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Rapport "Chevaux de trait : le retour ?"

IV. VILLES

2. Fiches de terrain

Fiche N°3 : 18ème Grande fête du cheval de Loudéac

 

 1. REDACTEUR : Bernadette LIZET et Anne BOURDON

Date de la rédaction : 14 septembre 1998

 

2. INTITULE : 18° Grande fête du cheval de Loudéac

- Mots-clefs : Société Hippique Rurale, équitation sur chevaux de trait, modèle équestre militaire, bénévolat et convivialité, sociabilité de proximité, spectacle de petite ville rurale.

 

3. ORGANISME : Société Hippique Rurale de Loudéac (Côtes d'Armor)

 

4. SOURCES D'INFORMATION

- Printemps 1998 : interview en mairie de Loudéac (Maire-adjoint, chargé du tourisme, des loisirs et de l'environnement),

- Sur la fête : programme, enquêtes, observation directe

- Revue de presse, séries de photographies des manifestations précédentes

 

5. DATES, DUREE, PERIODICITE DE L'OPERATION

- Manifestation annuelle (deuxième dimanche du mois d'août), l'après-midi

- Une réunion interne (tous les acteurs, spectacle et stands) en donne la réplique, en novembre, avec projection du film vidéo tourné par la SHR

 

6. REPERES HISTORIQUES, GEOGRAPHIQUES ET SOCIAUX

- La fête a lieu sur un terrain municipal ("terrain de Kerd'Hervé"), en lisière de la "zone" périphérique de Loudéac (1 km de la ville). Loudéac, 10 500 h environ.

- Première fête en 1936.

o C'est un pur produit SHR (Syndicat Hippique Rural, une institution nationale) : sous la houlette des Haras Nationaux, il s'agit de faire la promotion des loisirs équestres pour encourager le perfectionnement de la traction animale (éliminer les bovins), et lutter contre la motorisation qui s'annonce (automobile). Dans toute la Bretagne, pays de remontes militaires importantes (avec séances de test-concours de chevaux d'artillerie, comportant courses et obstacles), il existe une équitation populaire sur chevaux de travail agricoles ("trait" plus ou moins lourd, avec allègement par le croisement pour la route).

o À Loudéac, en 1936, le modèle festif élaboré par les Haras est le suivant : rendez-vous sur l'hippodrome, reprise militaire sur place, défilé en ville et jeux à nouveau sur l'hippodrome. La fête se déroule selon le même scénario.

o Semble persister également l'ancrage sur des réseaux de sociabilité et d'entraide de voisinage (institution de " l'équipe ", correspondant à un village ou un canton)

- Une grave crise de cette sociabilité ludique autour du CT a sévi dans les années 1960-1970, laissant la fête de Loudéac exsangue; la petite ville voisine de La Motte en a repris le principe en 1981 (avec le soutien de Loudéac, et sous l'égide d'un jeune Président, J.-J. Massé). Immédiate émulation, la sociabilité de gens de chevaux passionnés et amateurs de jeux équestres en a été immédiatement réactivée (renouveau de l'équipe).

- Récupération par Loudéac en 1991, effort de communication et promotion touristique

- En 1954, a lieu un événement : une visite-formation de la Garde Républicaine, débouchant sur un spectacle nocturne fabuleux, une reprise de cavaliers paysans sur CT, chevaux passés à la brillantine et fers rutilant de peinture argentée sous les projecteurs : un fait d'arme-spectacle, magnifique et mémorable (valorisation de l'ordre militaire).

- Une fête entre les mains de la communauté rurale, exprimant une sociabilité de proximité, avec ses valeurs propres : un loisir en famille, qui repose sur un sens aigu du bénévolat et de l'entraide (transmission de ces valeurs, socialisation des jeunes).

- Aujourd'hui, on se donne à voir aux urbains (rabattage, communication grand public).

- La relance de la fête est celle de la SHR, par le regain d'intérêt (précoce) pour le CT.

 

7. ACTEURS

Qui "tient" la fête?

- Leader : le Maire-adjoint chargé du Tourisme, des Loisirs et de l'Environnement, par ailleurs Président du Syndicat Hippique Rural. C'est la combinaison des deux structures, Mairie/SHR de Loudéac, qui garantit le succès de la manifestation (excellente logistique).

- Mais elles s'appuient sur une forte structure de bénévoles (120 associations actives sur le secteur); des bénévoles qui se "rendent" les prestations, d'une fête et d'une manifestation à l'autre.

- Sponsors : Mairie de Loudéac, Conseil Général, Crédit Agricole, Centre Leclerc de Loudéac, Coopérative agricole Dynal, etc.

- Participants (voir la rubrique 8)

- Public : pour moitié, habitants de Loudéac (avec proche région), et l'autre moitié, des vacanciers, ayant souvent des racines paysannes régionales (source : organisateurs, d'après les informations figurant sur les billets de la tombola annuelle - deux pouliche de trait à gagner). 4 à 500 invitations gratuites (convivialité, une certaine revanche par rapport à l'esprit de, et des concours).

