Depuis le 28 juillet 2014 (et jusqu'au 14 août), l'association triévoise Equipage appuie les équipes municipales pour la collecte des déchets dans les parcs de Grenoble avec ses chevaux...
Comme pendant l'été 2013, chaque matin, Ulysse et Athis, menés par Valérie Colin et Laurence Cassar, cochères, tractent paisiblement leur benne, sous le regard étonné des passants... et des automobilistes.
La benne Ochsner prêtée par Hippotese dans sa nouvelle "livrée" verte... (photo Marianne Boilève)
Merci aux 40 participants de l'AG 2013 qui ont bravé la neige (peu mais glissante) le samedi, pour venir nous rejoindre à Montdenis et profiter du grand soleil, au dessus de la mer de nuages, le dimanche 1er décembre...
Bientôt un Compte-rendu complet des débats...
En attendant, je vous fais suivre un très bel article du Dauphiné Libéré du samedi 7 décembre sur l'AG et la Traction Animale en Rhône-Alpes...
Cliquez pour lire l'article...
Je vous signale aussi l'entrée au CA d'Hippotese pour 2014, de 4 nouveaux membres :
Valérie Colin (Le Monestier du Percy dans l'Isère)
Thomas Duguy (Blanzay-sur-Boutonne en Charente-Maritime)
Françoise Dulac (Sciez sur Léman en Haute-Savoie)
Mathias Liebig (Soulatge dans l'Aude)
Bienvenue à eux...
Ils remplacent Bernard Deschenaux, Patrice Monnet, Christophe Marichaud et Nicolas Greff qui souhaitaient se libérer du temps pour des activités personnelles.
Aux noms de tous les membres d'Hippotese, je tiens à les remercier pour leur investissement au service de notre action collective durant toutes ces années.
Je profite aussi de cette occasion pour vous faire profiter d'un autre article que Cédric Grand, le même journaliste du Dauphiné Libéré, avait écrit en mai 2013, au moment du chantier-école de Montdenis et que je n'avais pas diffusé.
Article écrit et préparé (photos et vidéo comprises) par l'Association Equipage (http://www.cheval-equipage.fr), mise en page par DF Hippotese.
La collecte des corbeilles de parcs, ville de Grenoble, du 28 juillet au 9 août 2013.
Carnet de route, par Valérie Colin (Equipage)
Durant l’hiver 2012, nous avons proposé au service Espaces Verts de la ville de Grenoble nos prestations en traction animale.
Un appel d’offre a été lancé pour une éventuelle fauche d’herbe et le ramassage de corbeilles de parcs.
Nous avons proposé un devis et nous avons été retenu pour la collecte, pour une période de 15 jours du 28 juillet au 9 août 2013.
Le travail demandé consiste à ramasser les corbeilles dans différents parcs de la ville.
Pour cette collecte, nous avons loué, pour les 15 jours, une Hippoben dernier modèle, à Alain Perrier.
En allant la chercher, 2 jours avant le début du chantier, nous avons eu un accident sur l’autoroute, résultat : la remorque porteuse et l’Hippoben se sont retournées sur l'autoroute et le fourgon tracteur (qui a percuté fortement la barrière de sécurité), est rendu à l'état d'épave, mort !!!
Beaucoup de dégâts matériels mais on est, heureusement encore là pour en parler !!
Notre Lolo blessée quand même un peu... Donc repos.
C’est Capucine, alias "Camomille", qui la remplace au pied levé...
Mais plus de benne, du coup : "Allo Hippotese Assistance" : Didier et Deny s’organisent pour nous trouver une benne de ramassage d'ordures en remplacement, dans les 2 jours et nous la livrer sur Grenoble pour le dimanche soir...
Ils apportent une benne à ordures suisse, un petit modèle Ochsner qui a appartenu au Grand Hôtel de Zermatt (Station huppée de Suisse) et que Deny a acheté et remis en état récemment...
On se donne rendez-vous sur le campement (dans un parc en face du stade de Grenoble), nous, avec les chevaux, eux, avec la benne...
Et on se retrouve tous ensemble, à boire des bières à 2h du mat, dans le camion malgré un orage de fou. Mais la benne est livrée. Mission accomplie ! Ça assure chez Hippotese !!!
SEMAINE 1 : centre ville, Parc Paul Mistral
Lundi : Stresso-mètre au max !!! Tout revient à la gueule, l’accident, l’Hippoben, les réglages de l’Ochsner, la météo pourrie... Quelle horreur !
