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Rapport "Chevaux de trait : le retour ?"

IV. VILLES

2. Fiches de terrain

Fiche N°2 : Concours agricoles de la Saint-Lubin de Rambouillet (bovins et chevaux lourds)

 

1. REDACTEUR : Bernadette LIZET

Date de la rédaction : 6 octobre 1998

 

2. INTITULE : 5ème Concours agricole de la Saint-Lubin (bovins et chevaux lourds) de Rambouillet

Mots-clefs : Comices, patrimoine vivant, emblème, campagne et ville.

 

3. ORGANISME

Ville de Rambouillet.

 

4. SOURCES D'INFORMATION

- Terrain (le 3 octobre 1998), et entretien avec Gérard Larcher, sénateur-maire de Rambouillet

 

5. DATES, DUREE, PERIODICITE DE L'OPERATION

Depuis 1990, tous les deux ans

 

6. REPERES HISTORIQUES, GEOGRAPHIQUES ET SOCIAUX

Jusqu'à la fin du XIX° siècle, une foire traditionnelle, dite "de la Saint-Lubin", se tenait à l'automne à Rambouillet. S'y commercialisaient des milliers d'ovins (sous-produit de la céréaliculture intensive - pâturage de printemps et d'automne sur les chaumes), des centaines de chevaux de trait, et des bovins (de trait également, engraissés ensuite sur place dans les fermes). La dernière de ces foires, agrémentée de concours des bestiaux (vérifier) a eu lieu en 1900.

Pourquoi la Saint-Lubin et ses "concours agricoles" et quelle place particulière au CT dans le dispositif? Réponse du sénateur-maire Gérard Larcher (vétérinaire de formation, qui a monté un Plan de Développement Durable, "le premier en France en région périurbaine, de 26 à 50 km de Paris, 60 communes, 110 000 h, 30 000 ha agricoles, un grand massif forestier, 200 exploitations agricoles, et au moins 70 entreprises vivant du cheval" : " Les 3 allures ", mai 1998)." Il faut faire la fête dans les valeurs traditionnelles de Rambouillet, faire un message autour de l'agriculture qui génère le paysage, il faut préserver l'espace rural, d'où le PDD. Il faut montrer que le cheval de trait n'est pas mythique, d'ailleurs il travaille dans les rues de Rambouillet". Son rôle dans le PDD, sa présence aux concours de la Saint-Lubain ? : "c'est un révélateur de la préoccupation du territoire, de valeurs portées par le territoire, le CT porte plus de valeurs qu'une moissonneuse-batteuse".

Ces concours "agricoles" de la Saint-Lubain prennent place dans le FAIR (Festival Animalier International de Rambouillet, colloques scientifiques, expositions et animations culturelles), dont 1998 est la 4° version, en prolongement de la célébration du Bicentenaire de la Bergerie Nationale.Objectif du FAIR : "revaloriser l'image de l'animal de rente peu médiatisé par rapport à l'animal de compagnie, sauvage ou préhistorique".

Revaloriser l'image de l'animal "de rente", dans la tradition des concours (de bêtes à viande) : voilà pourquoi référence est faite aux chevaux "lourds", plutôt que "de trait".

La fête est costumée (et les habitants sont invités à le faire), selon une thématique qui change chaque année : en 1990, c'était "1900", 1992 : Napoléon 1er, 1994 : Henri IV ; 1998 : Napoléon III.

 

7. ACTEURS

- C'est une opération de la mairie de Rambouillet, portée par G. Larcher (auteur de deux rapports pour l'Assemblée Nationale, le premier portant sur "Patrimoine animal, patrimoine rural. Contribution à la vie du territoire", et le second sur "L'agriculture périurbaine"). La fête de Saint-Lubain, comme celle du Muguet, a été conçue par Marie-France Faure, Conseiller Régional d'Ile-de-France, Adjoint au Maire Délégué.

