Titre original : The Swiss collar for developing countries (Le collier suisse pour les pays en voie de développement) de Waclaw Micuta, (Traduction de Deny Fady).

Ce billet qui fait suite à mon billet sur un attelage de 2 vaches Grises Rhétiques est la traduction depuis l'anglais d'un article de Waclaw Micuta, diffusé sur le site de la FAO (voir l’article original ici).

Cet article date de 1985 et n'a pas pris une ride... Quarante ans plus tard, les pays en voie de développement ont encore plus de difficulté à résoudre leur crise alimentaire... Avec les conséquences que l'on sait... Et nous n'avons sans doute pas su les aider ni leur montrer l'exemple... Cet article donnera, je l'espère, envie aussi à certains, de fabriquer leur propre colliers pour leur âne ou leurs vaches... Tenez-nous au courant de vos essais...

''NB1 : Comme je n'ai pas trouvé sur le web de traduction française de qualité, j'ai décidé de faire la mienne...
Il y a encore sans doute des fautes que vous m'aiderez à corriger (mél à Hippotese ou contact).''

NB2 : Comme vous pourrez le lire ci-dessous dans la bibliographie, il existe un document (FSERTR. 1940. Guide de l'attelage du bétail bovin. Berne, Suisse, Fédération suisse d'élevage de la Race Tachetée Rouge) qui a, semble t-il, été largement diffusé (en français) en Suisse... Si l'un de nos amis helvétiques en connaît un exemplaire, je me ferai une joie de le diffuser ici...

Plan de l'article :

Harnais
Principaux types de harnais de traction
Colliers
Conclusion
Épilogue

W. Micuta

Waclaw Micuta est directeur de la Fondation Bellerive à Genève et son adresse est : Renewable Energy Development Institute (REDI) (Institut de développement des énergies renouvelables), 5 rue du Vidollet, CH-1202 Genève, Suisse.

Un certain nombre de pays en voie de développement, particulièrement en Afrique et en Asie, sont aujourd'hui confrontés à une crise alimentaire. La production agricole est incapable de suivre la spirale de la croissance de la population. Les seuls moyens de remédier à cette situation et d'éviter de plus en plus de famines avant la fin du siècle, est d'augmenter la productivité agricole. Ceci à son tour appelle à une augmentation parallèle de la fourniture d'énergie aux populations rurales. Si nous ne sommes pas en mesure d'augmenter la production d'aliments cultivés localement par habitant, nous pouvons malheureusement prévoir la poursuite de la famine et de la faim.

La grande majorité des agriculteurs dans les pays en développement travaillent de relativement petites parcelles de terre. Outre la force de leurs propres muscles, ils ont généralement à leur disposition une seule autre source d'énergie économique et accessible - la traction animale. Une récente estimation de la FAO suggère que, dans les 15 à 20 prochaines années, il sera nécessaire de doubler l'offre actuelle d'énergie pour la traction agricole. Une telle augmentation vertigineuse va appeler clairement à redoubler d'efforts pour améliorer l'efficacité de l'énergie en traction animale - un problème auquel peu ou pas d'attention a été accordée dans la majorité des pays en développement. Même dans les zones où les animaux de trait sont d'usage courant, les harnais inefficaces infligent continuellement sur les malheureuses créatures une torture quotidienne au cours de laquelle seulement une partie de leur potentiel de puissance est exploité. Habituellement, ils travaillent sous des jougs cruels. Leur espérance de vie au travail est considérablement réduite en conséquence et ils produisent peu de viande, de lait ou de fumier, tandis que leur capacité de travail est sous utilisée.

Un grand nombre de problèmes connexes doivent être abordés sans délai si la situation doit être améliorée. Par exemple, il est essentiel de traiter (et améliorer) des questions telles que l'élevage traditionnel, l'alimentation et des services vétérinaires. Un gros travail doit également être entrepris pour accroître l'efficacité des outils et des véhicules agricoles à traction animale. Le présent article, cependant, se réfère à un seul problème, à savoir : l'utilisation efficace des animaux de trait.

Harnais

Un harnais est un dispositif adapté sur un animal qui permet d'utiliser sa puissance et de fournir un travail moteur. Pour répondre aux exigences de traction, les caractéristiques d'un bon harnais sont : un bon angle de la traction, une pression de contact faible, une position de travail adaptée et un poids réduit.


