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Rapport "Chevaux de trait : le retour ?"

II. LES ASSOCIATIONS ET LEURS MEDIAS

1. Introduction

Dans le but de contribuer à une vision d'ensemble de ce qui s'organise autour du cheval de trait et de préciser un panorama résultant de la collecte et de l'analyse d'une information éparse, une approche bibliographique des structures œuvrant en faveur du cheval de trait et des médias qu'elles diffusent a été réalisée. Conformément aux objectifs généraux du programme de recherche, il est également question de rendre compte de la diversité du réseau associatif sans jamais viser une présentation exhaustive des structures qui y participent. Les documents écrits émanant des associations - destinés à leur communication interne ou à leur communication externe - sont devenus objet d'une lecture ethnographique constituant un corpus dont l'analyse a notamment permis de proposer une typologie des associations (15).

Avant de présenter le système de fiches relatives aux associations et à leurs supports médiatiques, un point méthodologique s'impose. Plusieurs sources ont en effet contribué à identifier des associations impliquées dans la promotion du cheval de trait et de ses usages. L'analyse d'un fonds de documentation (16) collecté par Bernadette Lizet a permis de situer le contexte socio-économique dans lequel a évolué le cheval de trait dans les années 80 et 90 et a fourni les coordonnées de syndicats d'éleveurs et autres structures. Un certain nombre était facilement identifiable : les 23 circonscriptions des Haras Nationaux, les 9 syndicats ou associations en charge de Stud Book des races françaises reconnues de chevaux de trait ou encore quelques associations bien connues du milieu (17). Un ouvrage consacré au cheval de trait (18) a complété la liste des coordonnées déjà repérées. Le contact avec environ 150 interlocuteurs fut de nature épistolaire. Un courrier présentant sommairement le programme de recherche et ses objectifs sollicitait l'envoi d'informations sur l'association, d'exemplaires de médias qu'elle diffuse, ainsi que les coordonnées d'autres structures impliquées. Le taux de réponse de l'ordre de 25% renvoyait à une diversité de situations. De nombreuses associations ne diffusent aucun support médiatique. L'image qu'elles donnent d'elles-mêmes et celle du cheval de trait qu'elles souhaitent promouvoir transparaissent dans la revue de presse qu'elles conservent - somme d'articles que la presse locale a consacré aux activités qu'elles mettent en place ou aux animations auxquelles elles ont participé - ou encore dans les comptes rendus d'assemblées générales.

Pour caractériser les associations, tous les documents qu'elles ont bien voulu adresser ont été valorisés. Soulignons la multiplicité de leurs formes : photocopies d'articles de presse, plaquette de présentation, rapports moraux, financiers et d'activités présentés en assemblée générale, lettre ou bulletin d'information expédié aux adhérents, revue plus ou moins illustrée, ou encore page Minitel ou site Internet, sans oublier la cassette vidéo. Dans certaines fiches, les sources d'information font état d'une situation particulière (analyse du fichier des adhérents par exemple ou encore entretien téléphonique avec le président de l'association dans d'autres cas).

Face à la variété des supports et de leur degré d'élaboration, la question de la définition du média a été posée. Les médias étudiés dans le cadre de ce travail sont des supports écrits, diffusés sous forme de revue, de bulletin d'information ou bulletin de liaison, ou encore dans une lettre aux adhérents. D'autre part, seuls les médias exclusivement consacrés au cheval de trait et diffusés par une association étudiée ont été caractérisés. De plus, la transmission de l'information s'inscrit dans la durée grâce à une édition (plus ou moins) régulière. Quant à l'échantillonnage il n'a jamais été restrictif puisque pour un support donné, c'est la totalité des numéros qui été prise en compte. En effet, si la question d'un échantillonnage pertinent et représentatif s'était préalablement posée, elle fut résolue de fait puisque le volume de l'échantillon s'est toujours révélé limité (de l'unité à la vingtaine) dans la mesure où les médias sont le plus souvent récents.