- Le concours de chevaux lourds implique :

o un public (nombreux, serré sur cinq rangs, toute la journée

o un jury (le directeur-adjoint du dépôt régional des Haras), la Directrice du Service Vétérinaire Départemental, un vétérinaire inspecteur retraité, au autre retraité qui fut membre du Conseil Municipal de Rambouillet, un jeune vétérinaire équin praticien)

o des éleveurs qui présentent leur cavalerie

- Les éleveurs appartiennent à plusieurs noyaux, et plusieurs cultures porfessionnelles :

o Un grand éleveur boulonnais, autour de la retraite (en berceau de race, agriculteur, éleveur de Flamandes) avec 10 juments et son jeune fils (mais aussi des voisins, un ancien éleveur)

o Un grand éleveur de Trait du Nord, retraité (en berceau de race, retraité, avec des amis qui présentent et sans lesquels aucune présentation n'est possible : "il y a dix juments, il faut dix personnes, on est tout une bande d'amateurs, on fait le travail et on s'amuse en le faisant")

o Un couple d'éleveurs de Comtois "de Bourgogne" (Sens) , la quarantaine, et plusieurs juments et une dizaine de juments aussi), qui présentent ensemble, avec leur fils (cavalier), et leur fille filme. Gros éleveurs de cochons.

o Deux utilisateurs de Comtois "de Bourgogne" également (ils ont acheté leurs juments chez le couple ci-dessus, résident dans la proche région). Une jument d'un côté (attelée/montée, mais une autre à la maison, la trentaine, il attèle en paire, concours départementaux/régionaux, passion d'enfance - rurale, présence de CT au travail; métier "technico-commercial"), deux juments de l'autre (une suitée/saillie, l'autre pas, l'homme, travaille dans une imprimerie, la femme, infirmière, la quarantaine, juments "attelées et montées")

o Un grand utilisateur de l'Eure (céréalier, pension de chevaux, dresse les chevaux et initie les meneurs, pionnier du trait-tract, plusieurs fois champion du Trophée National du CT au Salon du Cheval), sa sœur et leur nièce qui mène - en costume) : une jeune jument (3 ans), un hongre noir de 4 ans, un cob hongre (concours de circonstance)

o Deux utilisateurs voisins et leurs deux cobs : un prof de mécanique (jument), et un entrepreneur de constructions métalliques (un cob hongre noir; vice-champion - groom - avec ce cheval au championnat d'attelage de Conty, ici avec son palefrenier - qui s'occupe des 2 CT de la maison, et aussi des SF et poneys)

o Un débardeur et son amie, petit agriculteur dans l'Essonne, petite pension de chevaux, installation en débardage en 1982, aujourd'hui 90% de son activité (dont la forêt de Rambouillet en 96 et 97, bois de trituration/Belgique : deux Ardennais, un hongre et un entier, et 5 autres CT à la maison).

o En outre : "vitrine des races" du Haras des Bréviaires (un Percheron, un Breton, un Cob et un Mulassier des Haras).

 

8. DEFINITION DE L'ACTION

- Le concours est un "modèles et allures" classique, à ceci près qu'il repose sur l'application d'une "grille de pointage" qui n'est plus utilisée dans les Haras Nationaux. Il s'agit d'autre part d'un concours "inter-races", et aucun éleveur des races représentées (toutes) ne figure dans le jury, composé exclusivement de vétérinaires et du directeur-adjoint du Haras des Bréviaires. Pour les éleveurs "c'est une présentation", qui a le mérite de faire voir les chevaux, les races, et de "faire la fête avec une bande de copains". Très bien toilettés (nattés, sabots graissés, éleveurs en tenue traditionnelle, ou costumée - "biaude " ou tenue de bourgeois - les chevaux sont installés sur la place de la mairie, aux portes du parc du château, directement accessibles au public.

- Le concours dure toute la journée, selon les modes de présentation classiques (modèles et allures). Il a lieu (depuis 1990) derrière la mairie, sur un parking. Très médiatique, la remise des prix des CT clôture la journée, et a lieu comme celle des bovins sur le parvis de la mairie, le sénateur-maire au micro, faisant la présentation des races et commentant l'attribution des prix (4 premiers prix à 1000 f, 4 deuxième prix à 500 f, et un prix spécial du maire de 1000 f).

- La fête elle-même est par ailleurs une "animation commerciale" dans la rue principale, "du pont Hardy au Château", sablée et paillée pour la circonstance. Le matin, spectacle historique : "arrivée en gare de Rambouillet de l'empereur et de sa suite, mise en place du cortège municipal", puis "banquet impérial" (menu à 100 f), comices et expositions d'animaux (et animations "à l'ancienne", avec artistes de rue, artisanat d'époque etc.), et les concours d'animaux.

 

9. CAVALERIE

Voir en 7.

 

10. INSCRIPTION DANS DES RESEAUX

- Le concours CT de cette fête de la Saint-Lubain en constitue un (ce sont les mêmes éleveurs et utilisateurs qui sont invités d'une fête à l'autre)

- Suivre les concours d'utilisation, les concours d'attelage (régionaux, départementaux), les Trophées, fêtes...

 

11. ASPECTS ECONOMIQUES

Cinq logos apparaissent sur le luxueux dépliant qui invite à participer à cette fête gratuite : le FAIR, la Ville de Rambouillet, l'AFBN (Association Française de la Bergerie Nationale), le CEZ (Centre d'Enseignement de Zootechnie de Rambouillet) et le Département des Yvelines.

Coût de l'organisation du concours CT: les prix (7 000 f), les défraiements pur le transport des chevaux (200 f de forfait, et un remboursement au kilométrage).

Dans son ensemble, la fête est à inscrire aux activités et aux dépenses d'animation culturelle de Rambouillet, du CEZ et de FAIR.

 

12. PERSPECTIVES

Fête institutionnalisée (tous les deux ans).

 

13. CONTACTS

- Madame Marie-France FAURE

Mairie de Rambouillet, 78514, Rambouillet Cedex, 01 34 57 34 57.

 

14. FICHES À CONNECTER (POURPOURSUIVRE LA RECHERCHE)

- Le FAIR (Festival Animalier International de Rambouillet)

- Le Plan de Développement Durable

- Les chevaux de trait de la voirie de Rambouillet

- Formation à la traction chevaline du Centre d'Etudes Zootechnique de Rambouillet

- Le roulottage dans le parc de la Bergerie Nationale

- ACTIF (Association Chevaux de Trait en Ile-de-France)

 

15. SYNTHESES ET PISTES DE RECHERCHE

- La commune de Rambouillet est un haut-lieu de la fabrication d'animaux-patrimoine des espaces ruraux et périurbains (combinaison des actions conduites dans le cadre du CEZ, du FAIR, de la Mairie) et de la réinvention du CT multifonctionnel (fête, travail écologique, valeurs rurales, lin ville/campagne.

- Dans sa composition, le groupe d'éleveurs-utilisateurs du concours de chevaux lourds de la Saint-Lubin est révélateur des changements sociologiques intervenus dans ce milieu.

o Les éleveurs de "culture de berceaux" (Boulonnais, Trait du Nord) doivent désormais composer avec les nouveaux éleveurs (berceaux délocalisés : par exemple, les Comtois de Bourgogne).

o Autour de ces éleveurs de Comtois de Bourgogne, les réseaux de voisinage sont très forts, et diffusent les pratiques d'élevage et d'utilisation

o Le débardeur en forêts périurbaines (il y en a quatre en Ile-de-France) traduit une diversification possible de l'agriculture péri-urbaine, et un développement effectif d'une agro-sylviculture "environnementale".

 

16. DATE DE VALIDATION PAR LES ACTEURS