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Rapport "Chevaux de trait : le retour ?"

IV. VILLES

2. Fiches de terrain

Fiche N°4 : Les Calèches du château de Versailles

 

 1. REDACTEUR : Bernadette LIZET

Date de la rédaction : 1er août 1999

 

2. INTITULE : Les Calèches du château de Versailles

Mots-clefs : Entreprise d'attelage, service hippomobile de promenade, réseau compétition, femmes-meneurs, emplois jeunes environnement, bien-être animal, vitrine des races, prototypes et expérimentation.

 

3. ORGANISME

Les Calèches du château de Versailles, une société commerciale créée en 1998, concessionnaire contractuel du domaine du Château.

 

4. SOURCES D'INFORMATION

- Terrain (13 juillet 1999) sur le site : entretiens avec la gérante de la société, le responsable administratif et commercial, le directeur d'exploitation, la chargée de communication, divers cochers et grooms (en particulier sur un char à banc en service dans le Parc).

- Le programme de formation à l'attention des cochers et des grooms

- Divers articles de presse

 

5. DATES, DUREE, PERIODICITE DE L'OPERATION

Depuis le 1er mai 1999, établissement d'un service de navettes et de promenades en voitures à cheval, dont les Calèches du château de Versailles ont la concession pour 10 ans.

 

6. REPERES HISTORIQUES, GEOGRAPHIQUES ET SOCIAUX

Un appel d'offre du Château de Versailles

En décembre 1997, l'Etablissement public du Château de Versailles (Musée et Domaine national appartenant au ministère de la Culture) lance un appel d'offre européen pour mettre en place un nouveau service hippomobile de promenade et de navette dans le parc du château (où l'introduction de véhicules à cheval est un fait historique). Le développement de cette activité - comme celle d'un petit train électrique, au carrossage haut de gamme - va de pair avec la transformation du statut du Domaine en EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial). Une cinquantaine d'avant-projets ont été présentés, dont 2 ont été retenus pour développement.

La Société commerciale des Calèches du Château de Versailles

L'Association d'attelage du Marbreuil (Orne) en est lauréate. Créée en 1996 par un petit groupe d'amis soudés autour d'un champion d'attelage à deux chevaux (des juments croisées Selle Français et Cob), Jean-Claude Campoli (venu du "Complet" - concours complet d'équitation, très proche, dans sa conception, des compétitions d'attelage), qui vient d'être sélectionné pour les Championnats du monde (Hongrie, août 1999), elle a pour but de promouvoir l'attelage de compétition : soutien des campagnes sportives du champion, organisation d'un concours "national 1" (depuis 1998), l'une des manches du championnat de France d'attelage (chevaux de sang et de trait, poneys) : une cinquantaine de participants en 1999, près de 6000 visiteurs en 3 jours en 1998.

Une société commerciale a été créée pour s'individualiser de l'Association d'attelage du Marbreuil (qui continue d'exister). Elle a été autorisée à utiliser l'expression "château de Versailles" (une marque déposée du Château) pour son logo; y figure également le mot "calèche", le plus parlant pour le grand public.

 

7. ACTEURS

L'équipe dirigeante comprend 3 personnes, 3 amis fondateurs de l'association d'attelage: Nathalie Vasseur, gérante de la société (compagne et entraîneur du champion d'attelage, bénéficiant d'une expérience commerciale, et de formation de personnels); Robert Marion, directeur d'exploitation; Marc Pénicaud, directeur administratif et commercial.

Elle a recruté, pour la pleine saison :

- 11 cochers, tous dotés d'un "galop 7 d'attelage" (qualification imposée par le cahier des charges du Château), permettant d'accéder à la compétition nationale (ils se disent "meneurs" entre eux, titre conféré par ce diplôme); ils disposaient de cette formation, ou l'ont obtenue dans le cadre de l'association et de la société (les examens sont effectué sur le terrain de l'association percheronne)

- 11 grooms, dont la majorité sont cavaliers (galop 4 d'équitation, et aspirent à devenir cochers), bilingues;

- 3 palefreniers (dont un chef d'écurie),

- 1 ouvrier mécanicien pour les voitures, qui assure par ailleurs une garde de nuit dans les locaux (il y loge dans un bâtiment Algéco).

Soit 29 personnes au totl (80% de femmes).