C'est le système de fiches qui a été retenu pour proposer une mise en forme des caractéristiques des associations et de leurs médias en cohérence avec les autres volets du programme de recherche. La spécificité de ce terrain bibliographique a impliqué quelques modifications d'intitulés. Deux types de fiches (fiche association ou fiche média) figurent ci-après. Le modèle de la fiche association renvoie à celui de la fiche " acteur ". L'item 2- Intitule correspond toujours à l'intitulé de l'organisme ou association. L'item 3- est devenu Logo : décrire le logo dont s'est doté l'association traduit la construction de l'image et de l'usage privilégié du cheval que souhaite promouvoir la structure. L'item 8- précise les types d'activités et prestations proposées par l'association aux adhérents comme aux non-adhérents. Le contenu de l'ensemble de fiches transcrit ce que la structure donne à voir d'elle-même (c'est en particulier le cas, de la rubrique 5-Objet de la fiche association renseignée à partir d'extraits de ses statuts). Il illustre également l'élaboration de types de chevaux mis en scène, la construction d'images propres à promouvoir certains usages privilégiés.

Quant à la conception de la fiche média, elle s'est aussi appuyée sur le modèle adopté par l'équipe de chercheurs en intégrant plusieurs modifications d'intitulés. L'intitulé 5- caractérise la diffusion du média (sa fréquence, son format, sa forme générale). Suivent ensuite les titres des différentes rubriques répertoriées (6-), l'identification des auteurs des articles proposés (7-). L'item 8- Contenu du média synthétise la ligne éditoriale, les principaux thèmes développés et les positions affichées par les auteurs, ainsi que, quand elles existent, la nature des petites annonces.

La validation des fiches fut ici aussi de nature essentiellement épistolaire, et ne s'est traduite par aucune modification d'importance. Souvent sans surprise puisque, comme nous l'avons vu, le contenu des fiches s'élabore à partir de supports écrits émis par les associations, la validation a cependant permis aux acteurs de vérifier la perception des messages qu'ils souhaitent transmettre.

Un certain nombre de limites sont à souligner au plan méthodologique. Une première difficulté est de résister à la tentation de l'exhaustivité, parfois d'autant plus pressante que les attentes du milieu en matière de restitution sont vives et que l'élaboration d'une fiche peut participer à une forme de reconnaissance sociale pour une association et ses représentants. De plus, il convenait de calibrer l'exercice de " mise en fiche ". Aussi, la variété de forme des supports déjà évoquée et l'étendue du corpus qui se constituait au gré des réponses ont conduit à un recentrage sur les associations s'étant dotées d'un média régulièrement diffusé et consacré au cheval de trait. Dans ce cadre, des pistes initialement envisagées ont été abandonnées pour ce travail exploratoire. Il s'agit en particulier de l'approche bibliographique de la presse équine spécialisée ou de médias non exclusivement consacrés au cheval de trait (magazine des Haras Nationaux ou encore média de la FNC par exemple). D'autre part, les associations promotrices de compétition n'ont pas non plus été représentées à travers l'exemple d'une fiche dans la mesure où aucune association spécifique du cheval de trait ne s'est manifestée en fournissant ses supports médiatiques. Cette piste reste à explorer afin de préciser l'existant. Le terrain de la compétition sportive ouverte au cheval de trait comme au cheval de sang, s'il n'a pas été abordé ici, mériterait d'être exploré par l'ethnologue.

L'image du cheval de trait " compétiteur " est toutefois relayée par les médias de diverses associations (syndicats de race ou Traits de Génie par exemple y consacrent une part non négligeable).

Le choix des fiches retenues a été guidé par le souci d'illustrer la diversité du réseau associatif. Quatre types d'associations sont représentés dans le système de fiches présenté ci-après : les institutionnelles de la production, les néo-utilisatrices d'un cheval patrimoine, les utilisatrices d'un cheval de loisir et les promotrices de la traction animale moderne (19).

