Samedi 22 octobre 2005, 17h47, (info yahoo)

SHAHEED GHALI, Pakistan (Reuters) - Faute d'accès par la route et de zones d'atterrissage sûres, les mules sont l'un des rares moyens de porter secours aux centaines de milliers de sans-abri des zones les plus isolées du nord du Pakistan, dévasté par le séisme du 8 octobre.

Samedi, une caravane d'une quarantaine de bêtes a quitté le village de Shaheed Ghali, sur les hauteurs de Muzaffarabad, capitale du Cachemire pakistanais ruinée par le tremblement de terre, pour s'engager sur les sentiers abruptes et rocailleux à destination de villages que le relief des contreforts himalayens rend inaccessibles aux hélicoptères.



Portant chacune jusqu'à 100kg, elles transportent les vivres nécessaires pour nourrir 2.000 personnes pendant une semaine, ce qui ne représente qu'une goutte d'eau dans l'océan des besoins.

Selon Mia Turner, porte-parole du Programme alimentaire mondial, l'armée pakistanaise a envoyé une cinquantaine de mules supplémentaires au Cachemire et a fait savoir que 48 étaient à l'oeuvre aux alentours de Balakot, dans la province voisine de la Frontière du Nord-Ouest.

"Le problème, c'est de faire venir les mules jusqu'ici. Il y a pénurie", déplore-t-elle. Les hélicoptères sont eux aussi très rares. Deux appareils devraient être mis prochainement à disposition du PAM qui a prévu d'hélitreuiller les vivres dans les zones où ils ne peuvent atterrir.

Les mules parties de Shaheed Ghali ont été rassemblées par le mouvement islamiste Jamaat-ud-Dawa, lié au Lashkar-e-Taiba, organisation armée interdite qui combat pour le rattachement au Pakistan de la partie indienne du Cachemire. Washington l'a couchée sur sa liste des organisations terroristes.

Le Jamaat compte parmi les associations les plus actives sur le plan humanitaire dans la région de Muzaffarabad, ou ses équipes côtoient les soldats américains dépêchés d'Afghanistan pour prendre part aux opérations de secours.

Qui plus est, ce sont des sacs de farine américains qui ont été chargés sur le dos des mules que le mouvement loues aux paysans. "Les Américains nous qualifient de terroristes, mais ils travaillent avec nous", ironise un membre de l'organisation.