La Société a bénéficié d'un conseiller technique prestigieux : Jacques Tamalet, entraîneur national et sélectionneur de l'équipe de France d'attelage, et responsable, de 1995 à 1998, d'une activité de tourisme hippomobile dans les villes de Toulouse et de Bordeaux (utilisant des chevaux de sang et des Boulonnais).

Quant aux postes de vétérinaire et de maréchal-ferrant, ils sont cruciaux pour le fonctionnement d'une écurie de service revêtant un évident caractère expérimental : ce sont là encore les circuits, la compétence technique et la camaraderie de la compétition qui ont joué. Installé en Haute-Normandie (près de Rouen), le vétérinaire (une femme) est une spécialiste de la pathologie de l'attelage, un savoir forgé dans le suivi de l'équipe de France. Le maréchal est devenu un ami : il ferre depuis longtemps les chevaux de compétition des Attelages du Marbreuil, et vient aux écuries des "Calèches" une fois par semaine : il faut remettre des fers une fois par mois (en dépit de l'utilisation du tungstène), car les chevaux couvrent 20 à 25 km par jour.

Pour la morte saison (à partir de la mi-septembre), le personnel des voitures devra être considérablement réduit : maintien de 8 cochers-grooms polyvalents.

 

8. DEFINITION DE L'ACTION

L'installation

L'investissement consenti par les Calèches du Château de Versailles comprenait l'aménagement d'un hangar appartenant à l'Établissement public du Château) et l'achat des chevaux (rubrique 9), des harnais, des véhicules et des costumes. Pour une activité développée sur "l'un des plus beaux sites de France", et sans doute le plus prestigieux, l'apparence doit être soignée.

- situé dans le domaine du Château (Zone des matelots, au sud-est du Parc), le hangar a été équipé d'eau et d'électricité; des écuries y ont été montées - une majorité de stalles et quelques boxes-, ainsi qu'une sellerie, une grange aux parois ignifugées et des bureaux.

- les harnais viennent d'un sellier hollandais. De fabrication néo-zélandaise, ils ont la particularité d'être en "textile enduit" (de matière synthétique), et donc légers et lavables, tout en présentant l'apparence du cuir (noir). La bricole a été préférée au collier (plus de souplesse d'utilisation).

- le parc de véhicules en service comprend des voitures restaurées (2 landaus), ou neuves (3 landaus "réplique d'ancien", 9 chars à banc de conception inédite), qui ont toutes été achetées au constructeur allemand Kuhnle (en Bavière), fournisseur plébiscité par les compétiteurs d'attelage, et en particulier l'actuel champion du monde (élégance et solidité). l'ensemble est équipé de freins à disque (avant et arrière), de réflecteurs et de sièges modernes; les voitures neuves sont par ailleurs aux normes techniques de sécurité selon les critères du Service des mines allemands (une spécificité de sa culture de l'attelage, restée vivace et sans discontinuité, au contraire de la situation française, qui voit renaître ces traditions depuis les années 1980).

Landaus et chars à banc s'attèlent à deux chevaux. Pour des raisons d'esthétique, les roues de tous les véhicules neufs ont été cerclées de fer, ce qui présente quelques inconvénients (confort dans la voiture, bruit, usure du revêtement de sol).

- les costumes des cochers et des grooms ont été soigneusement composés : sur les landaus par exemple, chapeaux haut de forme, pantalons blancs et boots d'équitation, gilet, redingote (choisis dans le prêt-à-porter, chez des spécialistes de matériel d'équitation, ou de livrées pour l'hôtellerie). En été, les gants ne sont pas exigés (mais souvent portés, car les rênes glissent, et blessent les doigts).

Les véhicules et les chevaux sont en principe affectés à un cocher déterminé; mais une certaine souplesse s'impose (chevaux indisponibles, par paires ou séparément).

Fonctionnement du système

Il s'agit d'assurer un service permanent de navettes et de promenades dans le Parc, tous les jours, sauf le lundi (fermeture du Musée de Versailles), de 10 h à 18 h. Une régularité de passage des voitures est assurée (toutes les 20 mn environ). Stratégie mise au point avec le Château : "avoir toujours une ou deux voitures sur le parterre (devant le château) pour générer une attraction... Sans voitures devant les yeux, les visiteurs ne sont pas entraînés à consommer le produit".

Les départs de l'écurie se succèdent donc régulièrement, tous les 1/4 d'heures. Un km et demi au pas vif, et les attelages gagnent le lieu de l'action, au débouché des touristes dans le Parc, devant le château.

