Hippotese, Le cheval de Travail

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dimanche 20 mars 2011

Pourquoi le projet Hippomobile du Mont Saint Michel se doit de réussir !

Si nous sommes critique aujourd'hui vis à vis du projet de navettes hippomobiles au Mont Saint Michel, c'est pour des raisons philosophiques et techniques...

Mais d'abord, levons tout de suite une ambiguïté. Le projet de navettes hippomobiles du Mont Saint Michel doit réussir !
C'est un projet d'envergure (40 chevaux impliqués), d'audience mondiale (Le Mont Saint Michel est un des sites les plus visités au monde), et l'ensemble de la filière nationale et internationale du cheval de trait (du cheval de travail) bénéficiera des retombées médiatiques si ce projet est une réussite.

C'est aussi pourquoi, nous avons tous la responsabilité de faire en sorte que ce projet aboutisse positivement et donc aussi celui d'être critique sur les choix qui peuvent nous apparaître discutables.

Les choix philosophiques... Avoir choisi (*) une entreprise privée peut-être plus intéressée par un coup de peinture verte sur ses activités (l'avenir nous le dira) que de promouvoir l'énergie animale, est un choix discutable.
Il aurait sans doute été possible de garder la maîtrise du projet dans une structure collective (GIE, Association...) qui aurait regroupé les utilisateurs de chevaux du secteur, les syndicats de race, les haras nationaux (IFCE), les élus locaux et d'autres partenaires d'audience nationale...
Il aurait sans doute aussi été possible de faire un projet purement hippomobile et pédestre, plutôt que mixte avec les navettes automobiles (les passeurs) et hippomobiles (les maringotes), mais celà demandait une prise de risque plus grande sans doute...
Bref, ces choix sont faits, il est trop tard pour les remettre en cause...
On peut espérer qu'une entreprise comme celle qui a été choisie, se donnera les moyens de faire aboutir la partie hippomobile de ce projet au moins pour sauver son image...

(*) L'entreprise Véolia a été retenu via une Délégation de Service Public pour la construction et l'exploitation des parcs de stationnement et des navettes de transports en octobre 2009.

Les choix techniques... Avant de discuter les choix techniques (dont nous reparlerons dans un futur billet), il est peut-être bon de vous faire une synthèse des informations techniques que nous avons réussi à glaner... (ce genre de projet hésite toujours entre une stricte confidentialité technique et l'envie de diffuser aux médias quelques données concrètes pour faire de la mousse...)


NB : certaines données varient suivant les sources, nous les avons données telles que connues...

Les données connues...

Les Maringotes : Les navettes hippomobiles, sont appelées "Maringotes".
Pour la petite histoire le Littré définit le terme comme : Une petite voiture hippomobile, ordinairement suspendue, garnie de barreaux sur les côtés, et à deux fins, les bancs étant mobiles).

Certains prétendent que les voitures à cheval (souvent appelé "voitures de Genêts) qui à marée basse traversaient la baie, de la pointe des Genêts au Mont Saint Michel, étaient appelées "Maringottes" (avec 1 ou 2 "t"), je n'ai pas trouvé de confirmation de cette information.

Les Maringotes "modernes" ont été conçues par Véolia (qui, dit-on, a déposé un brevet sur leur système directionnel à 2 phases, qui permet un retournement à court rayon de braquage en bout de course).
Ce sont des voitures à pneus, de design moderne, à impériale, de 7 m de long et 2,5 m de large, pour 1,5 tonne de poids à vide (PV) (dans un document, ils parlent de 2 tonnes de PV) et 50 places.
Elles seront fabriquées en région, dans la Manche. Il est prévu de mettre en service 6 Maringotes au maximum (mais on a parlé de 6 à 8 au début).

Elles devraient permettre selon les prévisions de capter 10 à 15% du trafic passagers (3 millions/an de visiteurs au Mont) soit 350.000 personnes par an. Comme les maringotes en PTC (Poids Total en Charge) sont estimées à 5,5 tonnes (j'ai trouvé des indications de 5 à 6 tonnes), j'en conclu que la charge maxi sera de 4 tonnes. Ce qui correspond à 50 personnes de 80 kg de moyenne ce qui semble une moyenne plutôt importante (famille avec enfants) sauf à charger plusieurs équipes de rugbymen. Si la charge maxi est à 5,5 tonnes, la charge moyenne, elle, est estimée à 3 tonnes.

Le parcours : C'est un parcours routier sur un pont dont le tablier doit rester peu épais (le plus "transparent" possible pour ne pas gêner l'esthétique du site, nous a-t-on dit), ce qui expliquerait que l'on ne peut pas y placer des rails pour utiliser un tramway plutôt qu'un omnibus.
Si le Mont est à 2,4 km du parking, seulement 2 km seront couverts par les navettes, il restera 400 m à faire à pied...

