Plan coté et photos de détail du reculement Grand-Vallier (1ère partie)
Par Deny Fady le lundi 28 avril 2014, 22:46 - Recherche-Matériel-Harnais - Lien permanent
Houlà, plus d'une semaine sans billet, nos fidèles lecteurs doivent être à cran...
Aujourd'hui nous parlerons des reculement Grand-Vallier, et ceux qui s'intéressent à l'histoire pourront consulter un précédent billet où je vous contais l'histoire de ces débardeurs fameux, originaires de la région de Saint Laurent Grandvaux (Jura).
Depuis de longues années, à Hippotese, nous avons adopté les reculements Grand-Vallier et vous êtes nombreux à nous avoir demandé des détails sur ces harnais à l'efficacité extraordinaire...
Pour ceux qui ne sont pas convaincus, je vous engage à regarder ces vidéos qui montrent bien l'intérêt de ce reculement dans 2 situations bien différentes...
Reculer une grume sur un triqueballe avec un... par hippotese
Débusquage au cheval en montagne, Hippotese 2013 par hippotese
J'utilise personnellement 2 modèles (d'origines différents) de ces reculements dont les côtes varient un peu et je vous ai fait un schéma explicatif qui sera compréhensible, je l'espère.
Si vous souhaitez vous fabriquer le votre, vous devrez peutêtre vous faire un gabarit en carton à tester sur votre "bête"...
Plan de détail du reculement GrandVallier (Dessin Deny Fady)
Plan de détail en coupe de la boucle de croupière (Dessin Deny Fady)
Les 2 plans en PDF ici... (attention 1Mo).
Il existe quelques évolutions récentes de ces reculements (en particulier au niveau des réglages plus nombreux et de certaines cotes) et je réfléchis à quelques modifications pour mieux adapter le reculement Grand-Vallier à l'utilisation du harnais Chevilatte avec un palonnier porté (voir ce billet)...
Nous verrons celà dans un prochain billet...
Commentaires
Bonjour,
Ces détails et explications sont très intéressants... et j'en profite pour vous faire part d'une question qui nous tracasse depuis quelque temps liée au reculement :
de la même façon que des ressorts de traction apportent plus de confort au cheval dans ses efforts de traction, lors du reculement ou du freinage des grosses grumes en descente, des ressorts agissant au niveau du reculement apporteraient-ils un mieux en terme de confort, efficacité, réduction d'usure et de casse, etc ?...
Ca fait quelques temps que nous réfléchissons à ce point, sans trop avoir de réponse précise (les avis scientifiques nous répondent que non...), mais intuitivement il nous semble intéressant de creuser ce point : l'amortissement au reculement.
De simples petits ressorts ou liens élastiques en remplacement des courroies de reculement pourraient déjà fonctionner... quelqu'un a-t'il déjà essayé ou connait-il un système de ce type ?
(...et pour ceux que le sujet interpelle, voici un petit problème de mécanique simple et amusant : quel mécanisme amortissant permet de fonctionner à la fois en traction et en pression avec un ressort ou amortisseur qui peut être indifféremment de traction ou de pression ?...).
Bonjour,
Un simple avis sur ce qui vient d'être dit, je doute de l'utilité d'un amortisseur de reculement.
Tout d'abord, parce qu'il me semble qu'un cheval "s'engage" moins dans l'effort en reculant qu'en avançant, et donc que les chocs s'amortissent plus ou moins d'eux-même.
Ensuite, du point de vue morphologie, dans le collier le cheval se sert plutôt du squelette, d'où une douleur plus ou moins violente en cas de choc et l'intérêt d'atténuer ces chocs, alors qu'en reculant, les efforts sont fournis au niveau des muscles de l'arrière-main, qui amortissent déjà un peu (en tous cas mes juments amortissent très bien au niveau de leur arrière-main, surtout depuis qu'elles ont gouté à la petite herbe de printemps...!).
Et puis, enfin, un avaloir étant une courroie, beaucoup moins rigide qu'un collier, ça me semble difficile qu'il transmette des chocs aussi franchement que ce collier, et ça me semble d'autant plus difficile d'imaginer un système à la fois souple et qui continue de transmettre l'énergie entre le cheval et le matériel (je ne sais pas si je me fais bien comprendre...).
En revanche, je me pose aussi une question sur ce reculement grand-vallier : Comment évaluer les forces qui s'exercent au niveau de la colonne vertébrale, puisqu'une des courroies "appuie" directement sur les lombaires (au dessus de la queue), est-ce que ça n'a pas tendance à plus solliciter le cheval physiquement ?
En tous cas merci pour le partage, et surtout pour ceux qui ont tendance à fabriquer leurs harnais eux-mêmes !!
Manu
Bonjour,
Pour répondre à AATC, et compléter la réponse de Manu, ce que nous avons observé avec le groupe Hippométrix lors des tests de différents ressorts amortisseurs de traction, et de différents types de traits, c'est que les traits en cuir ou en corde amortissaient déjà pas mal.
