Hippotese, Le cheval de Travail

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Mot-clé - Mont-Saint-Michel

Fil des billets - Fil des commentaires

lundi 14 octobre 2013

Mise au Point sur le projet hippomobile du Mont Saint Michel...

Depuis longtemps, à Hippotese, nous suivons le projet hippomobile du Mont Saint Michel dans l'idée que celui-ci est une vitrine internationale de la Traction Animale, et que donc, il se doit de réussir et d'être à tous les points de vue, exemplaire.

Et il l'est certainement, mais malheureusement le plus souvent dans le mauvais sens du terme...

Petit rappel de quelques faits...

Après les errements de la conception des maringotes et de leur capacité inadaptée à la traction par 2 chevaux, que nous avions dénoncé, sur le blog d'Hippotese, il y a plus de 2 ans, (voir articles précédents). celles-ci ont été entièrement repensées depuis.


Les maringottes de première génération, aujourd'hui détruites, 5,6 tonne de PTC...

En effet, les maringotes originelles étaient prévues pour 50 places (ramenées à 45 ensuite) par les "ingénieux ingénieurs" de Véolia-Transdev, elles furent rapidement retoquées.
À la fabrication, elles pesaient 2 tonnes à vide pour 3,6 tonnes de chargement en comptant une moyenne (haute) de 80 kg/pers, soit un total de 5,6 tonnes.

Elles furent (évidemment) retirées de la circulation après quelques essais...

Les nouvelles maringotes (2013) sont prévues pour 22 personnes (1,2 tonne à vide et 1,8 tonne de chargement en comptant une moyenne (haute) de 80 kg par personne, soit un total de 3 tonnes.


Les nouvelles maringottes de 2013, 3 tonnes de PTC...

Nous voilà revenu à ce que nous préconisions, il y a prés de 4 ans, en effet, nos premiers discordes sur ce point, avec les ingénieurs de Véolia, datent du Salon de l'Agriculture de 2009, confirmé par les essais auxquels nous avions participé en 2009 et 2010, via la collaboration au projet de Hervé Jourdain (CERRTA/Hippotese), qui fut écarté ensuite pour divergences de vues... (les ingénieurs n'aiment pas être contredits par les hommes de terrain)...
En "exclusivité Hippotese", je vous livre le documents de travail des ingénieurs de Véolia en 2010. Vous apprécierez les belles formules qui "prouvent" que 2 chevaux sont capables de tirer 5,6 tonnes, alors que tous les "hommes de chevaux" savent depuis 2 siècles que la charge nominale (sur route) pour 2 chevaux se situe autour de 3 tonnes...
A télécharger ici (attention, un peu lourd, 2,8 Mo...).

Si je vous fait ce rappel, ce n'est pas pour tirer une quelconque gloriole de notre sens prémonitoire, mais plus simplement pour dénoncer l'état d'esprit qui fait penser à nos "lettrés" (dans lesquels j'inclue un bon nombre de nos dirigeants politiques, la plupart des bureaux d'études remplis d'ingénieux ingénieurs, certains journalistes aux ordres et quelques arrivistes notoires...) que les Gens de Terrain (que je préfère aux "professionnels de la profession") sont des crétins indécrottables, réactionnaires à tout changement et jaloux de leurs prérogatives...
Si je ne doute pas qu'il en existe... Je pense aussi qu'il existe des hommes honnêtes, qui peuvent mettre leur expertise au service de tous et qui sont insensibles aux pressions du pouvoir, de la notoriété ou de l'argent...

C'est pourquoi, dans un prochain billet, je vous expliquerai ma colère, à la lecture du dernier Sabots (N°56) qui critique les membre du Syndicat des Cochers Professionnels, qui sont pourtant les dignes représentants de cet esprit libre qui manque souvent à certains...

dimanche 20 mars 2011

Pourquoi le projet Hippomobile du Mont Saint Michel se doit de réussir !

Si nous sommes critique aujourd'hui vis à vis du projet de navettes hippomobiles au Mont Saint Michel, c'est pour des raisons philosophiques et techniques...