1. L'angle de traction avec un joug


2. Un collier pour les bovins développés en Suisse durant la Seconde Guerre mondiale


3. Vache suisse harnachée avec un collier suisse (simplifié)

L'angle de traction

Les charges sont tirés au moyen de traits qui relient la charge à l'animal. L'angle entre le trait et la ligne horizontale au point de fixation à la charge (voir la figure 1) est appelé l'angle de traction. Cet angle doit être aussi faible que possible de manière à utiliser la puissance de l'animal à son maximum. Idéalement, il devrait y avoir un angle nul. Néanmoins, ces angles apparaissent, par exemple, lorsque les animaux sont attelés à des chariots relativement hauts et que les traits sont parallèles au sol. Comme l'angle augmente, la force de traction est divisée au point de fixation de l'animal. Une partie de la force (R) est gaspillée dans le processus de tirage et se transforme en pression (verticale) et en inconfort pour l'animal. A titre d'exemple, si un taureau est attelé à un joug et que l'angle de traction est de 30 °, la pression verticale sur l'animal peut atteindre jusqu'à 50 kg f. Ce calcul ne prend pas en compte le poids du joug lui-même, qui peut atteindre environ 10 kg par animal.

La pression de surface

L'efficacité d'un harnais est fortement influencée par la façon dont il épouse le corps de l'animal. Avec un joug traditionnel (sur les cornes) ou un joug monté sur le cou, la surface de contact avec le corps de l'animal est seulement d'environ 200 cm². Si l'animal développe 100 kg-f, chaque centimètre carré de la surface de traction sera soumis à la pression dans la région de 500 g-f. Les chocs et les a-coups lors des travaux vont encore augmenter cette pression. Il en résulte une gêne considérable entraînant des maladies de la peau et des plaies ouvertes. Il est peu surprenant que les animaux attelés de cette façon soient incapables de développer pleinement un travail efficace sans souffrir.

Avec un collier bien conçu et bien rembourré pour taureaux, la surface en tirant sur chaque épaule peut facilement être augmentée à 600 cm² - soit un total de 1 200 cm² sur les deux épaules. La pression sur chaque centimètre carré du dos de l'animal peut ainsi être réduit par un facteur de six. Ceci, avec la fourniture de rembourrage, permet à l'animal de travailler plus efficacement et sans souffrance.

La position de travail

Un harnais efficace doit être conçu de sorte que l'animal puisse utiliser son corps d'une manière naturelle. Placer un joug sur la tête ou le cou d'un animal l'oblige à modifier sa position normale et le contraint aussi à courber sa colonne vertébrale afin de maintenir le joug en place. Souvent, les animaux adultes sont incapables de le faire et ne peuvent pas travailler. En dehors des considérations de posture, attacher les animaux par le cou ou la tête est cruel en ce qu'il les expose à de considérables souffrances inutiles lorsque les charges sont tirés sur un terrain accidenté. Les chocs continuels qui se produisent lors de tels travaux sont transmis directement à des parties très vulnérables du corps.

Le poids du harnais

Naturellement, le harnais devrait être aussi léger que possible. Ceci étant dit, les colliers de chevaux, perfectionnés au fil des siècles, par exemple, en Europe et en Amérique du Nord, sont relativement lourds. Ceux qui étaient conçus pour les travaux durs pesaient environ 20 kg. Néanmoins, en utilisant des matériaux modernes, il est maintenant possible de réduire considérablement ce chiffre (Jussiaux, 1976).

Principaux types de harnais de traction

Beaucoup de harnais différents ont été fabriqués par les éleveurs de bétail à travers les âges.

Il est, bien sûr, également possible d'harnacher des chevaux à l'aide d'une bande sur la poitrine (bricole). Cependant, cette méthode est seulement appropriée aux travaux légers, sinon la bricole tend à blesser l'animal et compresse les vaisseaux sanguins et la trachée. Pour cette raison, les colliers de chevaux ont été généralisés diversifiés et perfectionnés au fil des siècles. Les colliers de chevaux répondent à tous les critères d'un bon harnais comme décrit précédemment. Les jougs sont principalement conçus pour faciliter le contrôle de l'animal. Ils sont aussi relativement peu coûteux et facile à fabriquer. Malheureusement, l'utilisation efficace de la puissance de traction et le confort de l'animal ne sont presque jamais pris en compte.

