Article du MONDE du 29.11.06 AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI

Dimanche 3 décembre, quelque 300 chevaux devraient défiler dans Paris pour marquer l'ouverture du 35e Salon du cheval. Le bruit oublié de plus d'un millier de fers sur le pavé apportera ainsi un lointain écho du XIXe siècle : "Du second Empire à la Belle époque, Paris caracole en une immense fête équestre", rappelle l'ouvrage collectif Le Cheval à Paris (éd. Action artistique de la Ville de Paris, 2006, 216 p., 40 euros). Le cheval est alors omniprésent : plus de 80 000 équidés sillonnent chaque jour la capitale. A côté des montures des dandys ou des élégantes, Paris est aussi l'enfer des chevaux "prolétaires" qui triment entre les brancards, parfois jusqu'à la mort.

Choyé ou surexploité, le cheval a laissé ses traces un peu partout, comme les signes d'un jeu de piste : promenades tracées pour lui, statues, bâtiments... Les chevaux vivants, eux, commencent à quitter les rues dès les années 1910 : quand la Grande Guerre éclate, la Compagnie générale des omnibus (CGO), ancêtre de la RATP, a déjà motorisé toute sa flotte. Peu à peu, dans l'armée comme dans le transport, les moteurs chassent les chevaux. Quelques fiacres destinés aux touristes survivront jusqu'aux années 1960.

Aujourd'hui, plus de 200 équidés vivent de façon permanente dans Paris intra-muros au sens strict - c'est-à-dire sans les bois de Boulogne et de Vincennes. En dehors des petits ânes et poneys, domiciliés dans le 15e arrondissement, qui promènent les enfants dans les jardins, ils évoluent tous dans un cadre militaire.

Les plus visibles sont ceux des gendarmes de la Garde républicaine. Cent vingt chevaux, un quart environ de l'effectif de notre dernier régiment monté, occupent le quartier des Célestins, près de la Bastille. Outre le défilé du 14-Juillet ou la "grande escorte" des visites d'Etat, la Garde développe depuis 2005 des sorties en plus petit comité. Des patrouilles de trois cavaliers de son nouveau peloton de sécurité publique à cheval surveillent plusieurs parcs ou jardins : Tuileries, Champ-de-Mars... En outre, depuis la mi-octobre, une douzaine de cavaliers sont présents autour du Parc des Princes pour les matchs du PSG, mais ils n'ont pas vocation à intervenir dans des affrontements comme ceux du 23 novembre.

DÉCOUVERTE POUR LES ÉCOLIERS

Enfin, une centaine de chevaux composent la section équestre de l'Ecole militaire, dans le 7e. Une nouvelle fois, la question de leur maintien a été posée, à l'occasion du réaménagement qui entraînera la destruction du manège actuel. En principe, la décision a été prise de conserver cette section, qui permet à des militaires, mais aussi à des enfants ou à des handicapés, de monter en plein Paris.

Pour la deuxième année, la Mairie a demandé à l'UCPA d'installer à l'automne pour quelques semaines, au parc de Choisy (13e), une structure de découverte de l'équitation, avec écurie et manège. Toutes les écoles parisiennes s'y succèdent.

La municipalité, qui compte des élus Verts dans sa majorité, ne semble pourtant pas en pointe dans le mouvement de retour du cheval en ville. L'intervention la plus récente d'un élu est celle d'Yves Contassot. L'adjoint Vert à l'environnement s'offusque que la Garde républicaine ne ramasse pas ses crottins...

Salon du cheval, Parc des expositions de la porte de Versailles, du 2 au 10 décembre, de 10 heures à 19 heures. Entrée : 12,50 €. Sur Internet : www.salon-cheval.com.