L'action dans le Parc

Ils y trouvent le directeur d'exploitation, carnet en main, qui règle le flux des voitures avec son talkie-walkie (dont tous les personnels du Domaine sont équipés, pour raison de sécurité, et l'équipe des Calèches possède sa propre fréquence). Il attire l'attention des clients, les fait patienter en leur distribuant les tickets, au passage des voitures, il discute des problèmes rencontrés par les tandems cochers-grooms sur leur parcours (signes de fatigue des chevaux, de déshydratation, boiteries, etc.). En cas de déferre, c'est l'immobilisation, et il faut aménager le trafic des voitures,

2 types de parcours :

- en landau, "privatif", par petits groupes familiaux ou d'amis (6 personnes à l'intérieur, plus une éventuellement à côté du cocher), une promenade dans le Petit Parc, 30 mn environ, 300 f pour la voiture complète;

- en char à banc, "collectif", 22 passagers payants. Ce sont les navettes, qui desservent les deux trianons (avec possibilité de visite, et reprise d'une autre navette, 20 mn plus tard environ, et possibilité d'un aller simple), 40 mn environ pour 42 f. Les grooms y ont pour tâche de capter les clients, de les orienter vers la file d'attente, de réceptionner ceux que leur adresse le directeur technique, de donner à boire (à chaque stationnement dans les fortes chaleurs). Dès que la voiture est remplie - ou lorsque le temps d'attente est écoulé - la voiture démarre et laisse la place à celle qui attendait son départ. Le groom s'entretient avec les clients, répond aux questions qui portent souvent sur les chevaux, leur travail, le lieu où ils dorment... et la fatigue qu'ils manifestent. Ce stationnement au Parterre nord constitue d'ailleurs un temps de récupération pour les équipages. Il est particulièrement nécessaire pour les paires attelées aux chars à banc, qui tirent jusqu'à 3 t 7, et sont relayées à mi-journée, alors que celles des landaus assurent une journée continue. Le travail s'effectue pour l'essentiel au pas, avec quelques temps de trot ("pour dérouiller les chevaux").

Les problèmes rencontrés

- L'installation s'est faite dans la précipitation, sur un faux départ (une demande de mise en place en avril 1998, repoussée à mai 1999) : les chevaux ont été achetés, les voitures commandées. Le char à banc (un prototype) s'est avéré très lourd (2 t à vide), et il n'a pas y avoir d'essai avant la mise en fabrication des 9 exemplaires. Il a fallu faire avec : système de relai à mi-journée (alors que les autres tournent en continu), clients invités à descendre pour gravir les deux côtes du parcours.

- Côté chevaux : une forte baisse de forme a affecté l'ensemble de la cavalerie à l'issue de la première semaine. Suivi vétérinaire attentif, changement de régime alimentaire pour "mieux gérer l'énergie" (alimentation traditionnelle - orge aplati et avoine - plus souple que les granulés, maintenus en complément pour le complexe de vitamines), effet de l'entraînement régulier : la cavalerie est devenue opérationnelle ; les "grandes carcasses" (Boulonnais en particulier) accusent cependant un taux d'indisponibilité (repos forcé) nettement plus important que les autres.

Un seul incident de circulation, au retour d'une voiture vers les écuries, suite à un geste brutal d'un éboueur : chevaux et voiture au fossé, rapidement sortis de là.

- Côté personnel : difficultés de logement (cherté et rareté dans le secteur de Versailles); activité saisonnière pour la plupart d'entre eux (les quelques autre sont en CDI), une activité par ailleurs très "physique" (soleil et chaleur, journées chargées).

- La relation avec les clients s'est singulièrement nouée autour d'une compassion à l'égard de ces chevaux remis au travail pour leur plaisir : le personnel des voitures manifeste une attention et savoir-faire aigus à l'égard des chevaux et de leurs faiblesses.

Des problèmes analysés méthodiquement, au sein de l'équipe au complet (discussions d'état-majors régulières), et surmontés grâce à un environnement technique perfectionné (ajustement permanent des soins, de la pratique et du matériel), un réseau de compétences confirmé (vétérinaire, maréchal, fournisseur de granulés, fabriquant de voitures) et un enthousiasme de l'équipe portée par le sentiment d'innover à grande échelle.

