Voilà enfin des nouvelles des chevaux de travail du port d'Anvers.

Je sais, je vous avais un peu abandonné sur cette saga, mais le printemps est une période chargée pour tous et je ne trouvais pas assez de temps pour me remettre sur ce projet...

Une bonne nouvelle toutefois, j'ai (nous avons) trouvé pas mal de nouvelles infos et de nouvelles images.

Un grand merci à Luc Maes pour sa superbe contribution, ses photos sur place pour vérifier nos hypothèses, ses traductions du Flamand et tous ces documents rares qu'il est allé chercher dans les musées d'Anvers ...

Amis lecteurs, soyez heureux, les articles sur "les voituriers des Nations du port d'Anvers" ne s'arrêteront donc pas au numéro 9/9 comme je le pensais quand j'ai entrepris (presque par hasard) cette "Histoire des chevaux de Corporations".

Et pour commencer un document extraordinaire que m'a offert Luc, il s'agit d'une carte d'État Major, datée de 1903 (justement, la période qui nous intéresse).

Je vous livre cette carte d'État Major d'Anvers (1903) en 500 pts

Pour comparaison une photo aérienne actuelle d'Anvers en 500 pts (accessible en ligne ici)

Et la carte d'État Major d'Anvers 1903 (partielle) en 2500 x 3500 pts (attention c'est un peu lourd : 2,9 Mo)

Les lecteurs intéressés pourront étudier à loisir ce document qui m'aurait bien facilité la vie s'il avait été en ma possession il y a quelques mois...
On y voit clairement les docks sud et leur ligne de tramway, les hangars le long des quais St Anne (sur l'Escaut), les douves et les fortifications de l'enceinte de la ville aujourd'hui transformées en périphérique routier et les bassins nords déjà nombreux avec leur écluses qui communiquent avec l'Escaut.

Un autre document intéressant qu'a déniché Luc est la liste des Nations et leur couleur (voir l'article 7/9 précédent)

Luc a aussi réalisé une traduction et un résumé de quelques pages du livre "de Antwerpse naties" Les Nations d'Anvers. De Gustaaf Aschaert, 1990, Lannoo Edit. Isbn 90 209 1816 8, pages 173-179.
voici quelques explications sur les noms, les couleurs et l'inventaire de leurs biens...

Il s'agit de la période fin 19eme, début 20eme siècle. A cette époque les nations prenaient de plus en plus le statut de société.

Sur les noms et les couleurs :
A cette époque les noms des nations liés à leur lieu de résidence ou au nom de leur fondateur commencent à disparaître pour être remplacés par des noms liés aux marchandises comme nation-du-vin, nation-du-coton, nation-du-fer, nation-du-tabac.
Ces noms sont parfois trompeurs, par exemple la nation-du-lait était aussi spécialisée en tabac que la nation-du-tabac et la nation-du-vin s'occupait aussi du commerce des métaux.

Une 2ème catégorie de noms était plutôt lié aux lieux d'exportation : nation-de-Cuba, nation-de-Finlande, nation-d'Amérique.

Mais il y avait aussi des nations avec des noms de peuples ( les turcs, les grecs,...) ou des noms comme "paix", "avenir", "espoir" ou "union".
Le plupart des nations avaient leurs propres couleurs pour marquer leur matériel en propriété.

Les statuts :
Les statuts des différentes nations était en général le plus large possible. La formule la plus répandue était "Charger et décharger des bateaux, peser, transporter et transformer et stocker des marchandises et toutes activités liés au commerce et à l'industrie".
Comme la loi le prévoit, le capital social était marqué dans les statuts et dans certains cas bien détaillé. Par exemple, dans les statuts de la Valkeniersnatie de 1891 on trouve : à part une propriété au 7 de la Gildenkamerssraat :

  • 20 chevaux avec harnachements complets,
  • 50 chars donc 9 avec ridelles,
  • 3 grues, 26 pelles, 6 petits pelles, 270 toiles, 24 balances,
  • 700 battons de nation (?),
  • 7 charrettes à bras, 5 bascules,
  • et 20 cordes et crochets, le tout estimé à 100.000 francs (belges de l'époque ?)

Beaucoup des bâtiments des nations à cette époque était battis sur un même plan ; coté rue, on trouvait souvent une auberge et au premier étage l'appartement du régisseur.
Via une porte cochère on accédait à une place centrale avec autour les bureaux, les écuries, les magasins,et pour les nations plus importantes, une forge, une charronnerie, une menuiserie...

Avec l'arrivée des bateaux à vapeur et l'activité de plus en plus soutenu dans le port, une nouvelle catégorie de travailleurs voit le jour : les dockers.
Les dockers travaillent sur le bateau pour charger ou décharger, les travailleurs des nations travaillent sur le quai.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui...