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Rapport "Chevaux de trait : le retour ?"

III. APERÇUS REGIONAUX :
BOURGOGNE ET BASSE-NORMANDIE

a. Bourgogne

2. Fiches de terrain

Fiche N°12 : Haras national de Cluny

 

1. REDACTEUR : François PORTET

Date de la rédaction : 29 septembre 1999

 

2. INTITULE : Haras national de Cluny

Mots clefs : Concours départementaux et régionaux, éleveurs, préservation des races, production, Race auxoise, Race comtoise, Race Percheronne, stud book

 

3. ORGANISME

Haras national de Cluny

 

4. SOURCES D'INFORMATION

-Entretien avec le Directeur des Haras M.François Gorioux et M. Guy Genetet Technicien des Haras, mai 1999

Observation de concours d'élevage

et concours d'utilisation organisé à Bierre-les-Semur 15 et 16 Août 1998.

 

5. OBJET

Tel que défini par le haras : feme semencière, conservation et développement des races de chevaux de trait

6. REPERES HISTORIQUES, GEOGRAPHIQUES ET SOCIAUX

On ne refera pas ici l'histoire des haras très ancienne institution d'Etat fondée sous Colbert.

La circonscription des Haras de Cluny recouvre la Bourgogne administrative, et ils sont situés au Sud de la région et du département, mais comme on le verra de nombreuses stations de monte permettent à l'établissement d'être en contact avec une large partie de cette région qui se partage entre deux berceaux de race : Auxois et Nivernais-Percheron et une troisième race hors berceau , mais limitrophe : le Comtois . La carte actuelle des stations de monte des haras et des concours montre que le cheval de trait est encore ici étroitement lié à un réseau d'éleveurs qui sont aussi dans le Nivernais , l'Auxois et le charolais ainsi qu'en Bresse des éleveurs de bovins. Seule exception : le département de l'Yonne où les nouveaux utilisateurs de chevaux de trait ont en partie perdu leurs attaches avec les milieux traditionnels de l'élevage. L'action des haras se situe dans ce contexte où les éleveurs évoluent plus ou moins rapidement vers de nouvelles pratiques.

 

7. ACTEURS :

M. François GORIOUX Directeur des Haras
.M. Guy GENETET Technicien
Agents des Haras

 

8. DEFINITION DE L'ACTION

En matière de chevaux de trait la première vocation des haras , c'est d'assurer la reproduction en race pure (voir le point 9 : cavalerie).Sur ce plan les haras sont très présents sur le terrain, avec un effort particulier dans le berceau de race Auxois. Dans cette région et pour cette race, la question de la reproduction est l'objet d'une controverse aussi passionnée que récurrente, le haras observe une position tempérée. Le stud-book est dit " ouvert " c'est à dire que cette race parente des races ardennaises et trait du Nord s'est petit à petit sélectionnée dans l'indigénat. Le faible effectif fait courir des risques de consanguinité d'où la possibilité de recourir à des étalons Ardennais ou Trait du Nord." On a la chance que le stud-book Auxois soit un stud-book ouvert . Ce système nous permet de nous approvisionner en étalon trait ardennais ou Tait du Nord voire Trait Belge. Ce sont des cousins germains , nous allons acheter un Trait Ardennais de grand format avec l'avis de la commission du stud-book Auxois et lorsque celui-ci franchit les frontières de la Bourgogne, il devient trait Ardennais facteur d'Auxois "C'est une perspective médiane par rapport à certains éleveurs qui souhaitent des chevaux de grande taille et sélectionnent des étalons traits du Nord ou traits Belges pour parvenir à ce but. Les éleveurs qui résistent le plus à l'introduction des races du Nord sont aussi ceux qui ont aussi résisté voici quelques années à la fusion du stud-book Auxois dans le stud-book Ardennais comme cela s'est passé pour le Nivernais : " il y avait eu une tentative, il y a sept ou huit ans, de ne faire qu'un stud-book un peu comme le percheron n'a fait qu'un stud-book en absorbant le nivernais , le percheron noir du nivernais, il y a eu une tentative de ne faire qu'un seul stud-book du cheval de type ardennais rassemblant à la fois l'ardennais le trait du Nord et l'Auxois. Mon prédécesseur dont j'ai relu récemment des courriers y était assez favorable avec ses collègues des autres dépôts. Il y a eu une levée de boucliers des éleveurs disant : " ça nous intéresse pas on élève des Auxois parce qu'on est de l'auxois et nos chevaux ils sont de telle taille, ils sont de telle robe et il n'y a pas de raison qu'on soit noyé dans la masse " finalement son analyse a été de dire c'est leur culture, c'est leur histoire, il n'y a pas de raison de changer avec toutefois des difficultés de trouver une justification à cette production typée ".A côté de la " ferme semencière " évoquée plus haut , il faut aussi mentionner le rôle prépondérant pour la conservation des races des concours organisés par les haras avec l'aide des syndicats départementaux et de défense des races. C'est d'abord comme pour les stations de monte, un travail démultiplié à l'échelon local. Le technicien des haras est extrêmement présent dans l'organisation, évalue les types de chevaux en présence avec les jurys, et, surtout, rencontre les éleveurs. Le concours constitue pour de nombreux éleveurs une gratification, une reconnaissance de leur travail. Des concours d'élevage locaux (modèles et allures) sont organisés pour le cheval Auxois dans tout le bassin de production Côte d'or : Pouilly en Auxois, Allerey, Vitteaux, Liernais, Meursanges, Semur en Auxois, Saulieu et en Saône et Loire à Blanzy, Etang sur Arroux et Saint Emiland (mixte Auxois - Comtois) Le concours annuel Spécial Auxois est organisé à Semur en Auxois.En Saône et Loire d'autre concours locaux concernent les deux autres races à Savigny en Revermont, Cluny, La Clayette, Saint Germain du Bois, Lalheue et Saint Bonnet de Joux. Deux concours locaux sont implantés dans la Nièvre autour de la race percheronne à Decize et à Magny-Cours ainsi qu'un concours régional du percheron dans cette même commune. L'Yonne (voir fiche Syndicat d'élevage de l'Yonne) organise un seul concours à Saint Fargeau. Dans les concours d'élevage les critères de jugement des chevaux s'appuient sur une morphologie idéale définie par le standard et sur des critères fonctionnels (aplombs…) dans ces confrontations les utilisateurs qui sélectionnent des petits modèles ne sont pas favorisés. En revanche pour les petits éleveurs et les éleveurs les plus âgés, le concours local reste un moment essentiel dans la socialisation de la pratique. Ils viendraient à disparaître, il n'est pas certain que le petit élevage se poursuivrait longtemps.