 

8. DEFINITION DE L'ACTION

- Telle qu'exposée sur le programme :

"Haras de Lamballe (dont le directeur, une première, en selle sur l'un de ses étalons, et, plus classique, deux attelages à deux), six équipes de chevaux montés, vingt-cinq chars à bancs avec équipages en costumes bretonsn un attelage à huit (J.-J . Macé), défilé en ville (avec comme thème "le matériel des années 1960), démonstration de travaux du sol, de moisson et de battage (association de sauvegarde du patrimoine de mécanique ancienne), jeux combinés (petit parcours d'obstacles) avec chevaux de selle (club hippique de la Chèze) et chiens(club canin), courses de poneys, fanfares".

- Comme chaque année, le défilé est ouvert par deux cavaliers (sur des chevaux de trait) : le responsable environnement/tourisme de Loudéac, Président du SHR de Loudéac et le Député-maire de Loudéac. Cette année, une innovation : le Directeur du Haras de Lamballe suivait, sur un étalon de son dépôt.

Rôle spécifique du chef d'équipe, à qui on délègue le rabattage dans un petit territoire (canton), et la préparation technique de son groupe. Rôle "locomotive" de J.-J. Massé, éleveur-utilisateur marchand.

 

9. CAVALERIE

220 chevaux en tout

- 90% CT (la quasi totalité de la cavalerie de concours du canton?); juments bretonnes, de concours, en majorité poulinières (poulain restés à l'écurie); queues longues chez les jeunes (sauf chez un gros éleveur-leader, spécialiste de l'utilisation); deux hongres chez ces même éleveurs.

- quelques chevaux de sang (tous modèles), diversité des races, un tandem de PS arabe (venu de Dinard)

- ânes (attelés) et poneys (montés), dans le défilé et poneys dans une course.

 

10. INSCRIPTION DANS LES RESEAUX

- À suivre : recoupement de participation avec les concours d'utilisation et le système des fêtes à l'ancienne

- Circuits d'entraide familiale et de voisinage (révélés par le "coup de main" pour la préparation sur la fête, et la participation aux différentes animations (le défilé, la reprise), clientèle (ventes de poulains et chevaux dressés); tissu particulier de relations des chefs d'équipe.

 

11. ASPECTS ECONOMIQUES

- Sponsors : Crédit Agricole, Conseil Général, Coopérative Dynal, Centres Leclerc, Mairie de Loudéac, Ouest-France (préciser les participations)

- 30 f de prix d'entrée (se renseigner sur le nombre d'entrées cette année, effet canaicule - en 1997 : 8000), et bénéfice des buvettes et des repas

- encarts publicitaires

- Calcul des recettes brutes, et nettes, une fois défalqués : indemnisation au km des acteurs avec chvx, repas aux bénévoles, soirée de novembre, achat des deux pouliches de la tombola, cassetes vidéo offertes aux sponsors.

- à prendre en considération dans le calcul économique (externalisation des coûts) : effet vitrine de la relance, émulation, rencontre d'acheteurs potentiels...

- calculs précis à faire (voir fiche détaillée)

 

12. PERSPECTIVES

Espoir d'une augmentation des entrées (vers 10 000?).

 

13. CONTACTS

Jean-Paul DUAULT, mairie de Loudéac 22606 Loudéac Cedex.

Le Bois Rôti 22600 Loudéac Tél. 02 96 28 35 71

 

14. FICHES À CONNECTER (POUR POURSUIVRE LA RECHERCHE)

- Relance de la SH

- Entreprise J.-J. Massé (agriculteur, éleveur de tradition, spécialiste utilisateur, dressage-vente)

- L'Avaloir (28), auberge rurale, chambres d'hôtes, école d'attelage en perspective

 

15. SYNTHESE ET PISTES DE RECHERCHE

- Relance touristique municipale, en étroite collaboration avec une institution ancienne réactivée, le Syndicat Hippique Rural

- Reprise en mains d'un principe de fête équestre ancien (origine et contexte à préciser), conçu par l'administration des Haras ancien

- Prégnance du modèle équestre militaire

- Réactivation d'une sociabilité chevaline (goût des jeux équestres, équitation populaire)

- Célébration annuelle, et reprise avec variantes mineures, de l'événement magnifique de 1954 : un carrousel de CT montés par des paysans

- Réaffirmation de valeurs partagées : une éthique du mode de vie dans ce coin de campagne (se faire plaisir , ensemble, en familleavec "le cheval (de trait), qui est comme notre dieu")

- Une mécanique sociale qui repose sur le ressort toujours fonctionnel de l'organisation hiérarchique en leaders-chefs d'équipe, ancrés régionalement: l'équipe est une institution sociale, et les figures de chefs d'équipes pourraient faire l'objet d'une analyse approfondie, avec les réseaux d'acteurs - locaux ou non - qui se trouvent mobilisés - cf J.-J. Macé).

- Nouveau? On donne cette manière de faire ensemble en spectacle élargi

- Suivre les liaisons fêtes à l'ancienne/concours d'utilisation (réseaux d'acteurs)

- Une communauté d'éleveurs de CT qui prend sa revanche : pas souvent représentés au "départemental" ou en "régional" (échelons de concours d'élevage qui rassemblent les meilleurs, par sélections successives), encore moins à Paris (représentation de la race et de la région au Concours agricole), ils se sont investis dans la fête locale, une variante originale de la relance.

- À suivre : relance de l'élevage, et relance de la commercialisation de chevaux d'attelage

 

16. DATE DE VALIDATION PAR LES ACTEURS: octobre 1999