 

9. CAVALERIE

36 chevaux, hongres et juments, de races boulonnaise (5 paires), cob normande (7 paires) , comtoise (5 paires), trait du Nord (une paire) : tous possèdent des certificats d'origine (sauf une jument, rescapée de l'abattoir), et sont issus de l'élevage français. Ils ont été pris à l'essai (15 jours). Parmi les critères de choix pour la "qualité de service" : l'appariement (attelages à deux, imposant un dressage commun, une homogénéité de robe et de taille). Les bêtes ont été achetées "par paires ou par nombre pair" : par exemple, 10 Comtois acheté à Gérard Sainte-Beuve (ex champion de France à 4, agriculteur picard, gérant d'une école d'attelage), pouvant se trouver intervertis sous les harnais, permettant une souplesse de programmation. Tous les Cobs viennent du même éleveur.

L'expérience sportive de haut niveau - et les conseils de J. Tamalet, chargé d'effectuer un pré-repérage des chevaux - ont fait privilégier des gabarits plutôt légers, "une certaine finesse de modèle" : certains Cobs ont l'allure de chevaux de selle, et les grands et lourds modèles n'excèdent pas 700-700 kg. Mais les chars à banc, nettement plus lourds que prévu dans la commande adressée au constructeur (cette voiture est un prototype), exigent la puissance musculaire du trait lourd, à condition qu'ils possèdent un pas de grande amplitude (c'est surtout le cas, ici du Boulonnais, au contraire du Trait du Nord). Pour ces grosses voitures, au bilan, les Comtois et les modèles étoffés de Cobs conviennent aussi bien. Ce sont par ailleurs les réseaux de connaissance du conseiller technique qui ont opéré, ainsi que les offres des éleveurs ayant eu connaissance du projet en cours de réalisation. Le responsable administratif et commercial résume ainsi les qualités d'un cheval de service au Château : on a besoin de chevaux qui soient calmes, courageux, endurants, avec un bon rendement par rapport à la nourriture qu'ils reçoivent (granulés et foin, le matin, deux heures avant le travail, et au retour le soir, après la douche). Au bilan, ce rendement serait supérieur pour les gabarits moyens.

 

10. INSCRIPTION DANS LES RESEAUX

(voir rubrique 13)

 

11. ASPECTS ECONOMIQUES

- Peu de subventions dans cette phase d'onéreux montage de la structure (5 à 6 millions d'investissement) : les Haras Nationaux n'ont pas concrétisé leur promesse verbale (Filière trait) . Mais il y a eu un soutien au titre de l'aide à l'emploi (Chambre de commerce de Versailles, réseau Entreprendre en France), et une prise de risque personnelle pour l'ensemble des membres de l'équipe dirigeante, qui ont engagé leurs avoirs personnels.

- Coût de l'installation :

o aménagement du hangar : 1400 kf

o investissement exploitation : 3000 kf (achat des chevaux - 20000 f environ par tête , voitures, matériel d'écurie, costumes)

- Il est encore trop tôt pour effectuer un bilan des coûts de fonctionnement (la mise en route a été onéreuse : 15 j de service sans tungstène en ferrure, stocks à constituer en pharmacie, nourriture…)

o Concession : 6% du chiffre d'affaire annuel

o 500 à 600 personnes transportées par jour durant l'été 1999 : un taux de remplissage jugé très satisfaisant

- L'évaluation de la santé économique de la structure doit se faire au terme de la 3° année d'exercice, et l'amortissement est espéré sur 5 ans. Le principal problème tient à la saisonnalité de l'activité: une longue période de fonctionnement au ralenti succède à la pleine saison estivale. Mais la fréquentation touristique du Parc est également très tributaire du temps (météo).

 

12. PERSPECTIVES

À court terme

- Achat de 4 paires de chevaux supplémentaires, pour mettre en service les 2 voitures restantes (chars à banc) ; recrutement de 4 grooms : 2 anciens grooms (pourvus de leur galop 7), vont devenir cochers.

- Revente de 2 chars à banc, achat de 2 voitures couvertes de taille moyenne

- Importante campagne de médiatisation en août (40 dossiers de presse distribués aux journalistes)

- Mise au point d'un parcours de navette entre la gare et le château

À moyen et long terme

- Développement auprès de professionnels de vente de produits touristiques, recherche de subventions (Haras nationaux),

- La société travaille à la mise au point d'activités complémentaires en saison creuse :

o Un "produit" pédagogique, élaboré en collaboration avec des écoles de la région, pour présenter l'activité, son originalité (réinvention d'une écurie de transport touristique, les équipages, les métiers impliqués), en faisant valoir sa dimension expérimentale, avec la possibilité qui s'offre pour la comparaison avec les cavaleries de transport urbain du début du siècle. Dimension recherche également : aspects ethnohistoriques (redécouverte des archives de la Société des omnibus de Paris par exemple...), et suivi anthropologique de l'expérience actuelle (une nouvelle culture professionnelle s'élabore, avec ses aspects techniques, économiques et culturels).

