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Rapport "Chevaux de trait : le retour ?"

IV. VILLES

1. Introduction


La thématique "ville" : quelques précisions

Pourquoi avoir choisi une entrée urbaine dans l'analyse des nouvelles utilisations du cheval de trait ? En premier lieu, parce qu'une série d'actions de grande visibilité sociale s'y sont déroulées dans l'histoire récente de la réinvention du cheval de trait (années 1990), et parce que divers acteurs institutionnels (Haras nationaux, associations) ont manifestement fait de la ville le point d'orgue de leur politique. Quelques exemples, dans la chronologie :

- En 1990, le spectacle de lancement de la Journée nationale du cheval se déroule au jardin des Tuileries, à Paris

- En 1992, la Fête du cheval de Maisons-Laffitte s'organise autour du 3ème Championnat de France d'attelage ; un colloque organisé par le CEREOPA (Centre d'Etudes et de Recherche sur les Productions Animales, INRA/Haras nationaux) y traite du "cheval dans la ville", avec démonstrations pratiques dans les rues de Rambouillet.

- Toutes les Routes (épreuves d'endurance attelée et par équipes) ont la ville comme point d'arrivée ou de référence. Les Routes du poisson se terminent à Paris, et celle du Vin vise Lyon et les bords du Rhône ; la 2° Route du poisson, en 1993, se conclut par une épreuve de docilité intitulée "les embarras de Paris", et la Grande fête internationale de Levier (Route des vins et du comté, en septembre 1996) met en scène, dans le même type d'épreuve, "l'Urbaine", une benne hydraulique à roues sur pneus, expression du génie technique de l'association co-organisatrice, Hippotèse. Au Salon du cheval 1998, ce prototype, qui vise une clientèle essentiellement municipale, est le point d'attraction du stand d'Hippotèse.

Une des caractéristiques de l'entreprise générale de relance déployée dans les années 1990 était clairement de toucher un public (et des acheteurs citadins), sur leurs lieux de vie. Elle a eu pour effet de développer utilisations urbaines du cheval de trait. L'objectif est ici de comprendre la spécificité de ces actions techniques (l'attelage), de leur mise en spectacle et de leur place et fonction dans des dispositifs de politique de la ville.

 

Qu'est-ce que la ville, qu'est-ce que l'urbain?

Nous privilégions le sens le plus concret : l'espace, le territoire densément bâti, les lieux de concentration d'habitants. Mais des centres aux banlieues et aux parcs, il s'agit dans tous les cas de lieux publics. L'extension à une référence beaucoup plus large (et plus floue) de logique et de culture urbaines a été prudente : tout est urbain, si l'on considère le processus économique et culturel de la mondialisation. Nous n'avons retenu qu'un seul cas, bourguignon, qui offre une situation exemplaire de pôle urbain à la campagne : un poney-club géant spécialisé dans l'accueil de jeunes vacanciers citadins, et producteur d'une idéologie typiquement "animalitaire" (identification des statuts de l'enfant et du cheval (31) ).

 

Le choix des terrains et des fiches qui les synthétisent

Il répond à une recherche de cohérence par rapport à la démarche générale de l'équipe. La visée de cette recherche sur la ville était prioritairement généraliste, mais l'apport urbain devait également renforcer les acquis régionaux dans le but d'organiser une comparaison finale. Des terrains bretons sont par ailleurs venus enrichir ce tableau (en appui et contrepoint à une étude réalisée par une boursière de la Mission du Patrimoine ethnologique), ainsi que des exemples tirés de la Région parisienne. L'ensemble - quatorze fiches - couvre une bonne diversité : de la capitale à des villes moyennes (Rennes, Caen, Loudéac, Chalon-sur Saône); des villes et bourgades rurales (Rennes, Loudéac, Saint-Pierre-sur-Dives) ou post-industrielles (Autun, Chalon-sur Saône), à des haut-lieux touristiques (Versailles, Rambouillet, Quimper, Landevennec).

La perspective généraliste soulevait un double problème. Comment accéder à une information éparpillée et incertaine ? Comment accéder une certaine représentativité, dans une profusion d'expériences et d'expérimentations évoquées en termes vagues dans le milieu des amateurs et des professionnels du cheval de trait ? Deux stratégies ont été mises en œuvre :

- Un volet "villes" a systématiquement été ouvert lors de l'enquête de cadrage sur le contexte de la "relance" d'activités avec des chevaux de trait auprès des principaux acteurs institutionnels (Haras nationaux, Fédération nationale du cheval, associations en prise avec des enjeux nationaux).

- Une pré-enquête, sous la forme d'un bref questionnaire, a par ailleurs été lancée auprès des directeurs d'espaces verts d'un bon échantillon de villes françaises (de la capitale aux villes moyennes : environ 80 envois, 50% de retour). Ce travail a été conduit en collaboration avec Yves-Marie Allain (ancien directeur du Service des espaces verts d'Orléans, actuel directeur du Service des cultures du Muséum national d'histoire naturelle). Un complément a été apporté par le biais de la Gazette des communes, média professionnel des maires et personnels municipaux.

L'exploitation détaillée de ce riche capital d'informations sera assurée ultérieurement. L'analyse rapide du corpus a permis de repérer certains des terrains qui figurent dans la série de fiches ci-après (en Basse-Normandie : les Attelages du Londel sur la Colline aux oiseaux de Caen, et la jument municipale de Saint-Pierre-sur-Dives). En recoupant les informations et les points de vus apportés lors de l'enquête de cadrage, elle a surtout permis de mieux comprendre les enjeux de la traction animale urbaine, et d'identifier les principaux contextes d'un retour à l'usage du cheval en ville. En découle le canevas ci-après.

 

Un premier classement thématique

- Fêtes et spectacle du patrimoine local : Il était une fois Augustodunum (Autun), 5ème Concours agricoles de la Saint-Lubin de Rambouillet (bovins et chevaux lourds), 18ème Grande fête du cheval de Loudéac).

- Tourisme hippomobile et patrimoine : Les Calèches du château de Versailles, Promenade en char à bancs dans le vieux Quimper, Chalon Calèche (Chalon-sur-Saône), la Ferme de la Calèche et ses activités d'attelage en ville (Saint-Germain de Livet et Lisieux, Calvados).

- Animal, pédagogie et réinsertion sociale : Les Attelages du Londel sur la Colline aux Oiseaux (Caen), Débardage à cheval dans le Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

- Gestion durable, bois et forêts péri-urbaines : Débardage à cheval dans le Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), Débardage-bûcheronnage dans les bois littoraux de Landevennec (Finistère nord).

- Chevaux municipaux, villes vertes et patrimoine rural : Opération chevaux de trait dans le bois de Vincennes (Paris), La traction animale à Rennes, Service de propreté hippomobile de la ville de Saint-Pierre sur Dives.

- Chevaux de trait et culture cavalière urbaine (clubs hippiques) : Promenade hippomobile (transport écologique) dans le Parc Départemental de la Courneuve (Seine-Saint-Denis), Attelage et chevaux de trait à Poneys des Quatre Saisons Poneys des quatre saisons" (Yonne).

- Et un " transversal " : Création d'un Syndicat National des Cochers Professionnels (CNCP).

Notes

31 Jean-Pierre Digard, Les Français et leurs animaux, 1998.