Mais d'abord, levons tout de suite une ambiguïté. Le projet de navettes hippomobiles du Mont Saint Michel doit réussir !
C'est un projet d'envergure (40 chevaux impliqués), d'audience mondiale (Le Mont Saint Michel est un des sites les plus visités au monde), et l'ensemble de la filière nationale et internationale du cheval de trait (du cheval de travail) bénéficiera des retombées médiatiques si ce projet est une réussite.

C'est aussi pourquoi, nous avons tous la responsabilité de faire en sorte que ce projet aboutisse positivement et donc aussi celui d'être critique sur les choix qui peuvent nous apparaître discutables.

Les choix philosophiques... Avoir choisi (*) une entreprise privée peut-être plus intéressée par un coup de peinture verte sur ses activités (l'avenir nous le dira) que de promouvoir l'énergie animale, est un choix discutable.
Il aurait sans doute été possible de garder la maîtrise du projet dans une structure collective (GIE, Association...) qui aurait regroupé les utilisateurs de chevaux du secteur, les syndicats de race, les haras nationaux (IFCE), les élus locaux et d'autres partenaires d'audience nationale...
Il aurait sans doute aussi été possible de faire un projet purement hippomobile et pédestre, plutôt que mixte avec les navettes automobiles (les passeurs) et hippomobiles (les maringotes), mais celà demandait une prise de risque plus grande sans doute...
Bref, ces choix sont faits, il est trop tard pour les remettre en cause...
On peut espérer qu'une entreprise comme celle qui a été choisie, se donnera les moyens de faire aboutir la partie hippomobile de ce projet au moins pour sauver son image...

(*) L'entreprise Véolia a été retenu via une Délégation de Service Public pour la construction et l'exploitation des parcs de stationnement et des navettes de transports en octobre 2009.

Les choix techniques... Avant de discuter les choix techniques (dont nous reparlerons dans un futur billet), il est peut-être bon de vous faire une synthèse des informations techniques que nous avons réussi à glaner... (ce genre de projet hésite toujours entre une stricte confidentialité technique et l'envie de diffuser aux médias quelques données concrètes pour faire de la mousse...)


NB : certaines données varient suivant les sources, nous les avons données telles que connues...

Les données connues...

Les Maringotes : Les navettes hippomobiles, sont appelées "Maringotes".
Pour la petite histoire le Littré définit le terme comme : Une petite voiture hippomobile, ordinairement suspendue, garnie de barreaux sur les côtés, et à deux fins, les bancs étant mobiles).

Certains prétendent que les voitures à cheval (souvent appelé "voitures de Genêts) qui à marée basse traversaient la baie, de la pointe des Genêts au Mont Saint Michel, étaient appelées "Maringottes" (avec 1 ou 2 "t"), je n'ai pas trouvé de confirmation de cette information.

Les Maringotes "modernes" ont été conçues par Véolia (qui, dit-on, a déposé un brevet sur leur système directionnel à 2 phases, qui permet un retournement à court rayon de braquage en bout de course).
Ce sont des voitures à pneus, de design moderne, à impériale, de 7 m de long et 2,5 m de large, pour 1,5 tonne de poids à vide (PV) (dans un document, ils parlent de 2 tonnes de PV) et 50 places.
Elles seront fabriquées en région, dans la Manche. Il est prévu de mettre en service 6 Maringotes au maximum (mais on a parlé de 6 à 8 au début).

Elles devraient permettre selon les prévisions de capter 10 à 15% du trafic passagers (3 millions/an de visiteurs au Mont) soit 350.000 personnes par an. Comme les maringotes en PTC (Poids Total en Charge) sont estimées à 5,5 tonnes (j'ai trouvé des indications de 5 à 6 tonnes), j'en conclu que la charge maxi sera de 4 tonnes. Ce qui correspond à 50 personnes de 80 kg de moyenne ce qui semble une moyenne plutôt importante (famille avec enfants) sauf à charger plusieurs équipes de rugbymen. Si la charge maxi est à 5,5 tonnes, la charge moyenne, elle, est estimée à 3 tonnes.

