des blogs équestres évoquant la mise en oeuvre de véhicule hippomobile sur la voie publique.
Désolé, c'est un peu long (je les ai mis en lien vers un pdf), mais les points évoqués et remarques faites sont intéressants pour ouvrir un débat constructif :
http://cjoint.com/?CJtl7jZwWiL
Pour infos, j'ai trouvé par hasard cette page Wiki sur les transports et déplacement hippomobiles.
Cette page est encore incomplète, mais sous réserve que les infos sont vraies, c'est déjà une bonne base :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Circul...
Hervé ayant participé aux premiers essais de traction effectués avec Veolia, et étant cité dans différents documents aimerait apporter quelques précisions.
La formule théorique citée dans le billet, n’est que la traduction mathématique des lois de la nature, et les résultats théoriques (816 kgf au coup de collier et 203 kgf en « vitesse de croisière ») ont été vérifiés lors des essais sur le terrain (645 à 1110 kgf au coup de collier et 91 à 130 kgf en croisière), sachant que le coup de collier est essentiellement variable en fonction du meneur et des chevaux, et que la force du vent était faible ce jour là (elle représente environ 100 kgf dans la formule théorique).
La formule théorique fait apparaitre d’une part la résistance au vent (pas négligeable sur le site du Mont-Saint-Michel) et également le coup de collier (accélération départ/arrêt), ce qui est plutôt bien.
Ce type de projet, peut s’apparenter à un prototype, et comme tous les prototypes, il nécessite une phase de mise au point, certainement des erreurs ont été commises, maintenant il s’agit de les corriger (plus facile à dire qu’à faire).
Sans aller plus en détail dans le projet, nous pensons simplement qu’un tramway hippomobile (rail), aurait solutionné beaucoup de problèmes (nous l’avions préconisé).
Partir en guerre contre Véolia et Sabots ne me parait pas la meilleure solution. Lorsqu’un journal publie quelque chose d’erroné, on a un droit de réponse, à nous de l’utiliser.
Nous pensons qu’aujourd’hui, Véolia a des infos concernant les capacités de traction des chevaux et que nous n’avons pas accès aux résultats de leurs essais, ce qui est dommage.
Effectivement, le travail d’expertise du Syndicat de Cochers et l’IFCE, est intervenu à un moment où la situation était complètement bloquée pour les deux parties, ce travail s’est appuyé sur 2 tests reconnus et ayant le mérite d’exister, du coté meneur : la partie pratique UC2 (Unité Capitalisable) du Certificat de Spécialisation Utilisateur d’Animaux Attelés, et du coté chevaux : le BAC (Brevet d’Aptitude au Comportement) de l’IFCE.
Ce que l’on peut regretter, c’est que personne n’ait tenu compte de cette évaluation (Syndicat mixte et Véolia). Pour Sabots, on peut boycotter, mais c’est un des rares journaux (en France) traitant de la traction animale, et on ferait mieux d’y collaborer en publiant régulièrement un article dedans.
Nous sommes tellement peu nombreux à intervenir dans la traction animale en France, qu’il faut de temps en temps savoir mettre notre égo de côté, « enterrer la hache de guerre », et savoir, tout en restant critique continuer à construire les uns avec les autres.