Les concours d'utilisation (un concours institué dans chaque département et un concours régional d'utilisation organisé cette année à Decize rassemblant les meilleurs de chaque concours local ) ont été décrits dan un chapitre de l'ouvrage " Champs de blé , champs de course "de B. Lizet ( observation du concours d'utilisation organisé à Autun en octobre 1991) Elle notait alors que ce sont les " Attelages du Morvan " qui étaient, en étroite collaboration avec le directeur du Haras de Cluny, à l'origine de ces concours organisés pour la première fois en 1988. Elle avait aussi souligné le caractère novateur de ces épreuves et la volonté du directeur des Haras de " sortir de la routine des concours et races consacrées et du traditionnel face à face entre l'administration et les éleveurs. " Dans ces confrontations les " nouveaux praticiens du cheval de trait qui en tirent subsistance et statut professionnel " se montraient plus à l'aise que les éleveurs de berceaux de race.

Il est tentant de comparer ces notations avec nos propres observations au concours régional d'utilisation à Bierre les Semur sur la carrière du Centre de promotion à proximité de la ferme du hameau, d'abord pour remarquer que le mélange entre propriétaires d'attelages pour le l oisir utilisateurs et éleveurs existe toujours, mais que la position des dernières catégories s'est un peu déplacée. Les éleveurs ont en quelque sorte fait leur apprentissage d'utilisateurs et il nous est apparu significatif que le responsable des Attelages du Morvan n'amène plus de chevaux mais s'est transformé en commentateur officiel des épreuves pour le public…A travers la participation active des responsables des Haras aux concours d'utilisation, ceux-ci accompagnent ces évolutions. L'implication des haras dans la construction du Centre de promotion du cheval de trait Auxois est une autre façon d'accompagner l'évolution actuelle des éleveurs vers d'autres marchés que la viande. On pourrait aussi recenser des initiatives plus discrètes comme la mise à disposition d'étalons réformés à telle ou telle institution utilisatrice du cheval de trait.