Il est prévu de faire une pente descendante à 2cm/m (2%) au 2 bouts pour faciliter le démarrage des maringotes après le chargement (mais donc il y aura aussi une pente montante de 2% en fin de chaque aller et de chaque retour).
Le parcours doit se faire au pas sur 500 m, puis au petit trot sur un kilomètre, puis au pas sur 500 m. J'ai trouvé des vitesses prévues de 5 km/h, 7 km/h ou 8 km/h (sans précisions).
L'aller simple doit prendre une vingtaine de minutes (on parle aussi de 30 minutes).
Il n'est pas prévu de pose sauf le temps d'arrêt pour le déchargement-chargement des passagers.
Un aller-retour se fait donc en environ une heure, soit 3 aller-retours en 3 heures (temps d'utilisation voulu pour une paire de chevaux dans une journée, et ce, 5 jours pas semaine.
Départ prévu pour les maringotes toutes les 15 mn en basse saison et toutes les 5 mn en très haute saison (il faudra alors plus de 6 maringotes dans ce cas là).
Le vent maxi qui a été pris en compte est de 50 km/h (les maringotes seront-elles immobilisées si le vent est plus fort ?).

Les chevaux :
Il faudra 40 chevaux (on parle aussi de 38), des Percherons (850 kg), Cobs-Normands (650-750 kg) et des Postiers-Bretons.
Norbert Coulon sera propriétaire des chevaux qui seront loués à Véolia, il assurera leur dressage et leur entraînement. L’écurie sera installée à Beauvoir, près du Mont-Saint-Michel.
Au printemps 2011, trois syndicats de races (percherons, bretons et cobs normands) présenteront les chevaux sélectionnés par leurs éleveurs. Les chevaux recherchés sont, de préférence, des mâles et des hongres adultes (au moins 5 ans).
La formation des meneurs des Maringotes commencera à l’automne 2010 afin qu’ils soient prêts en novembre 2011. Cette formation est assurée par le lycée agricole de Saint-Hilaire du Harcouët dans la Manche.
Norbert Coulon mettra à disposition des meneurs expérimentés pour les former sur les particularités des Maringotes.

Les tests et l'entraînement :
En attendant un protocole d'essais a été mis en place en collaboration avec le Docteur Mathilde Audic de Coutances (Manche), vétérinaire spécialisée en contrôle de chevaux d’endurance en compétition.
Ces phases de test ont pour objectif de définir les conditions optimales de travail des chevaux : rythmes journaliers et hebdomadaires, soins et contrôles vétérinaires, ferrures et harnais...
Une première phase de tests d'effort a permis de déterminer la limite de poids que les chevaux pouvaient tracter sans risque.

"À chaque type d'effort, nous avons mesuré les températures corporelles, les rythmes cardiaques, respiratoires et procédé à des prises de sang afin de vérifier les taux de lactate, significatifs du degré de fatigue musculaire, explique le Dr Audic. Au vu des analyses, nous estimons que des chevaux de traits entraînés peuvent sans difficulté tracter une charge de 10 tonnes. Nous savons que pour un travail d'endurance, il faut être aux alentours de 60 % de la charge maximale. Soit 6 tonnes pour les chevaux de traits qui vont être utilisés sur le site du Mont-Saint-Michel. La Maringote sera, en charge maximale, de 5,5 tonnes, et seulement de 3 tonnes en charge normale."

"Depuis cet automne, trois paires de cobs, percherons et bretons sont testés en situation réelle. Les chevaux semblent à l'aise dans ce nouveau travail, précise le Dr Audic. Avant le début de cette longue période de travail, une série d'examens a été réalisée : échographies des tendons, radiographies des membres, contrôle des lactates... Au bout des six semaines, les mêmes examens permettront de comparer les éventuelles évolutions."


A suivre sur le blog : une lecture critique des choix techniques retenus...

mercredi 18 novembre 2009

En 2011, des "maringotes" hippomobiles tirées par deux chevaux, transporteront les visiteurs du Mont Saint Michel

A partir de 2 articles de Jean-Jacques LEROSIER et Christophe LECONTE paru dans Ouest France en octobre et novembre 2009 et qu'un gentil internaute anonyme m'a fait suivre, merci à lui, et du dossier de presse de Véolia, je vous ai fait un petit compte-rendu sur cette affaire...

Veolia Transport, la filiale Transport de Veolia Environnement, remporte l'appel d'offre comme délégataire de service public des structures d'accueil et de dessertes (en véhicule automobile et hippomobile) du Mont Saint Michel.

Nouveau pont
L'actuelle digue-route sera détruite. À la place, un pont-passerelle. Sa construction débutera à l'automne 2010 pour durer 36 mois. Mise en service prévue en 2014. Les premières navettes emprunteront donc la vieille digue-route. Comme le nouveau barrage, le nouveau pont fait partie de l'investissement public, d'un montant global de 164 millions d'euros.

Fin 2011, les visiteurs du Mont-Saint-Michel pourront accéder au pied des remparts en "maringote" tirée par deux chevaux. En 2012, sera mise en service une navette routière gratuite d'une centaine de places.

La convention avec Veolia porte sur 13 ans. Cette délégation de service public démarre par un investissement de 36 millions d'euros (dont 12 sur fonds publics). Trois autres consortiums étaient en compétition : Coriolis-Vinci avec Keolis (SNCF) ; le Canadien SNC Lavalin avec Transdev ; et Spie Batignolles Concessions.