Pluie battante, orage, très mauvaises conditions pour attaquer le chantier, heureusement, les services techniques décident de décaler le ramassage d'un jour (on travaillera donc le samedi) et la collecte débutera seulement le mardi, ce qui nous laisse une journée pour finir d'aménager l’Ochsner (adaptation du timon et pose d'un gyrophare).
Mardi : On commence notre première tournée, accompagnées d’un employé municipal qui nous indique le parcours et l’emplacement des poubelles.
La tournée fait 8 km, à plat et comporte 5 parcs.
Il y a des portails et des bornes rabattables à ouvrir, il faut aussi emprunter les voies ouvertes à la circulation, Les Grands Boulevards, les feux, les stops, les voies de tram, les ralentisseurs... La ville, quoi !
Il y a aussi différents modèles de poubelles suivant les parcs. Certaines sont pratiques et d’autres beaucoup moins.
Nous nous levons à 4h30, soins aux chevaux, petit déj... On garnit et on va atteler l’Ochsner qui est stockée dans un local de la mairie, à quelques centaines de mètres des parcs des chevaux et de notre campement.
À 6h00, on commence la tournée, 140 poubelles en tout (le grenoblois aime la bière et la pizza !).
4h de tournée et environ 3,5 m3 de déchets, soit 2 bennes (l’Ochsner a une contenance d’environ 1,7 m3).
Nous vidons dans un benne Lely semi-enterrée (qui dépasse de 30cm du sol). Une manœuvre précise s’impose en marche arrière car en largeur, on est "pile-poil".
Ensuite, direction les services techniques de la mairie pour le nettoyage de la benne au Karcher.
Puis retour au hangar de l'orangerie où nous stockons l’Ochsner pour la nuit et enfin, nous douchons les chevaux.
Le campement est situé dans une zone du parc Paul Mistral, au cœur de la ville.
Les chevaux sont parqués près de nous. Il y a de l’herbe "à gogo", un point d’eau se trouve à proximité. Il ne manque plus que la piscine !!
L'après midi, c'est relâche, nous faisons la sieste dans le van, un œil sur les chevaux...
La nuit après un souper "camping" préparé dans le fourgon, nous couchons dans le van et le fourgon.
Cette nuit, nous avons été réveillées par la police municipale qui se demandait quel genre de Rom pouvait bien squatter là et avec des chevaux !!! La tête dans le ...bip..., on leur explique ce qu’on fait là, ils contrôlent l’arrêté préfectoral... et... "Nous sommes désolés, nous n'étions pas au courant !".
Les jours suivants, même déroulement, même quantité de déchets.
Les gens du quartier apprécient de se faire réveiller par le son des sabots et de voir des chevaux parqués près de chez eux. Les enfants viennent caresser les chevaux et les chiens citadins font une découverte !
Le travail est plutôt agréable, poubelles pas trop sales, peu de circulation aux heures où nous empruntons les Grands Boulevards. Pour les chevaux c’est un travail trop facile, à plat (ça change du Trièves !) la benne est très roulante et maniable.
Par contre les après-midi sont longues, alors après le repos, bourrellerie... Mais on reste H24 avec les chevaux et l'une de nous reste tout le temps près du campement.
Le bilan de cette 1ère semaine est positif, le service Espace Vert est satisfait de notre prestation. De notre coté, tout s’est bien passé, l’Ochsner est hyper fonctionnelle, et très adaptée à ce genre de travail : faible charge, beaucoup de manœuvres et des accès étroits.
SEMAINE 2 : Quartier Villeneuve
Samedi : Aujourd’hui, nouvelle tournée. Équipées d’un plan et de notre sens de l’orientation légendaire, nous voilà parties...
1er parc, 2ème parc : Tout va bien ! Puis, en route pour le troisième, on tombe sur 6 "gonz" qui tenaient encore le bar à 7h00 du matin !
En voyant les chevaux, ils accourent vers nous et là, on se dit "m..., ils vont nous squatter !". Pas loupé ! L’un s’assoit sur le timon, l’autre demande à se faire fouetter, le
suivant essaie de monter dans la benne... Le bordel, quoi !!
Heureusement notre paparazzi adoré a la présence d’esprit de leur demander ce qu’ils fêtent... Une naissance !! Et voilà la situation décoincée, ils nous lâchent et nous, on poursuit notre collecte.
Plus loin, une bande d’ados est venue nous "brancher", ils trouvaient ça "trop chelou" de ramasser les poubelles avec des chevaux. En plus "c’est 2 meufs" ! Un échange bien marrant...
Dimanche : Retour au vert, un petit jour de repos.