 

9. CAVALERIE

La vocation première des haras c'est d'assurer la reproduction " en race pure " comme l'indique le Directeur : " notre vocation aux haras c'est d'être la ferme semencière, on a des reproducteurs pour faire des poulains. On peut nous reprocher de ne pas avoir fait trop d'efforts sur l'utilisation et la commercialisation " Pour ce qu'il définit aussi désormais comme un Service public, tant le service dépasse la notion de coût , les haras disposent de vingt étalons plus un ou deux en réserve. : neuf étalons de race Auxoise, six Comtois et cinq Percherons . " A 500 francs la saillie quand on va dans l'élevage en semence transportée ou quand on va dans les fermes c'est vraiment un tarif service public. On continue à avoir cette activité là parce qu'on rend ce service là . Ici on a tous les matins un agent qui récolte ses deux étalons avec ses collègues sur la station de Cluny il part avec son petit camion, son poney souffleur, ses doses dans son frigo et puis il va dans les fermes (…)il descend son poney et si la jument est en chaleur il l'insémine tout ça pour 500 francs ! "

Dans la zone Auxois, trois stations sont réparties recouvrant bien l'implantation relevée à partir des adhérents du syndicat : Semur : 2 Auxois qui font la monte en liberté, Saulieu :3 Auxois qui font la monte en camion, Meursanges ou il y a 1 Auxois et 1 comtois qui font de l'insémination transportée.

En Saône et Loire dans le prolongement du berceau Auxois dans l'Autunois la station de Blanzy dispose de 2 Auxois mais aussi 1 Comtois qui travaillent en insémination transportée.

Les éleveurs de l'Yonne disposent également d'un Auxois stationné à Saint Fargeau avec un Comtois et un Percheron qui font la monte en liberté. .

Les autres stations de Saône et Loire, au Sud du département sont :Cluny : avec 1 Percheron et 1 Comtois (insémination artificielle transportée) et La Clayette (extrème Sud du département ) 1 Comtois et 1 Percheron (insémination artificielle transportée)Le haras de Cluny est absents de l'Est de la Saône et Loire, en Bresse alors qu'il y a un important élevage de Comtois dans cette région .

Enfin les élevages percherons de la Nièvre sont visités par la station de Cercy la Tour avec 2 étalons percherons qui font la monte en camion.

Le système de reproduction contrôlé par les haras (1100 juments de trait saillies chaque année) aboutit selon les estimations Directeur à la production sur la région Bourgogne d'environ 600 poulains de trait " 600 animaux par an vous mettez une centaine de pouliches de côté pour le renouvellement du cheptel femelle, il vous reste 500 poulains , il faut écouler ces 500 poulains par an… je suis sur que sur les 500 il y en a au moins 400 qui vont à la boucherie, ce sont des chiffres estimés il vaut mieux qu'ils partent à la boucherie autrement les éleveurs les auraient sur les bras, et l'élevage de trait serait terminé. Peut être certains essaient- ils de les débourrer, de les orienter vers l'attelage voilà , on contribue au maintien de cette production avec ces difficultés d'écoulement "

 

10. INSCRIPTION DANS LES RESEAUX

 

11. ASPECTS ECONOMIQUES

Le Directeur régional M. Gorioux a souligné les services rendus, notamment en matière de reproduction , sans qu'il soit envisageable de demander une contrepartie à la hauteur de ce service. Il en est de même pour l'accompagnement des Haras à l'occasion des nombreux concours locaux.

 

12. PERSPECTIVES

L'histoire toute récente a montré l'engagement des haras dans de nouvelles perspectives d'utilisation du cheval de trait, il reste à voir comment cette institution qui a su, quand il le fallait, sortir de son rôle premier pourrait s'associer à des projets de nouvelles utilisations du cheval de trait. Les haras ont accompagné la mise en place des primes aux juments allaitantes qui ont permis de maintenir un cheptel sans forcément trouver d'autres débouchés que la viande. L'initiative " un cheval par centre équestre " a eu en Bourgogne un résultat modeste (13 chevaux ont été ainsi placés soit environ un cheval dans 10% des centres).

 

13. CONTACTS

Monsieur François GORIOUX Directeur du Haras national de Cluny

Monsieur Guy GENETET Technicien

 

14. FICHES CONNECTEES

Syndicat hippique percheron de la Nièvre
Syndicat d'élevage de chevaux de trait de l'Auxois
Syndicat d'élevage des chevaux de trait et de sport de l'Yonne

 

15. PISTES ET HYPOTHESES DE RECHERCHE.......

Aujourd'hui plusieurs perspectives paraissent se dessiner comme les projets autour de l'utilisation de l'Auxois d'une part et un ensemble d'initiatives diffuses aux marges de ce berceau. Enfin il faut mentionner la tentative du syndicat de l'Yonne de développer une pratique " amateur et loisir " du cheval lourd sans perpective de professionnalisation. Face à ces différentes pistes comment les Haras vont-ils articuler leur rôle actuel avec et des formes de soutien technique de telles opérations ?

 

16- DATE DE VALIDATION PAR LES ACTEURS : Octobre 99