Ce billet, proposé par Philippe Gérard de Clomot (Côte d'Or), fait suite à son précédent billet de 2013...

Philippe a fait un gros travail d'explications pédagogiques sous forme de vidéos et textes pour nous faire partager son expérience d'utilisation des brouettes porte-balle.

Les foins sont là et certains pourront peutêtre expérimenter des brouettes porte-balle autoconstruites...
N'hésitez pas à partager vos expériences avec nous...


brouette-porte-balle par hippotese

Philippe a aussi réalisé, pour nous, un schéma coté de la brouette et des explications constructives :

Voici le croquis coté de la brouette initiale, elle est entièrement faite en tube de 30 mm de diamètre.

Sur ce croquis, le trait représente l'axe du tube, la largeur de la brouette est de 72 cm.

Les côtés sont faits dans un seul tube cintré à la demande de A à A, sans doute sur un gabarit et à chaud (il y a quand même 8 cintrages...).

Il est important que AB soit perpendiculaire à CD pour une bonne verticalité de la brouette au moment de la prise de balle.

Sur ABD et C, le tube est doublé d'un fer plat de renfort (plus large) qui évite l'enfoncement, il faut bien garder les pattes en forme de ski, surtout si le basculement est réalisé par un animal attelé, la brouette est alors un peu traînée.

Il faut aussi conserver l'arrondi des « poignées » pour la traction humaine, il permet aux mains de bien s'accrocher sans serrer.

L'essieu est fixé à 94 cm du point C, il faudra peutêtre tâtonner un peu pour trouver l'emplacement idéal.

Il est sans doute judicieux de fabriquer une flèche articulée qui permette le basculement puis le transport en se verrouillant... (voir sur la vidéo).

Plan de la brouette porte-balle en pdf (3,6 Mo)

Retour après utilisation printemps 2013 et hiver 2013/2014 :

Au printemps 2013.
J'ai transporté 43 balles rondes de foin et quelques balles de paille de cette façon du 20 janvier à la mise à l'herbe, j'étais plutôt satisfait. Il y a eu quelques soucis quand même, bien sûr :
- j'ai renversé deux fois une brouette chargée en traversant une ornière et un trou, la largeur de la voie (limitée à l'origine pour ne pas dépasser la balle et permettre le passage dans les portes étroites des anciennes étables, 0.90 m) étant insuffisante pour un transport "tout-terrain".
- à la 20ème balle, le roulement d'une roue a rendu l'âme (elle avait alors fait chez moi 60/70 km sur route dont la moitié en charge...).
J'ai donc changé essieu (1.25 m hors tout) et roues (roulement à billes). J'ai ajouté aussi une planchette qui évite le frottement de la balle sur la roue.

Uranie a aussi transporté 33 balles des prés vers la grange au moment des foins. J'ai également mis une béquille-patin fixe sous la flèche qui permet de poser celle-ci sans précaution et sans risque de remplir l'attelage-boule de terre.

J'ai aussi, dès le début, collé une bande réfléchissante zébrée rouge et blanche à l'arrière de la brouette pour que les voitures comprennent d'emblée qu'elles arrivent derrière un véhicule atypique.

Hiver 2013/2014.
Pour préparer l'hivernage suivant, j'ai voulu améliorer deux choses : transporter deux balles rondes d'un coup (c'était mon objectif initial) et améliorer le chargement, pour passer directement par basculement de la brouette dressée à la brouette attelée, comme lorsqu'on relève la caisse d'un tombereau qu'on vient de benner en faisant avancer l'animal.

Il fallait :

1) Trouver une deuxième brouette, j'en connaissais une chez un agriculteur retraité qui a bien voulu me la vendre (50 €). J'ai donc équipé les 2 brouettes d'une boule à l'arrière pour les accrocher en train (cette boule ne doit pas dépasser l'axe des roues pour une question d'équilibre).

2) Faire une flèche articulée et amovible qui puisse s'atteler à l'avant-train, brouette en position "dressée" et un système de verrouillage de celle-ci brouette en position "route", avec un système d'accueil amorti de la partie qui bascule.
J'ai fait l'essai sur la première brouette modifiée avec un succès limité ; le relèvement de la brouette chargée se fait en trois phases : (Nota : la brouette dispose de 2 plats de renfort soudés sur les 2 angles que forme le châssis tubulaire à l'avant, ce qui définit 2 positions "prise de balle"). 1ère phase, la brouette est placée verticalement contre /sous la balle. 2ème phase, on bascule sur le deuxième patin plat, jusqu'à ce que les roues touchent le sol (tout ceci se faisait très bien avec Uranie, mon ânesse), et là, arrêt (la brouette cherche à repartir en arrière).
3ème phase, basculement complet de la brouette, (je mettais une cale à chaque roue pour permettre cette étape finale), c'est la phase la plus exigeante en effort de traction.
Ça allait bien derrière le 4x4 en faisant patiner l'embrayage et en tirant doucement, mais avec Uranie et un meneur débutant (entre autres raisons), cela ne se passait pas bien : Uranie laissait reculer après les deux premières phases, et/ou tirait trop franchement (aussi parce qu'elle avait du mal) et passait sur les cales, sans réaliser le basculement à la troisième phase.

A revoir...

J'ai alors mis à l'arrière de la brouette deux béquilles qui se déplient pour la bloquer au stade "roues au sol" et éviter ainsi le problème du "laisser reculer". Efficace.
Mais la troisième phase est restée compliquée et insatisfaisante (sauf à être à deux : un meneur qui n'a que sa bête à s'occuper et qui peut freiner, et une autre personne qui peut aider physiquement à basculer). Est alors apparue une solution de repli inattendue : les deux béquilles se révèlent très utiles en basculement à la main : on fait les deux premières phases (les plus faciles) à la main, la brouette reste bloquée dans cette position, on met la flèche, qui par sa longueur permet, par effet de levier, une remontée plus facile sur les roues en appuyant de tout son poids sur son extrémité.

C'est ce que j'ai fait tout l'hiver 2013-2014. Uranie et moi avons transporté ainsi environ 110 balles rondes de foin, par train de deux (de quoi affourrager 25 UGB) et une vingtaine de balles de paille.

Et quand Uranie ne transporte pas du foin, elle fait la "corvée" d'eau, de quoi maintenir son dressage au niveau optimum...
Et c'est là aussi un des avantages de ces travaux répétitifs qu'apprécient tant nos fidèles compagnons de "labeur" (et nous aussi par la même occasion)...

Merci Philippe pour toutes ces explications...