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vendredi 3 août 2012

Revue de presse... Pas de Maringotes au Mont-Saint-Michel en 2012... Et après ?


On ne verra peutêtre plus de maringotes au Mont Saint Michel...

La nouvelle est tombée sous forme d'un communiqué de Véolia à l'AFP ce jeudi 2 août 2012 : Les 6 Maringotes quittent définitivement le Mont Saint Michel.

(voir nos articles précédents)

Un reportage de FR3 Normandie devenu depuis "collector" !


Les Maringottes du Mont Saint Michel tournent à vide ! par hippotese

Déjà absentes de l'inauguration du 28 avril 2012, puis livrées avec retard et enfin mises à l'essai depuis deux mois, mais sans passager, les Maringottes sont irrémédiablement recalées sur leur test de sécurité et ont été chargées sur des camions, ce vendredi 3 août vers une destination inconnue pour "autopsie"...

En cause, des soudures de châssis peu fiables et des problèmes de direction...

"C’était un prototype unique au monde, qui malgré tous nos efforts n’a pas pu aboutir", reconnaît Régina Dutacq, responsable d’opération chez Veolia qui gère les parkings et les moyens d’accès au Mont.
"Les ingénieurs considèrent en effet que les tests de résistance effectués sur les prototypes n'ont pas été totalement probants et nous avons préféré renoncer à leur utilisation par principe de précaution. Même si aucun danger pour le public n'est clairement apparu, la fiabilité à long terme des navettes n'était pas suffisante", précise t-elle.


Première présentation du prototype de Maringotte, le 6 décembre 2011...

Déjà, lors de leur première présentation par Veolia, le 6 décembre 2011, à en croire le site très documenté lemontsaintmichel.centerblog.net les navettes hippomobile n'avaient pas convaincu les visiteurs, je cite :

"ll est vrai que ces tubulures d'aluminium ornementés en partie de bois, font plus penser à un wagon recustomisé qu'à une maringotte. Mais s'il faut croire les propos du président du syndicat mixte, cette réalisation est un chef d’œuvre de l'art contemporain..."

"A l'intérieur, au premier niveau 20 places assises avec de larges baies vitrées, non jointives avec la carrosserie qui laisseront de substantiels courants d'air l'hiver, conjugué à une absence totale de chauffage."

"Au deuxième niveau, par lequel on accède grâce à un escalier étroit aux contre-marches très hautes et inclinées (type échelle de meunier, donc inaccessible à des personnes âgées), se trouvent, en plein air, 25 places assises."

"Le véhicule est à l'arrêt, freins serrés et sans chevaux attelés. Pourtant dès que l'on accède au second niveau, on ressent un phénomène de tangage surprenant. Qu'en sera-t'il en conditions normales de circulation ?"

Ces impressions ont depuis été partagées par d'autres observateurs lors des essais in-situ.


Les ouvriers du constructeur des maringotes (le carrossier MTM) à Avranches, posent dans le premier exemplaire... (photo MTM)

Des soudures défectueuses ?

Quand même, Il est très étonnant qu'un constructeur carrossier telle que l'entreprise MTM d'Avranches, spécialisé depuis 15 ans dans la fabrication de carrosseries haut de gamme pour le transport de chevaux (fourgons, camions ou vans tractés) rate des soudures sur 6 maringottes !
il est beaucoup plus probable que les "ingénieux" ingénieurs de Véolia (ou ceux de Car&D) qui ont fait la conception et la modélisation 3D de la structure et son optimisation par simulations informatiques, se soient un peu trompés dans leurs calculs de résistance des matériaux avec le cahier des charges impossible à tenir qui leur était imposé... A savoir : une capacité de 50 places pour un poids à vide de 1,5 T et d'ailleurs ce sont, dit-on, les techniciens de MTM qui ont tout fait pour renforcer la structure (les maringotes sont sorties des ateliers avec un poids de 2 tonnes soit 500 kg de plus que prévu).

Croisements et dépassements impossibles...

Mais les ennuis de Véolia ne s'arrêtent pas là, car comme l'a mis en lumière le site lemontsaintmichel.centerblog.net, décidément très clairvoyant, les maringotes font 2,50 m de large (pour 10m à 11m de long environ, chevaux compris), les navettes automobiles (les passeurs) font 2,70 m de large (pour 14,5m de long) et la voie sur la future passerelle fera 6,5 m de large entre de hauts trottoirs (pour la sécurité des piétons qui se rendront "pedibus" au Mont).


Vue frontale d'une maringotte... Imposant quand même !

En imaginant que les véhicules circulent à 0,20 m du bord de la chaussée (il va falloir être attentifs les gars...), un passeur qui croise une maringote le fera avec un espace de moins d'un mètre, 0,90 m pour être exact (6,5 - (2,7 + 2,5 + 0,4)), avec une vitesse relative de 35 km/h (25 + 10), en effet, un attelage au petit trot fait 10 km/h environ, les passeurs doivent circuler à 25 km/h et les 2 véhicules circulent en sens inverse...
Croiser ou doubler dans ces conditions (et sans parler des jours avec vent latéral) Je vous le dis, ça va être coton, personnellement, je ne postulerai pas comme chauffeur-meneur...

NB : les passeurs se croisent eux, suivant le même calcul, à 0,70m et à 50 km/h de vitesse relative, à tel point que leurs rétroviseurs qui risquaient de se percuter ont été démontés et seront remplacés par des caméras vidéo...

Le plus drôle est que les 6 passeurs (et les 5 bus standards en renfort) qui circulent donc à 25 km/h (une vitesse plus que triple de celle des navettes hippomobiles) se succèdent toutes les 3 mn en heure de pointe et que les maringotes (6 étaient prévues à terme) circulent à 7,5 km/h de moyenne (rappelez-vous, 500 m au pas à 5km/h, 1km au petit trot à 10km/h et 500 m au pas à 5 km/h) et se succèdent toutes les 15 mn (le cadencement sera variable suivant l’affluence)...
Je vous fait grâce du calcul digne d'un (très) bon certificat d'étude mais chaque maringotte pourra croiser au moins 5 navettes et être doublée par autant (donc 10 chances d'avoir un accident, 20 par aller-retour)... Elle est pas belle la vie ?


Une maringote quitte son parking...

Mais là où ça pousse à la franche rigolade (quoique, c'est plutôt triste...), c'est que le code de la route dans son article R414-4, en vigueur depuis le 22 Juin 2003, précise dans son point IV et suivants, que :

IV. - Pour effectuer le dépassement, il doit se déporter suffisamment pour ne pas risquer de heurter l'usager qu'il veut dépasser. Il ne doit pas en tout cas s'en approcher latéralement à moins d'un mètre en agglomération et d'un mètre et demi hors agglomération s'il s'agit d'un véhicule à traction animale, d'un engin à deux ou à trois roues, d'un piéton, d'un cavalier ou d'un animal.
V. - Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions des II à IV ci-dessus est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe.
VI. - Tout conducteur qui contrevient aux dispositions des II à IV ci-dessus encourt également la peine complémentaire de suspension du permis de conduire pour une durée de trois ans au plus, cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors de l'activité professionnelle.
VII. - Cette contravention donne lieu de plein droit à la réduction de trois points du permis de conduire.

Franchement, vous êtes conducteur de "passeur", en un aller-retour, vous doublez 5 maringottes et en croisez 5, à 3 pts par infraction, si vous n'avez pas d'accident, vous perdez 30 pts (sur 12) et vous gagnez 30 ans de suspension de permis de conduire... Pour un chauffeur professionnel, en une demi-heure, c'est imbattable !


Les maringotes tournent à vide lors des essais de fiabilité...

Une gabegie financière...

La flotte des douze véhicules (6 passeurs automobiles et 6 maringottes hippomobile) a coûté au total 6,5 millions d’euros. Comment avec de tels moyens en arrive-t-on à des solutions techniques aussi désastreuses...
Et ça continu de coûter... Car la date de mise en exploitation de la Délégation de Service Public (DSP), accordée à Veolia était fixée au 28 avril 2012, et depuis cette date, pour n'avoir pas pu fournir tous les passeurs et avec les 100 places prévues (seulement 66 places ont été autorisées), Veolia a payé 400 000 € de pénalités et paye pour les maringottes absentes une indemnité de 500 € par maringote et par jour, soit un total de 3000 € / jour.

Véolia s'est, depuis vendredi 3 août, engagé à fournir des calèches "classiques" (et temporaires) de 20 places avant fin 2012 et à concevoir de nouvelles maringottes pour 2014...


La maringotte au design futuriste va peutêtre disparaître...

D'après quelques indiscrétions (à confirmer), le modèle à deux étages, au design futuriste (que personnellement, j'aime assez) pourraient perdre un étage et descendre à 20 ou 25 passagers, voilà qui résoudrait le problème de la charge pour revenir autour de 3 tonnes, ce que nous préconisions dans un billet précédent...

Tant que l'on en est aux conseils... Il faudra peutêtre aussi réduire la largeur des maringottes (à 2 m ?) pour pouvoir les doubler ou les croiser, ou augmenter la largeur de la voie roulante sur le tablier de la passerelle (si c'est encore possible, mais ce sera sûrement au détriment des trottoirs).
Il faudrait sans doute aussi mettre les maringotes sur rail afin qu'elle ne dérivent pas lors du passage des passeurs (ce qui résoudrait du même coup le problème de la puissance des attelages et permettrait de remonter à 30 passagers pour 2 chevaux).

On peut aussi imaginer une passerelle de largeur inchangée mais avec 3 élargissements (un tous les 500 m) qui seraient des zones de croisement ou dépassement sécurisées...

Nous conseillons aussi plutôt une maringotte bicéphale (à 2 sens de conduite) avec un poste de menage surélevé (au dessus des chevaux ce qui permettrait de ne pas perdre de longueur) et parfaitement capoté (il pleut parfois et il vente souvent, dans la baie), celà autoriserait la conception de véhicules sans système de direction sophistiqué (puisque sur rail) car le système retenu qui est complexe ((rappelons que Veolia a déposé un brevet d'essieu directeur à double détente pour permettre aux maringottes de faire demi-tour sur 8,5m) favorise sans doute la prise de poids du véhicule, la fragilité du châssis et la sensibilité au tangage ?

Allez, "ingénieux ingénieurs", il faut nous trouver une solution, pour que Énergie Animale soit dignement représentée pour atteindre la merveille des merveilles...

En attendant un avenir meilleur, les chevaux du Mont, cobs normands, postiers bretons et percherons, ont rejoint leurs écuries (au frais de Veolia) et les vingt-cinq meneurs, (dont la formation a quand même coûté 187 500 €), vont devoir se reconvertir en agents de parking et d’accueil. Heureusement que celà était prévu dans leur contrat d'embauche (voir l'offre d'emploi du 28 juin 2012 de Véolia-transdev), Ha, ils avaient tout prévu les bougres...

mercredi 18 novembre 2009

En 2011, des "maringotes" hippomobiles tirées par deux chevaux, transporteront les visiteurs du Mont Saint Michel

A partir de 2 articles de Jean-Jacques LEROSIER et Christophe LECONTE paru dans Ouest France en octobre et novembre 2009 et qu'un gentil internaute anonyme m'a fait suivre, merci à lui, et du dossier de presse de Véolia, je vous ai fait un petit compte-rendu sur cette affaire...

Veolia Transport, la filiale Transport de Veolia Environnement, remporte l'appel d'offre comme délégataire de service public des structures d'accueil et de dessertes (en véhicule automobile et hippomobile) du Mont Saint Michel.

Nouveau pont
L'actuelle digue-route sera détruite. À la place, un pont-passerelle. Sa construction débutera à l'automne 2010 pour durer 36 mois. Mise en service prévue en 2014. Les premières navettes emprunteront donc la vieille digue-route. Comme le nouveau barrage, le nouveau pont fait partie de l'investissement public, d'un montant global de 164 millions d'euros.

Fin 2011, les visiteurs du Mont-Saint-Michel pourront accéder au pied des remparts en "maringote" tirée par deux chevaux. En 2012, sera mise en service une navette routière gratuite d'une centaine de places.

La convention avec Veolia porte sur 13 ans. Cette délégation de service public démarre par un investissement de 36 millions d'euros (dont 12 sur fonds publics). Trois autres consortiums étaient en compétition : Coriolis-Vinci avec Keolis (SNCF) ; le Canadien SNC Lavalin avec Transdev ; et Spie Batignolles Concessions.

Navette routière gratuite
Imaginée et gérée par Véolia, la future navette reliera la Caserne au Mont, soit 2 km. À la Caserne, l'embarquement des voyageurs, une centaine par navette, se fera à hauteur du nouveau barrage sur le Couesnon, soit à 650 m des parkings. Et non, au parking comme prévu initialement. À l'arrivée, le débarquement se fera à 350 m des remparts et non à 800 m comme envisagé dans un premier temps. Cette navette réversible, comme « un bus à deux têtes », sera gratuite. Mise en service au printemps 2012.