Le parcours : C'est un parcours routier sur un pont dont le tablier doit rester peu épais (le plus "transparent" possible pour ne pas gêner l'esthétique du site, nous a-t-on dit), ce qui expliquerait que l'on ne peut pas y placer des rails pour utiliser un tramway plutôt qu'un omnibus.
Si le Mont est à 2,4 km du parking, seulement 2 km seront couverts par les navettes, il restera 400 m à faire à pied...

Il est prévu de faire une pente descendante à 2cm/m (2%) au 2 bouts pour faciliter le démarrage des maringotes après le chargement (mais donc il y aura aussi une pente montante de 2% en fin de chaque aller et de chaque retour).
Le parcours doit se faire au pas sur 500 m, puis au petit trot sur un kilomètre, puis au pas sur 500 m. J'ai trouvé des vitesses prévues de 5 km/h, 7 km/h ou 8 km/h (sans précisions).
L'aller simple doit prendre une vingtaine de minutes (on parle aussi de 30 minutes).
Il n'est pas prévu de pose sauf le temps d'arrêt pour le déchargement-chargement des passagers.
Un aller-retour se fait donc en environ une heure, soit 3 aller-retours en 3 heures (temps d'utilisation voulu pour une paire de chevaux dans une journée, et ce, 5 jours pas semaine.
Départ prévu pour les maringotes toutes les 15 mn en basse saison et toutes les 5 mn en très haute saison (il faudra alors plus de 6 maringotes dans ce cas là).
Le vent maxi qui a été pris en compte est de 50 km/h (les maringotes seront-elles immobilisées si le vent est plus fort ?).

Les chevaux :
Il faudra 40 chevaux (on parle aussi de 38), des Percherons (850 kg), Cobs-Normands (650-750 kg) et des Postiers-Bretons.
Norbert Coulon sera propriétaire des chevaux qui seront loués à Véolia, il assurera leur dressage et leur entraînement. L’écurie sera installée à Beauvoir, près du Mont-Saint-Michel.
Au printemps 2011, trois syndicats de races (percherons, bretons et cobs normands) présenteront les chevaux sélectionnés par leurs éleveurs. Les chevaux recherchés sont, de préférence, des mâles et des hongres adultes (au moins 5 ans).
La formation des meneurs des Maringotes commencera à l’automne 2010 afin qu’ils soient prêts en novembre 2011. Cette formation est assurée par le lycée agricole de Saint-Hilaire du Harcouët dans la Manche.
Norbert Coulon mettra à disposition des meneurs expérimentés pour les former sur les particularités des Maringotes.

Les tests et l'entraînement :
En attendant un protocole d'essais a été mis en place en collaboration avec le Docteur Mathilde Audic de Coutances (Manche), vétérinaire spécialisée en contrôle de chevaux d’endurance en compétition.
Ces phases de test ont pour objectif de définir les conditions optimales de travail des chevaux : rythmes journaliers et hebdomadaires, soins et contrôles vétérinaires, ferrures et harnais...
Une première phase de tests d'effort a permis de déterminer la limite de poids que les chevaux pouvaient tracter sans risque.

"À chaque type d'effort, nous avons mesuré les températures corporelles, les rythmes cardiaques, respiratoires et procédé à des prises de sang afin de vérifier les taux de lactate, significatifs du degré de fatigue musculaire, explique le Dr Audic. Au vu des analyses, nous estimons que des chevaux de traits entraînés peuvent sans difficulté tracter une charge de 10 tonnes. Nous savons que pour un travail d'endurance, il faut être aux alentours de 60 % de la charge maximale. Soit 6 tonnes pour les chevaux de traits qui vont être utilisés sur le site du Mont-Saint-Michel. La Maringote sera, en charge maximale, de 5,5 tonnes, et seulement de 3 tonnes en charge normale."

"Depuis cet automne, trois paires de cobs, percherons et bretons sont testés en situation réelle. Les chevaux semblent à l'aise dans ce nouveau travail, précise le Dr Audic. Avant le début de cette longue période de travail, une série d'examens a été réalisée : échographies des tendons, radiographies des membres, contrôle des lactates... Au bout des six semaines, les mêmes examens permettront de comparer les éventuelles évolutions."


A suivre sur le blog : une lecture critique des choix techniques retenus...