Navette routière gratuite
Imaginée et gérée par Véolia, la future navette reliera la Caserne au Mont, soit 2 km. À la Caserne, l'embarquement des voyageurs, une centaine par navette, se fera à hauteur du nouveau barrage sur le Couesnon, soit à 650 m des parkings. Et non, au parking comme prévu initialement. À l'arrivée, le débarquement se fera à 350 m des remparts et non à 800 m comme envisagé dans un premier temps. Cette navette réversible, comme « un bus à deux têtes », sera gratuite. Mise en service au printemps 2012.

Parking à 8,50 €
Le coût du nouveau parking de 4 200 places, construit au sud de la Caserne, sera de 8,50 € pour une voiture quel que soit le nombre de passagers ; 12,50 € pour un camping-car ; 55 € pour un autocar privé ; 3,50 € pour une moto. Actuellement, le prix du parking sur les grèves est de 4 €. Il doit passer à 5 € au 1er janvier. On pourra aussi venir en bus de la gare de Pontorson, 2 € par trajet.

Montois
Des bus de 20 places seront réservés aux Montois et aux personnes à mobilité réduite depuis le parc de stationnement jusqu'au pied des remparts.

En maringote, dès le 11/11/11
La maringote est une voiture tractée par deux chevaux, la navette hippomobile, baptisée « maringote », est un choix original sur lequel parie Véolia. « On imagine qu'un touriste sur cinq l'empruntera » dit Francis Grass, directeur général de Veolia Transports. La maringote sera payante : 6,50 € par personne, aller-retour.

Quarante chevaux
Des cobs normands, des postiers bretons, des percherons, une quarantaine de chevaux au total, seront affectés à ce service. Lors de la fermeture des actuels parkings maritimes - prévue le 11/11/11 -, la maringote pourra fonctionner. Son slogan : « La maringote est au Mont ce que les gondoles sont à Venise. »

À pied, à cheval, en navette mais pas à vélo
Les bicyclettes seront interdites de circulation sur le nouveau pont, « faute de place pour les stationner au pied du Mont. » En revanche, les cyclotouristes bénéficieront d'aménagements pour leurs vélos et affaires au parking de la Caserne.

L'homme à l'origine du projet
C'est Norbert Coulon, agriculteur et éleveur à Saint-Malo-de-la-Lande (Manche) qui est à l'origine du projet. Il baigne dans le milieu des chevaux de trait depuis tout petit. Il dispute des compétitions internationales d'attelage avec sa fille, et y réussit fort bien. « On a la chance d'être le seul pays du monde à avoir neuf races de chevaux de trait. J'ai toujours pensé que l'on ne les sauverait que s'il y a un intérêt économique. »

Le projet des voitures hippomobiles
Norbert Coulon a pensé aux voitures hippomobiles pour relier le Mont, à partir de La Caserne, « dès que j'ai appris le projet. Mais je me taisais. Cela paraissait tellement énorme ». Il a fini par en parler, et surtout convaincre « les politiques de l'intérêt des chevaux ». Depuis dix ans, il teste la formule avec succès l'été à Gouville-sur-Mer pour visiter des parcs ostréicoles. Pour le projet du Mont, il travaillera avec Veolia, l'entreprise retenue après l'appel d'offres, dont il sera prestataire de service.

La voiture
La première s'élancera le 11 novembre 2011. Le 11 - 11 - 11, pour les distraits. Impossible de montrer la voiture pour le moment. Sa ligne sera design et ressemblera à une voiture de tramway à deux étages. Elle pourra transporter cinquante personnes à la fois. Le service sera assuré par six voitures. Les départs se feront à horaires réguliers, « toutes les cinq minutes en période de pointe ». Le prototype sera testé au printemps et « le constructeur est un local ».

Les chevaux
Norbert Coulon commencera avec des cobs normands, des percherons et des postiers bretons. « Des hongres. Ils sont toujours d'une humeur égale. » Deux chevaux suffiront à tirer une voiture et ses passagers sur les 4 km, aller et retour. « Mais, je réfléchis à une pente douce pour le départ. » À terme, 38 chevaux devront être opérationnels. Il en possède une quinzaine pour le moment. « J'ai tout l'hiver et le printemps pour acheter des chevaux. » Les conducteurs seront du personnel de Veolia.

Le coût pour les visiteurs
Le trajet simple coûtera 4 €, aller et retour 6,50 €. « On estime que 70 % des visiteurs prendront la navette, 20 % la voiture hippomobile et 10 % iront à pied. »

Une vitrine pour les chevaux de trait
Pour l'heure, élever des chevaux de trait relève plus du sentimental que des finances. « Les éleveurs ne savent pas quoi en faire. Un mâle à la foire de Gavray, ça se vend 300 €. Heureusement, la consommation de viande a sauvé des races. » Le Mont sera « une vitrine pour la France, s'enthousiasme Norbert Coulon. Nous sommes les seuls au monde à faire du transport public en voiture hippomobile. Ce n'est pas passéiste. Au contraire, c'est moderne et novateur. »