Lundi : Le campement est moins calme que celui de la semaine dernière. On est à l’entrée d’un parc, proche de la rue, en face d’un quartier. Pas beaucoup d’espace à faire pâturer.
Les soirées durent longtemps, impossible de dormir avant minuit, trop de passage.
En tout cas, on est en sécurité !! Une caméra est dirigée vers nous H24 !! On se sent mieux d’un coup...
Cette seconde tournée est riche en échanges. Les gens sont très curieux. Certains apprécient, d’autres critiquent les choix politiques... C’est parfois animé !
La benne est stockée sur un parking des services techniques de la ville.
Au niveau circulation, c’est comme la semaine dernière... La "p’tite nouveauté" pour les chevaux, c’est de traverser une galerie, sous un immeuble, sur un sol carrelé. Avec les fers aux pieds, contact bizarre !
Nous vidons l'Ochsner sur un tas de déchets, au sol. Ils sont ensuite repris au chargeur et évacués en camion. Puis, nous lavons la benne à la Propreté Urbaine, à côté des autres camions poubelle.
Cet après midi, un monsieur est venu nous brancher, pour récupérer le crottin pour son jardin. Du coup, il passe 3 fois par jour en vélo, armé de son cabas et de sa pelle, et il ramène un sac à chaque voyage !!
Les chevaux sont fatigués du passage incessant des curieux. Plein d’enfants viennent, coupent le jus, leur donnent des trucs à manger, comme au zoo...
Mais aussi, certains sont bien "partants" pour transporter les seaux d'eau depuis le point d'eau et leur donner à boire...
Les parcs de cette tournée sont peu fréquentés, donc il y a peu de déchets. A peine une demi-benne par jour, pour 3 heures de tournée.
Il y a beaucoup de distance entre les parcs. Certains modèles de poubelles prennent plus de temps (ouverture avec une clé). Il y a une cinquantaine de poubelles en tout.
Mardi : Ce soir, une dame est venue nous apporter des "Samoussas" et des gâteaux marocains... On est aux petits soins !!!
Des fois, on a l’impression d’être un "cabinet psy", certaines personnes viennent discuter, nous raconter leurs histoires... Parfois, cela dure longtemps... Et "allez ! au suivant !".
La suite de la semaine de collecte se déroule sans incident. Le bilan est le même que la semaine précédente.
Un petit regret : La presse et les élus devaient venir faire une inauguration, puis une visite et au moins un bilan du chantier... Mais comme Monsieur l’Elu n’était pas dispo, personne n'est venu... Cette action sera donc passée (presque) incognito...
Toutes les photos ici... dans
"Collecte hippomobile de corbeilles de parc à Grenoble, Asso Equipage (été 2013)"
Et enfin une petite vidéo de Didier, pour l'ambiance...
Petit retour sur nos activités de l'été... Dans le feu de l'action, il n'est pas toujours facile d'écrire un petit compte-rendu de nos diverses activités, le retour de l'automne, plus calme permet de rattraper notre retard...
Et nous voici aujourd'hui en Dévoluy avec Didier Mahillon qui nous raconte une histoire de bâtage...
Le Dévoluy est un massif calcaire fortement modelé par l'érosion glaciaire, typique des Préalpes. Il est situé principalement sur le département des Hautes-Alpes et un peu sur les départements de l'isère de la Drôme. On y trouve de nombreux vallons et d'importants éboulis, qui donnent sa couleur caractéristique grise à la roche. Son sommet culminant est l'Obiou à 2789 m.
Le Dévoluy est faiblement peuplé (1000 habitants répartis sur 4 villages) à l'année hors fréquentation touristique (station de SuperDévoluy).
Dans ce massif on compte 26000 brebis (productions de viande) pour une soixantaine d'exploitations.
Depuis 1993, la présence du loup est avérée dans le massif, ce qui a imposé la modifications des pratiques pastorales établies depuis les années 80.
Avant la présence du loup, ces dernières années, les troupeaux étaient sans berger (parcs électriques et une visite hebdomadaire).
Depuis, les éleveurs touchent des subventions pour avoir des aides-bergers et des patous.
Et s'ils ne mettent pas en œuvre ces moyens contre la prédation, ils sont moins bien indemnisés en cas d'attaque de leur troupeau.
Et pour avoir des bergers, il faut avoir des cabanes pastorales, construites à neuf ou rénovées.
(Photo Valérie Colin)
Généralement les alpages sont situés dans un vallon qui va de 1300 m à 2500 m environ.