Je pense donc que sur un reculement, les courroies de reculement (assez fines lanières de cuir) doivent déjà énormément amortir (et éventuellement, ce sont elles qui s'usent, mais ce n'est pas grand chose à changer quand elles sont trop usées).
Cela pourrait faire l'objet d'une nouvelle série de tests (avec courroies cuir, avec courroies chaînettes...) au dynamomètre. En ce qui concerne les contraintes sur les lombaires avec un reculement Grand-Vallier, bien qu'à la simple observation on ait l'impression que cette répartition de la force de retenue soit d'un grand confort pour le cheval, on pourrait faire des tests avec l'accéléromètre du CERRTA (comparer la locomotion de l'arrière main, ou de tout le cheval, avec un reculement classique, et avec un reculement GV), ou peut-être avec un dynamomètre sur un GV spécialement conçu pour pouvoir intégrer l'appareil au bout de chacun des "avaloirs".
Bref, on a encore du travail !
Merci pour tout ce travail.
Ou est prise le premier vidéo? L'avant-train est le bâtie d'un polyculteur de Jean Nolle.
Luc Maes
Effectivement c'est bien un avant train polynolle, La vidéo a était prise au Bois de Vincennes de Paris.
Merci pour vos réponses sur l'intérêt ou pas d'amortir le reculement.
D'après mes observations, il me semblait intéressant de tester des solutions matérielles simples d'amortissement, comme par exemple de simples petits ressorts de traction réglables avec mousquetons qu'on accroche à la place des courroie de reculement : ce serait davantage pour amortir lors d'un freinage brusque, ou pour la retenue de charges lourdes en descente (grumes) que vraiment pour reculer.
Sans compter que je trouve peu esthétique et peu pratique d'entortiller de plusieurs tours les courroies de reculement en cuir, et par expérience, à part quelques meneurs ou structures équestres très à cheval sur la qualité et l'état du matériel, la plupart des courroies de reculement que je vois sont cassées, usées et dépareillées (donc soumises à des forces relativement importantes), et sont donc difficiles à régler, et n'agissent de fait pas exactement de la même façon à droite et à gauche.
Ceci étant dit, pour en avoir parlé lors de salons équestre avec quelques fabricants ou revendeurs renommés de matériels d'attelage ou de travail avec des chevaux, un système adaptable au matériels actuels, simple (et économique), et amortissant en traction ET pression (traction + freinage et reculement) leur parait être une "innovation" qui apporterait une amélioration intéressante ...
(Il y a d'ailleurs déjà des pistes de recherche... Messieurs les hippo-inventeurs , si vous me lisez....).
Sans entrer dans un débat plus philosophique que technique, mais sachant que les chevaux sont toujours plus longs et plus forts d'un côté (incurvation et dissymétrie naturelle, rectitude ; il existe d'ailleurs une littérature abondante sur ce sujet avec des études très poussées, chères à certains grands dresseurs),...
bref, un système rendant plus souple la liaison de traction-pression entre le cheval et la masse qu'il tracte ne serait-il un mieux ?...
Par ailleurs, j'ai souvent lu et entendu que, à charge égale, le cheval fournissait beaucoup plus d'effort pour retenir une masse ou la faire reculer que pour la tracter. Ainsi dans certaines configurations de travail (débardage en montagne, attelage en relief vallonnée, etc) un amortissement du reculement pourrait être bénéfique.
Si des mesures existaient, je serais très intéressé pour connaitre le niveau et la nature des forces en jeu lors d'un freinage, d'une retenue ou d'un reculé. (Nina, ce sujet, peut-être pourrait intéressé les férus de mesures avec les chevaux...)
... et pour terminer, sur ce sujet, voici quelques remarques équestres sur le sujet :
« Le cheval vient au monde avec deux moitiés dépareillées, l’une forte, l’autre faible » Licart.
Tous les chevaux sont infléchis naturellement, le plus souvent à gauche, (certains l’attribuent à la position fœtale in utero, d’autres la voient dans le tomber de la crinière, ou l’expliquent par le contact de l’homme et ses habitudes de travail.), et correspond à une tendance à surcharger un côté droit ouvert en allégeant un côté gauche fermé.
Si elle est trop accentuée ou si la croissance osseuse est terminée, il est très difficile de redresser l’incurvation. Au contraire, si l’incurvation est moindre ou si le cheval est encore jeune, on peut redresser la colonne vertébrale en provoquant dans le système musculaire une dissymétrie favorable à la flexion opposée. Le cheval est alors « relativement droit ».
En station libre, le cheval infléchi à gauche se pose souvent sur un latéral gauche plus fermé que le droit. Le cheval au pas infléchit naturellement son encolure et sa tête à gauche. Il dévie ses épaules du même coté et perd le parallélisme de sa base de sustentation en ligne droite. Le postérieur gauche s’engage plus qu’il ne pousse et le postérieur droit pousse plus qu’il ne s’engage.
Le cheval répugne à accepter le contact franc de la rêne droite, extérieure à son pli naturel, se contracte et fléchit encore plus à gauche.
PS : désolé de dériver sur un sujet annexe au billet, mais puisqu'on parle de reculement...