o Un système de formation agréé, normalisant une pratique développée dans l'urgence de l'installation (préparation au galop 7 pour un recrutement interne de cochers, avec qualification interne des grooms : 6 jeunes gens formés et diplômés en 98-99 - 5 filles, un garçon - 4 candidates inscrites pour une session de septembre 99). Le processus comporte plusieurs étapes : obtention d'un "numéro de formateur" (décerné par la Direction du travail et de l'emploi - au niveau national -, section formations permanente et professionnelle); et réponse à un appel d'offre lancé par la Direction régionale du travail et de l'emploi (un dossier très spécialisé), pour pouvoir recevoir des fonds publiques. Concept de formation : décliner l'expérience des Calèches de Versailles à plus petite échelle, en visant l'embauche dans des services municipaux de promenade touristique, avec cahier des charges concernant la voiture, les harnais, les chevaux.

o Dans ce cadre, la gérante a engagé une réflexion sur la spécificité d'un cursus et d'un examen qui correspondent aux critères propres du métier de cocher (transport public à vocation touristique); elle rejoint l'un des objectifs stratégiques visé par le Syndicat des cochers (voir la fiche correspondante), et propose d'y apporter une riche expérience du dialogue avec les ministères.

o Un système de réforme de la cavalerie combinant le respect des chevaux (mis à l'épreuve d'un service intensif), la rentabilité de l'entreprise (maintien d'une cavalerie jeune, performante et de bonne valeur marchande) et la promotion du cheval de trait français : à l'étude, un principe de réforme après 3 saisons à Versailles, avec réinsertion dans le réseau marchand d'animaux en forme physique, et avec une bonne valeur marchande . Un tel modèle présente l'avantage d'établir une connexion permanente entre les niveaux de la production (l'éleveur livrant un jeune adulte dressé), et de l'utilisation (après quelques années d'un travail intense mais bien contrôlé, recyclage des "ouvriers" dans des tâches plus douces, comme le tourisme saisonnier plus calme, ou le loisir familial).

o Le Haras de Jardy tout proche (grand poney-club) est également en demande de prestations formation.

 

13. CONTACTS

Nathalie Vasseur, Les Calèches du château de Versailles, allée des Mortemets, Zone des Matelots, 78000 Versailles.

Tél 01 30 97 04 41, Fax 01 30 97 04 44

 

14. FICHES À CONNECTER (POUR POURSUIVRE LA RECHERCHE)

- Stratégie d'animations dans le Parc (transformation du Domaine national en EPIC)

- Interventions du maréchal-ferrant et du vétérinaire spécialisés dans les pathologies du cheval d'attelage

- Figures et produits d'attelage de grands meneurs-leaders : Jacques Tamalet (tourisme hippomobile à Toulouse et Bordeaux), Sainte-Beuve (Ecole d'attelage dans l'Oise)

- Développement des activités complémentaires des Calèches de Versailles (formation, pédagogie,

- Le service municipal de voirie d'Argentan (en liaison avec la formation du lycée agricole de Sée, dans l'Orne)

- Les prestations attelage dans la ville de Saumur pour le compte du Syndicat des commerçants

- Le Syndicat des cochers

- Systèmes de tourisme hippomobile de grandes villes touristiques européennes : Bruges, Séville, Vienne

- Tourisme hippomobile sur l'île d'Aix (Oléron)

 

15. SYNTHESE ET PISTES DE RECHERCHE

- Noblesse exige : à Versailles, le cahier des charges était ambitieux. Il fallait être à la hauteur du site touristique (le plus prestigieux de France), et de la situation (réinventer une écurie de service, faire tourner "une grosse PME d'attelage"). "La plus grande écurie de chevaux de trait au travail" en France ? Sans doute, et certainement la deuxième en Europe occidentale, après Vienne (une trentaine de voitures).

- Au terme de la procédure d'appel d'offre, l'Etablissement public du Château de Versailles a choisi un projet porté par un groupe soudé autour d'un meneur de haute compétition. Il a mobilisé ses réseaux de solidarité inter-professionnelles du sport (soins aux chevaux, voitures), insufflant à son personnel un esprit d'équipe, un sens du défi, une passion pour des chevaux utilisés de manière intensive et professionnelle. Le personnel dirigeant bénéficiait par ailleurs de compétences individuelles en matière de gestion et de tourisme.