Les colliers

Les avantages importants à l'utilisation du collier d'épaule au lieu du joug sont universellement reconnus. En 1920, en testant les harnais à Grand-Joran, France, Ringelmann a établi qu’un bœuf équipé d'un collier pouvait accomplir la même quantité de travail que deux bœufs attachés à un joug (Larousse Agricole, 1921). De même, dans les années 1950 M. Jean Garnier a démontré en Asie du Sud que le harnachement en collier a augmenté la force de traction des buffles de 50 pour cent.

Il est généralement admis que le meilleur harnais jamais appliqué à des animaux est le collier de cheval. On date sa première apparition en Europe au XIe siècle, mais on ne sait pas si il a été inventé sur ce continent ou a été rapporté d'Orient par les tribus mongoles.

Dans la plupart des régions, le harnais à collier a été employée exclusivement avec les chevaux, qui ont joué un rôle de plus en plus important, montés ou comme animaux de trait.

Il est curieux de constater que le collier, en dépit de ses qualités reconnues, ai été réservé presque exclusivement aux chevaux à travers les siècles. Il ne fut pas, par exemple, adapté aux bovins (menés au joug) ou à d'autres animaux de trait tels que les ânes et les chameaux (qui sont restés en bricole). Même en Europe, les bovins ont traditionnellement principalement été soumis à des jougs cruelles et inefficaces.

Une exception notable à cette règle est la Suisse, où les agriculteurs ont fait adapter le collier de cheval aux bovins.

Ces colliers bovins sont habituellement désignés comme des colliers "de Berne" (figures 2 et 3). La conception a été fortement influencée par celle du collier de cheval et notamment le rembourrage prévu autour du corps de l'animal. Cela a permis aux agriculteurs non seulement d'accroître l'efficacité de l'attelage des animaux, mais aussi de pouvoir utiliser les chevaux et les bovins ensemble dans la même attelée - un avantage important pour les agriculteurs qui ne pouvaient se payer qu'un seul cheval.

Contrairement à une croyance populaire perpétuée par l'utilisation du joug, les bovins ne tirent pas mieux de la tête ou du cou. Au contraire, leur force de traction, comme celle des chevaux et même celle des êtres humains, vient des épaules (voir Figure 4).

La conception du harnais en collier suisse pour les bœufs a été grandement simplifiée au cours de la Seconde Guerre mondiale, quand un grand nombre de chevaux de trait ont été réquisitionnés par l'armée. Comme les tracteurs étaient rares et le carburant sévèrement rationnée, les agriculteurs se sont retrouvés avec les bovins (principalement des vaches) comme principale source d'énergie pour les travaux agricoles et les transports. Face à cette situation, les autorités suisses ont invité la Fédération Suisse d'Élevage de la Race Tachetée Rouge (FSERTR) à mener des recherches visant à améliorer et à simplifier le collier traditionnel bovin et à former les agriculteurs à l'utilisation correcte des bovins pour les travaux agricoles.

L'étude de la fédération a été publié (FSERTR, 1940) et largement distribuée aux agriculteurs et aux bourreliers. La nouvelle forme de collier qui a résulté de la recherche est une variation importante (par rapport à la forme) du collier de cheval (voir la figure 2). Seulement les épaules de l'animal sont protégés par deux pads rectangulaires, tandis qu'un troisième coussin (en garrot), fixé entre les deux attelles, sert à maintenir le collier dans la bonne position sur le cou.

Il est généralement admis que le collier de trois pads développé en Suisse pour les bovins est une très bonne chose. Cependant, il a souvent été considéré comme trop coûteux et trop difficiles à produire dans les pays en voie de développement. Par exemple, Barnwell et Ayre (1982) affirment que le collier de trois pads offre les avantages d'un harnais à collier complet, mais il est relativement complexe et coûteux à produire.

L'auteur W. Micuta a donc commencé une recherche sur les moyens d'adapter le collier suisse aux conditions qui prévalent dans le monde des pays en voie de développement. L'objectif de ses recherches est de préserver la valeur fonctionnelle du collier suisse tout en simplifiant sa conception, en réduisant ainsi le coût de production, de manière à le rendre accessibles aux communautés les plus pauvres du monde.

Les composants de base du collier sont les attelles et les pads - les deux pouvant facilement être produits à partir de matériaux locaux disponibles.

Les attelles sont formées à partir de deux morceaux de bois qui sont taillées pour épouser les contours de l'animal. Elles doivent être fabriquées à partir de bois dur, mais élastique, tel que celui utilisé pour la fabrication locale des manches pour les outils agricoles, comme les haches et les houes.

Il est essentiel que les attelles épousent (la forme de) l'animal afin d'assurer un maximum de confort. Pour les bovins, qui trottent rarement, les attelles sont placés plus écartés en bas. Pour les animaux qui trottent occasionnellement, comme les ânes, les attelles peuvent être un peu fermées autour de la poitrine de manière à fournir une stabilité accrue.

Les épaules des animaux de trait doivent être bien protégés contre la pression des attelles - d'où l'importance des pads. Traditionnellement, ces coussins sont fabriqués à partir de cuir, mais il n'y a aucune raison pour lesquelles ils ne devraient pas être fabriqués à partir de tout tissu disponibles. Par exemple, les sacs de jute (notamment les sacs de farine) disponibles dans tous les pays en voie de développement offrent une bonne solution.

L'adoption du collier suisse simplifié

Le collier simplifiée a été donnée à plusieurs agriculteurs suisses qui continuent à utiliser quotidiennement les bovins pour leurs travaux agricoles. Ils ont utilisé le collier tous les jours pendant ces trois dernières années et il leur a donné entière satisfaction. Les colliers n'ont pas encore montré de signes de détérioration, même si le reste du harnais a dû faire l'objet de réparations mineures environ une fois par an.

Le nouvel équipement a les mêmes qualités fonctionnelles que le collier suisse de Berne traditionnel, mais est plus léger, plus facile à produire et beaucoup moins cher.

Les figures 5 et 6 montrent deux vaches - l'un harnachée avec le collier de Berne et l'autre avec le nouveau modèle décrit dans cet article. Dans des conditions de travail, les deux colliers offrent performance et confort similaires.

Au début de 1982, le premier bourrelier a été formé au Rural Stove-making Centre créé par The Bellerive Foundation au village de Ruthigiti (Karat) à coté de Nairobi, Kenya. Le nouveau harnais a été fabriqué localement et utilisé sur un âne attelé à une charrette qui a été utilisés pour livrer les cuisinières fabriquées sur place, aux familles des environs. Ce harnais a été immédiatement apprécié et adopté par la population locale.

Le nouveau harnais a ensuite été adopté par le révérend Daniel Schellenberg au nom de la Mission Baptiste du Kenya. L'auteur et un autre consultant de la fondation Bellerive, Emil Haas, ont formé des personnes handicapées du Salvation Army Centre, à Thika, aux compétences nécessaires àla production de boucles, anneaux, chaînes et autres fournitures. Le centre fut bientôt en mesure de commencer la production à petite échelle et, avec l'aide de la Mission Baptiste, à la fin de 1982, le nouveau collier a été utilisé sur des ânes dans plusieurs villages de la région de Thika (figure 7).

En Février 1983, une unité de fabrication de harnais a été créée au sein du Agricultural Engineering Department of the University of Nairobi. Cette étape a été rendue possible grâce à l'aimable coopération et le soutien du président de ce département, Gichuki Muchiri. Pour mettre la nouvelle unité en route, les outils de base nécessaire à la fabrication des harnais ont été fournis et un bourrelier local, Nemehia Kariski, qui avait été formé l'année précédente à Ruthigiti, a été embauché. L'auteur a montré les techniques nécessaires à l'adaptation des colliers sur les différents animaux de trait, notamment les taureaux zébus (figure 8) et les ânes. La responsabilité de l'unité a été confiée à M. Dibbits, professeur adjoint parrainé par la Dutch Technical Assistance.

L'expérience récente de la Fondation Bellerive au Kenya confirme les avantages significatifs du harnais en collier. Rev. Schellenberg a estimé que "Avec le nouveau harnais nous pouvons pousser les gens à vendre un taureau (sur deux) tout en continuant de labourer et de désherber efficacement, ce qui leur permettra de doubler leur rendement» (The Friend, 1983).

Dibbits pense que deux ânes attelés avec le collier suisse pourraient labourer un sol léger aussi bien que deux bœufs de travail au joug.

En dehors de fournir a augmenté la traction, il ne faut pas oublier que le nouveau harnais élimine également les souffrances causées par les techniques de harnachement inefficaces qui prévalent dans les pays en développement. Les vies de travail utiles animaux de trait sont donc prolongée et ils produisent plus de viande et de meilleure qualité, le lait et le fumier.


4. L'angle de traction avec un collier


5. L'auteur travaillent en Suisse avec deux vaches : avec un collier traditionnel (à droite) et le collier simplifiée (à gauche)


6. Une vue rapprochée du collier bovin traditionnel (à droite) et du collier simplifiée (à gauche)


7. Âne Travaillant Avec le collier suisse simplifié au Kenya


8. Deux taureaux zébus travaillant avec le collier suisse simplifié au Kenya


9. Les Attelles


10.Les pads ou coussinets

La fabrication locale du collier suisse simplifié

La fabrication du nouveau harnais ne requiert pas un haut degré de compétences, ni des outils sophistiqués ou des matériaux rares. Il peut facilement être produit dans un village africain ou asiatique par les bourreliers locaux qui ont subi une formation de quelques mois.

À condition que la production soit bien organisée et que les bourreliers locaux soient régulièrement approvisionnés avec les fournitures nécessaires à un prix raisonnable, il n'y a aucune raison pour que le nouveau harnais ne soit pas fabriqués à un coût adapté aux moyens financiers des utilisateurs potentiels.

Sur la base de son expérience à ce jour, l'auteur estime que les principales difficultés techniques rencontrées dans la conception et le développement d'un type de collier harnais simple, pour les pays en développement ont maintenant été surmontées. Une expérience suffisante a été acquise dans les conditions du terrain pour envisager de promouvoir le collier suisse simplifié dans d'autres pays en voie de développement. Pour atteindre cet objectif, il est maintenant nécessaire de concentrer l'attention sur la formation professionnelle des bourreliers locaux (le métier est pratiquement inconnu dans de nombreux pays en voie de développement) qui vont produire et réparer les harnais. Des mesures devront aussi être prises pour réduire le prix des composants tels que les pièces métalliques qui ne sont pas toujours disponibles dans tous les villages du monde.

Conclusion

Il est essentiel d'encourager une nouvelle approche à l'égard du traitement des animaux de trait. Les agriculteurs européens traitent leurs animaux comme des amis - presque comme des membres de leur famille. Ils sont bien entretenus et pris en charge et ne sont jamais surchargés de travail. Les humains et les animaux doivent former une équipe et, comme c'est le cas avec le collier suisse, la tête et le cou de l'animal doivent être libres pour éviter des traitements cruels. Le collier suisse devra, par conséquent, être introduit auprès des gens qui sont prêts à comprendre, respecter et chérir leurs animaux.

Épilogue

Les lignes directrices suivantes doivent être suivies pour la fabrication du collier Suisse simplifié.

Les composants de base du collier sont les attelles et les pads - les deux pouvant facilement être produits à partir de matériaux disponibles localement.

Les attelles. Les attelles sont formées à partir de deux morceaux de bois, de forme étudiée pour épouser les contours de l'animal (voir la figure 9). Elles doivent être fabriquées à partir de bois dur, mais élastique, par exemple, le bois utilisé localement pour la fabrication des manches d'outils agricoles tels que des haches ou des houes. Il est important de veiller à ce que le fil du bois suive la courbe (bois de forme), car cela renforce les attelles. Si le fil ne suit pas la courbe, ou court dans la direction opposée, les attelles peuvent se briser - en particulier sur les parties où les traits sont attachés ou lorsque la courbe est plus accentuée.

Dans le passé, les bourreliers recherchaient les pièces de bois avec des courbes naturelles pour construire les attelles. Plus tard, ils ont appris à plier les sections droites, en utilisant la chaleur ou la vapeur (la même technique est, bien sûr, utilisée par les charrons).


11. Remplissage du pad ou coussinet


12. Remplissage de la "saucisse"


13. Fixation des coussinets sur les Attelles


14. Fixation de la "saucisse" sur l'attelle

Si un bois de bonne qualité est utilisé, l'épaisseur des attelles ne doit pas dépasser 3 cm pour les bovins et 2 cm pour les ânes. Si le bois est moins satisfaisant, l'épaisseur devra probablement être augmentée pour compenser. Bien que le bois de bonne qualité est toujours souhaitable, l'auteur a découvert, au cours des essais sur le terrain, que des harnais satisfaisants peuvent être fabriqués, même si le bois n'est pas idéal à tous égards.

Afin que les attelles soient bien ajustées, les contours de l'animal dans sa posture debout normale doivent être soigneusement mesurés. Cette tâche peut être facilitée par l'utilisation d'un fil de cuivre, plié le long du corps de l'animal pour reproduire la forme exacte. Une solution encore meilleure, quand elle est possible, est d'utiliser une bande de caoutchouc comme celle utilisée par les ingénieurs pour mesurer les courbes.

La mesure doit commencer dans la partie supérieure du cou, juste en face de la pointe de l'épaule. Les contours enregistrés avec le fil de cuivre ou la bande de caoutchouc sont reportés sur une feuille de papier et le bois est ensuite coupé en conséquence. Il est à noter que la largeur des attelles doit être plus grande dans la partie centrale où les traits sont attachés. Comme un arc, l'épaisseur est dégressive en haut et en bas et les extrémités sont incurvées vers l'extérieur pour fournir de solides points d'ancrage aux lanières de cuir (en haut) et à la chaîne (en bas) qui maintiennent les deux attelles ensemble (figure 9).

Les pads. Traditionnellement ils sont fabriqués à partir de cuir, mais il n'y a aucune raison pour qu'ils ne soient pas fabriqués à partir de tout tissu disponible. Par exemple, les sacs de jute (notamment les sacs de farine) disponibles dans tous les pays en voie de développement, offrent une bonne solution.

Le matériau choisi est plié et découpé, comme indiqué sur la figure 10 et ensuite cousu à la main ou à la machine. Une ligne de couture est faite à 6 cm du bord inférieur (plus large) du pad pour créer un compartiment en forme de petite saucisse qui servira à fixer le pad à l'attelles. Le matériau est ensuite retourné à l'envers et rempli de tout matériau de remplissage approprié qui est disponible localement (figures 11 et 12). Le matériau choisi doit être "élastique" de sorte que le tampon ne sera pas aplatit pendant le travail. Un des meilleurs matériaux de remplissage est fait de poils d'animaux, élastiques à la pression et qui laissent transpirer. Il y a, cependant, un certain nombre de matériaux végétaux qui pourraient servir aussi bien. Les fabricants de matelas locaux peuvent être une source utile d'information sur les matériaux de rembourrage appropriées, qui comprennent le carex des sables ainsi que des fibres de palmiers, d'agaves, de noix de coco ou le sisal. Le coussin inférieur, en forme de saucisse, doit être rempli avant le corps principal. Une fois le remplissage achevé, les bords du tampon peuvent être cousus. Le coussin supérieur est ensuite repliée (voir figure 10) et cousu vers le bas.

La fixation de la garniture à l'attelles nécessite une certaine habileté de la part du bourrelier. Des lanières de cuir sont passées entre le coussin et le corps principal du pad, par des trous percés dans l'attelle et attachées avec des noeuds (figures 13 et 14).

Les traits sont attachés aux attelles au moyen de deux trous forés dans l'attelle au niveau de l'épaule de l'animal.

Bibliographie

Barnwell, I. & Ayre, M. 1982. The harnessing of draught animals. Intermediate Technology Pub.

FAO. 1982. Proc. Expert Consultation on the Rational Use of Animal Energy in Africa and Asia. Rome, FAO.

FSERTR. 1940. Guide de l'attelage du bétail bovin. Berne, Suisse, Fédération suisse d'élevage de la Race Tachetée Rouge.

Jussiaux, M. 1976. Le cheval. Paris, Hachette.

Larousse Agricole. 1921. Joug. Paris, Larousse.

The Friend. 1983. 14 Octobre 1983.