La première catégorie, celle que l'on peut qualifier des Institutionnelles de la production, renvoie aux syndicats de race, syndicats d'éleveurs hors berceau, coopératives de collecte et de commercialisation des produits, groupements de producteurs… Elle illustre le volet élevage du cheval de trait et son cadre traditionnel de production agricole sous la houlette des services et organismes qui l'encouragent (Haras Nationaux, Ministère de l'Agriculture). La Coopérative Pyrénéenne d'Equidés, le Syndicat des éleveurs du Cheval Breton, la Société Hippique Percheronne de France par exemple relèvent de ce type.

Les associations néo-utilisatrices d'un cheval patrimoine ont pour vocation d'œuvrer à la sauvegarde des chevaux de trait. Pour ce faire, elles vont en promouvoir de multiples usages. Parmi elles, Traits de Génie a fait de la communication un axe d'intervention prioritaire et affiche plusieurs médias (revue, lettre de liaison, page minitel, site Internet). Sa politique de communication et son impact médiatique contribuent à marquer de son empreinte d'autres associations qui évoluent dans son sillage ou parfois à en infléchir l'orientation (Cf. Traits Occitans).

L'Association Attelage Loisirs au Pays de D'Artagnan illustre le type de structure utilisatrice d'un cheval de loisir. Son fonctionnement est convivial et peu formalisé. Oeuvrant sur une aire géographique limitée, une petite équipe de bénévoles assure les activités et les prestations de l'association. La communication écrite est loin de figurer comme prioritaire et les échanges interpersonnels lui sont préférés. Par ailleurs, les contacts établis sur les bases qui ont été décrites n'ont pas permis de repérer l'existence d'un média consacré au cheval de trait de loisir et diffusé par une association qui aurait fait de la promotion de ce type d'animal sa vocation exclusive.

Quant aux associations consacrées à la promotion de la traction animale moderne, deux exemples en sont présentés. L'une s'intéresse exclusivement au cheval de trait alors que l'autre fédère utilisateurs (ou futurs utilisateurs) de chevaux, ânes, mulets, voire bovins. L'usage du cheval revêt ici une dimension particulière et renvoie à une éthique professionnelle comme l'illustrent les fiches consacrées aux associations PROMMATA et HIPPOTESE et leur média. Entretenant des liens étroits dans les milieux néoruraux, ces associations sont pionnières dans la réinvention du cheval au travail, au service du maintien d'une " petite " agriculture - française ou étrangère - dans un souci de préservation de l'environnement, de qualité des produits et d'animation du milieu rural.

 

Notes :

15 Communication proposée au 22ème colloque de l'Association des Ruralistes Français, " Pratiques associatives et ré appropriation du cheval de trait : du cheval lourd au trait multiusage ".

16 De sources diversifiées, ces documents émanent de syndicats d'éleveurs, d'associations d'utilisateurs de chevaux de trait, de La Fédération Nationale du Cheval, du Centre d'Etudes et de Recherche sur l'Economie et l'Organisation des Productions Animales (qui a animé un groupe de travail sur le thème traction animale, du milieu des années 80 au début des années 90)...

17 ARTAP, HIPPOTESE, PROMMATA2, Traits de Génie.

18 Mavré, M., 1993.

19 L'ordre proposé ici ne revêt aucune signification particulière. Précisons que les principales associations des deux premières catégories comptent des effectifs d'adhérents plus élevés et que la communication est un de leurs axes d'actions prioritaires. C'est ce que traduit notamment la diffusion d'un ou plusieurs supports médiatiques sous une forme attractive et destinés à un large public. A l'organisation plus institutionnalisée ou fédérale des deux premières catégories de structures s'oppose la convivialité et un mode de fonctionnement plus informel des dernières. Quand ils existent, les supports médiatiques de celles-ci sont beaucoup plus spécialisés et destinés à un public plus ciblé.