Autrefois, il y avait au moins une cabane aux alentours de 1600m occupée toute la saison par le berger. Parfois il y avait une ou deux autres petites cabanes plus haut. Les bergers étaient salariés par un ou plusieurs propriétaires.
Une fois par an, en début de saison (juillet), pour un voisin avec qui j'échange habituellement des services, je fais le transport de sel.
Je pars soit de chez moi (1250m), soit d'une cabane située à 1600 m (fin de piste carrossable) jusqu'à 1850 (soit 600 m ou 350m de dénivelé).
Je charge 6 blocs de sel de 12 kg par cheval (soit 72 kg + 25 kg de bât = 97 kg). Avec mes 2 mérens, nous transportons 144 kg de sel en un seul voyage.
(Photo Valérie Colin)
Cette année, j'ai fait le transport de sel, cela s'est très bien passé et mon voisin m'a demandé si je pouvais monter 4 planches de coffrage pour couler la dalle d'une nouvelle cabane à construire à 1900 m d'altitude environ
Cette cabane doit permettre de surveiller le haut de l'alpage (au delà de 2000 m) pendant 5 semaines au cœur de l'été.
J'ai donc préparé un seul cheval, mais en fait en arrivant à la cabane intermédiaire il y avait 14 planches de différentes largeurs (car non délignées) et en 3 m de long donc plus difficile à charger et à arrimer.
Ce chargement plus important compliquait le portage d'autant qu'il n'y a pas de chemin tracé dans le vallon. Mais le transport s'est bien passé malgré un temps nuageux et une faible visibilité. Quartz, mon Mérens mâle, avait bien du mal à tourner du fait de la longueur de ces deux paquets de planches qui lui bloquaient l'encolure...
Le transport du béton pour la dalle, se fait à l'hélicoptère depuis la vallée. Le coffrage est lui préparé à l'avance avec ces planches.
Le jour de la coulée du béton du dallage, 3 personnes sont en haut pour écarter et lisser le béton, 2 personnes sont en bas pour préparer (à l'avance) le béton et accrocher les charges sous l'hélicoptère.
Il était prévu 5 rotations avec un seau de 200 litres à fond ouvrant pour le béton et une rotation pour transporter le bois de construction de la cabane.
A cause du mauvais temps (vent et brouillard), il a fallu reporter les rotations de béton qui n'ont pas pu aboutir et le bois de la cabane a été déposé à seulement 1600m faute de pouvoir monter plus haut...
Quelques jours plus tard, par beau temps, l'hélicoptère est revenu, la dalle a pu être coulée et le bois de la cabane transporté jusqu'à son emplacement définitif à 1900 m.
(Photo Valérie Colin)
On pourrait penser que ce serait plus simple, moins cher et plus sûr de transporter les matériaux secs (ciment et sable, puisque l'eau est sur place) avec des animaux de bâts (nous avions rencontré des prestataires qui faisaient cela avec des bâts équipés de caisse métallique à fond ouvrant dans le Val Pelice en Italie en 1990).
Mais en fait, ici les éleveurs ne payent que 125 € par rotation de l'hélicoptère, car celle-ci sont subventionnées (toujours à cause du loup) et que les prestations avec les animaux de bât ne le sont pas (encore)... Le combat est inégal !
Depuis, dans le mois d'août, j'ai encore fait un transport avec les 2 chevaux pour transporter 2 sacs de 25 kg de croquettes (pour les patous), des bastaings, des tôles de faîtage et un rouleau de tuyau souple.
Bilan technique : La première difficulté de ce transport n'est pas le poids de la charge transportée (sauf pour le nombre de planches, mais il s'agissait plutôt d'une incompréhension).
La première difficulté est qu'il n'y a pas de chemin pour accéder dans ces alpages et que donc la monté est rendue très pénible avec les pieds tordus.
(Photo Didier Mahillon)
La seconde difficulté est due à la longueur des planches qui bloque l'encolure des chevaux, d'ailleurs le premier voyage a été fait avec un bât de l'armée suisse de 1906, sans échelle, mais la charge était trop prés du cheval et le deuxième voyage a été fait avec un bât toujours de l'armée suisse mais plus récent et muni d'échelles qui éloignent un peu la charge. Ce dernier était plus confortable pour le cheval.
Sinon, on voit bien la complexité du transport avec les hélicoptères qui sont très sensibles au temps qu'il fait et au vent en particulier en montagne.
Dans notre cas, les éleveurs ne payent pas les rotations à leur prix réel donc une comparaison économique n'a pas de sens (sauf à subventionner aussi le portage avec équidés), mais dans les autres cas, le bâtage peut sans doute être une alternative crédible...
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