- Un personnel très largement féminin. Les femmes sont peu nombreuses aux commandes directes en compétition (au poste de "meneur"), mais il est bien connu que les compagnes de champions jouent un rôle déterminant dans leurs carrières : elles sont "derrière". Les jeunes femmes travaillant dans les voitures veulent à l'évidence ici "passer devant" : accéder aux fonctions de cocher (qui ne se féminisent pas plus, dans les mots, que "meneur").

- Dynamique de l'ascenseur professionnel : les grooms (femmes et hommes, souvent cavaliers) veulent se former pour accéder aux guides.

- Cette professionnalisation (au sens d'en faire un métier) des jeunes gens passionnés d'attelage inverse les critères classiques de la noblesse équestre: la pratique de l'attelage n'infériorise plus par rapport à l'équitation ; ce sont les cavaliers qui gravissent les échelons de la formation pour devenir cochers-meneurs.

- Pas le droit à l'erreur : la structure constitue une vitrine nationale (fierté des personnels engagés, de tous les professionnels impliqués, du fabriquant de voitures à celui d'aliments équins). Cette expérimentation peut se voir déclinée à d'autres échelles.

- Particulièrement surveillé, et contrôlé : le bien-être des chevaux dans le travail, objet de compassion et de sollicitude extrêmes de la part de tous. Il faut éduquer et informer et informer les clients, ce qui n'est pas le moindre des intérêts du métier.

- Les Calèches de Versailles jouent bien sûr la carte du faire-valoir, mais aussi de la transmission : effort de médiatisation, mais également d'une diversification par l'animation pédagogique (classes d'enfants de la région) et la formation professionnelle (formation de cochers, aide à l'installation, conception de produits "attelage")

- L'expérience pourrait (et devrait) se transformer en laboratoire collectif du milieu du cheval de trait (ou plutôt du cheval de service, cheval "utile"), pour étudier :

o le travail fourni par les chevaux, ses effets pathologiques, son optimisation, avec les composantes de l'alimentation, de la ferrure, des types de voitures et de harnais utilisés

o les modalités concrètes et les perspectives pour des métiers réinventés (cocher, mais aussi tous les artisanats spécialisés : en France, constructeurs)

o pour tester et valoriser les stratégies de production actuelles dans les différents berceaux de races (diversification des types, plus ou moins lourds, jugement de concours sur l'aptitude au travail)

o pour réfléchir, dans la pratique et dans la théorie, à une formation professionnelle originale (autre chose qu'un simple transfert du diplôme de meneur de haute compétition) : un diplôme de cocher

o pour tirer le meilleur parti de l'information qui s'y produit : liaison action-recherche (interdisciplinaire), pratique professionnelle et réflexion critique (avec le recul historique).

o pour organiser au mieux les circuits et le système de la complémentarité de l'élevage et des utilisations.

- L'équipe a conscience de cette dimension de l'enjeu global, pour le monde du cheval de trait (effet de vitrine, risque de monopolisation et donc de conflits) :

o s'opère un redoutable test de performance pour les produits de l'élevage et le panel des races mis à disposition sur le marché

o dimension éthique de l'entreprise : favoriser le cheval de trait, dans son ensemble et sa diversité

o nécessaire campagne d'information, en liaison avec les Haras nationaux, les syndicats de races (Fédération nationale chevaline), le syndicat de cochers, et la recherche (pluridisciplinaire).

- Elle a également conscience de l'enjeu global pour la société française (et bien au-delà) dans son ensemble : le parc du château de Versailles reçoit 7 millions de visiteurs par an, les voitures attelées y sont un grand spectacle. Une situation urbaine par excellence. Les Calèches de Versailles ont l'ambition de faire tourner une entreprise et de la développer (si elle résout les problèmes de saisonnalité inhérents à ce type d'activité), avec la conviction de jouer un rôle social important : renouer avec une histoire presque oubliée de l'attelage public (transport de personnes), redonner du travail au cheval de trait en s'accommodant de l'idéologie dominante du bien-être animal, professionnaliser des jeunes passionnés d'attelage de loisir, reconstruire un tissu d'échanges professionnels et commerciaux, de la production à l'utilisation. Une responsabilité certaine.

 

16. DATE DE VALIDATION PAR LES ACTEURS : 29 août 1999