Parking à 8,50 €
Le coût du nouveau parking de 4 200 places, construit au sud de la Caserne, sera de 8,50 € pour une voiture quel que soit le nombre de passagers ; 12,50 € pour un camping-car ; 55 € pour un autocar privé ; 3,50 € pour une moto. Actuellement, le prix du parking sur les grèves est de 4 €. Il doit passer à 5 € au 1er janvier. On pourra aussi venir en bus de la gare de Pontorson, 2 € par trajet.

Montois
Des bus de 20 places seront réservés aux Montois et aux personnes à mobilité réduite depuis le parc de stationnement jusqu'au pied des remparts.

En maringote, dès le 11/11/11
La maringote est une voiture tractée par deux chevaux, la navette hippomobile, baptisée « maringote », est un choix original sur lequel parie Véolia. « On imagine qu'un touriste sur cinq l'empruntera » dit Francis Grass, directeur général de Veolia Transports. La maringote sera payante : 6,50 € par personne, aller-retour.

Quarante chevaux
Des cobs normands, des postiers bretons, des percherons, une quarantaine de chevaux au total, seront affectés à ce service. Lors de la fermeture des actuels parkings maritimes - prévue le 11/11/11 -, la maringote pourra fonctionner. Son slogan : « La maringote est au Mont ce que les gondoles sont à Venise. »

À pied, à cheval, en navette mais pas à vélo
Les bicyclettes seront interdites de circulation sur le nouveau pont, « faute de place pour les stationner au pied du Mont. » En revanche, les cyclotouristes bénéficieront d'aménagements pour leurs vélos et affaires au parking de la Caserne.

L'homme à l'origine du projet
C'est Norbert Coulon, agriculteur et éleveur à Saint-Malo-de-la-Lande (Manche) qui est à l'origine du projet. Il baigne dans le milieu des chevaux de trait depuis tout petit. Il dispute des compétitions internationales d'attelage avec sa fille, et y réussit fort bien. « On a la chance d'être le seul pays du monde à avoir neuf races de chevaux de trait. J'ai toujours pensé que l'on ne les sauverait que s'il y a un intérêt économique. »

Le projet des voitures hippomobiles
Norbert Coulon a pensé aux voitures hippomobiles pour relier le Mont, à partir de La Caserne, « dès que j'ai appris le projet. Mais je me taisais. Cela paraissait tellement énorme ». Il a fini par en parler, et surtout convaincre « les politiques de l'intérêt des chevaux ». Depuis dix ans, il teste la formule avec succès l'été à Gouville-sur-Mer pour visiter des parcs ostréicoles. Pour le projet du Mont, il travaillera avec Veolia, l'entreprise retenue après l'appel d'offres, dont il sera prestataire de service.

La voiture
La première s'élancera le 11 novembre 2011. Le 11 - 11 - 11, pour les distraits. Impossible de montrer la voiture pour le moment. Sa ligne sera design et ressemblera à une voiture de tramway à deux étages. Elle pourra transporter cinquante personnes à la fois. Le service sera assuré par six voitures. Les départs se feront à horaires réguliers, « toutes les cinq minutes en période de pointe ». Le prototype sera testé au printemps et « le constructeur est un local ».

Les chevaux
Norbert Coulon commencera avec des cobs normands, des percherons et des postiers bretons. « Des hongres. Ils sont toujours d'une humeur égale. » Deux chevaux suffiront à tirer une voiture et ses passagers sur les 4 km, aller et retour. « Mais, je réfléchis à une pente douce pour le départ. » À terme, 38 chevaux devront être opérationnels. Il en possède une quinzaine pour le moment. « J'ai tout l'hiver et le printemps pour acheter des chevaux. » Les conducteurs seront du personnel de Veolia.

Le coût pour les visiteurs
Le trajet simple coûtera 4 €, aller et retour 6,50 €. « On estime que 70 % des visiteurs prendront la navette, 20 % la voiture hippomobile et 10 % iront à pied. »

Une vitrine pour les chevaux de trait
Pour l'heure, élever des chevaux de trait relève plus du sentimental que des finances. « Les éleveurs ne savent pas quoi en faire. Un mâle à la foire de Gavray, ça se vend 300 €. Heureusement, la consommation de viande a sauvé des races. » Le Mont sera « une vitrine pour la France, s'enthousiasme Norbert Coulon. Nous sommes les seuls au monde à faire du transport public en voiture hippomobile. Ce n'est pas passéiste. Au contraire, c'est moderne et novateur. »